Chapitre 2

3 0 1
                                    


Je me rendis compte que je m'étais finalement assoupis en constatant que le soleil qui scintillait dans le ciel était devenue une vaste plaine d'étoiles brillantes, et la lune qui était là, elle aussi me regardait. Je me levais de mon lit pour descendre dans la salle à manger voir quelle heure il était, et voir si finalement mon père était rentré de son travail. L'escalier grimaçait, comme dérangé lui aussi d'un sommeil paisible. L'horloge indiquait un peu moins de deux heures du matin. Mon père n'était pas allongé dans son canapé, en train de faire circuler librement son flux sanguin chargé d'alcool. Je regardais dans la cuisine, il n'y était pas. Cela m'inquiétais car les derniers clients de l'auberge partaient aux alentours de vingt-trois heures maximum. Je décidais d'aller dehors dans le jardin, derrière la maison qui donnait sur un champ qui n'en terminait pas de s'étendre de ces hautes herbes, qui en dévoraient tous l'espace de terre qu'elles pouvaient. Un froid glacial venais me frapper au visage en traversant l'antre de la porte. Le vent n'était pas le même, l'odeur de musc de la journée s'en était allée, et il ne restait plus que la lumière noire, angoissante. Je faisais le tour par le mur qui longeait la cuisine, mes chaussures en toile commencèrent à prendre l'eau dès que j'y avais mis mes pieds dans l'herbe froide, humide et à la fois agréable, battant doucement des rythmes imposés par ce vent, tel un cœur en mouvement qui refusant de lâcher partir la vie. Je remarquais que je n'étais jamais venue de nuit ici, en tout cas à une heure aussi tardive. Le ciel était d'un noir magnifique avec toute ces étoiles qui brillaient, et la lune, parfaitement en croissant, m'indiquant le chemin à suivre, comme pour les navigateurs d'antants qui laissaient porter leur voiles par ces astres, toute en confiance dans un monde si impénétrable. Je cherchais mon père du regard en balayant la plaine d'herbes dansantes, il y était. Il était assis sur un tronc d'arbre couché et ancien, où j'avais l'habitude d'y jouer petit en m'imaginant être un aventurier essayant de traverser un précipice qui me faisait peur, et que je devais traverser le plus vite possible pour échapper aux multiples animaux que j'avais inventé. Cependant, ce soir, ce précipice était mon père, il pleurait, je crois, mais tout en silence, de peur de déranger son cœur qui lui aussi était endolorie. Je m'approchais, doucement, comme pour ne pas le brusquer. Il ne bronchait pas à mon approche, il restait là, continuant à déverser sa tristesse, oubliée depuis tant d'années. Je restais là, moi aussi, ne sachant que dire, que faire devant mon père que je n'avais jamais vu pleurer. Lui, le rustre, qui ne montrait absolument jamais ce qu'il ressentait, m'avais paru tant étrange et tant familier à la fois. Ca douleur ne me surprenais pas, je savais qu'on fond de moi qu'il n'était pas heureux et je le comprenais sans pour autant l'accepter. Je l'avais pris dans mes bras, j'avais pris mon père dans mes bras, mon papa dans mes petit bras finalement encore enfant face à tout ce spectacle tragique. Je sentais ces larmes qui coulaient le long de mon pull, comme pour s'en excuser. Cela était la première et dernière fois que j'avais pris mon père dans mes bras devenus incertain et impuissant. Nos rôles en étaient inversés, et cela m'avais paru étrange. Nous sommes restés ainsi tous les deux, encore pendant un moment sous ce ciel éclairant d'espoir comme chacun profitant de l'autre, de nos présences respectives.

Il se redressait de son dos courbé, me regardait de ses yeux brillants, et m'avais souri, enfin ce n'était pas le grand sourire où l'on distingue toute les dents et qui remonte à la moitié du visage, mais juste le sourire qui signifie merci. Il s'était raclé la gorge, avait pris une inspiration hésitante et avait commencé par s'excuser d'avoir pleuré devant moi. Je lui avais dit que je ne lui en voulais pas, que malgré nos plus grandes peines, nos plus grandes déceptions il était humain de les laisser d'exprimer, de les laisser se guérir, et de partir. Il me racontait le jour où il m'avait construit ma balançoire, à côté de l'arbre où nous étions assis. Il n'arrivait pas à la finir, car je courais tout autour de lui, surexcité, en riant. Ma mère était venue à son secours en m'arrachant du sol, et m'avait soulevé pour atterrir dans ces bras. Je ne m'en rappel plus trop de ce moment, j'avais, je crois d'après mon père, avoir l'âge de six ans. Une fois qu'il l'avait terminé, j'avais courus jusqu'à la balançoire, et m'étais assis sur le pneu qui tenait par deux cordes bien amarré à l'arbre, et il m'avait poussé, encore et encore, comme pour atteindre en le sommet. Ce même lieu où nous nous trouvions, avaient connu la joie, le bonheur et les rires et ce soir ils nous regardaient nous, la joie y avait fané, le bonheur quelque peu oublié mais les rires toujours bien présent, et le sentiment d'être ensemble, lui n'avait aucunement changé.

Living MemoryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant