Souffle d'Hiver - Tome 1 {Terminé}

Chapitre 10: L'Assassiné

Chapitre 10

(Elsie's POV)

Je me réveillai en sursaut, trempée d'une sueur froide et collante, mouillant mes draps. Ce rêve, atroce, me déchirant de l'intérieur. Si cela n'avait été que le fruit de mon imagination, je ne serais certes pas autant ébranlée. Si seulement... Sauf que ce n'était pas un simple cauchemar que l'on pouvait jeter aux oubliettes en se disant : ce n'est rien, calme-toi, ce n'est qu'un rêve, ton esprit te joue des tours... Non, c'est un souvenir, un souvenir insupportable que je traîne depuis maintenant trois ans. Trois ans de sueurs froides lorsque je m'endors, de peur de revivre ce cauchemar. Trois ans de regrets, de souffrances et de larmes. Trois ans de sinistres pensées, revenant sans cesse à ce pauvre garçon, assassiné. Avait-il une famille, des amis? Allait-il à l'école, se chamaillant avec les professeurs? Quel était son nom? De quel droit avais-je tué un enfant, un tout jeune enfant, seulement parce qu'il n'était pas de la même race que moi? Avais-je laissé des parents dans le deuil de leur tout jeune enfant? Je lâchai un sanglot douloureux et les larmes affluèrent.

-Je suis désolée...murmurai-je dans le vide. Je ne voulait pas, je suis désolée...

Tout mon corps se replia sous la douleur sourde qui semblait émaner de mon coeur. Je fermai les yeux, pourtant, son visage sans vie me revenait sans cesse sur l'écran de mes paupières closes. De quoi avait-il voulu me parler, cette nuit-là? Quelque chose de si important qu'il s'était fait tué par nul autre que moi-meme. Avait-il eut besoin de mon aide? Un nouveau sanglot déchira le silence, flotta dans les airs avant de disparaître.

-Calme-toi, c'est du passé, maintenant, du passé, me chuchota la voix du petit garcon.

C'est son souvenir qui me rassure lorsqu'il me hante. Mon esprit dérangé a voulu me créer une sorte de confident, et apparemment, il n'a rien trouvé de mieux que l'enfant que j'ai tué de mes propres mains.

-Alors pourquoi continue-tu à me hanter? Je suis désolée.. sanglotai-je.

-Ne t'en fais pas... Ma vie ne rimait à rien, je ne t'en veut pas, continua l'enfant-vampire.

La douleur commençait peu à peu à quitter mon corps, se concentrant dans ma tête. Des marteaux frappaient mon crâne au rythme de mon pouls.

-Il me faut des aspirines, murmurai-je pour moi-même.

-Va t'en chercher, tu te sentiras mieux après, chuchota le garcon.

Je me levai, toute étourdie et descendis sans bruits dans la cuisine, suivit par le petit vampire. Une aspirine et tout ira mieux... Oui, tout ira mieux. Je me dépêchai d'aller m'en chercher une. les mains tremblantes. Finalement, après avoir avalé les médicaments, je ne pus me résoudre à retourner dormir, le souvenir étant trop vif. Je regardai d'un air tendre Bonnie, encore assoupie malgré le vacarme que j'avais fait. Y a pas à dire, elle a le sommeil dur! Je montai dans ma chambre et m'assis devant la télé, regardant sans vraiment les voirs les publicités et les annonces qui passaient. Le garçon vampire s'assit tout près de moi, sans un bruit, se contentant de m'observer avec douceur.

-Pourquoi es-tu si gentil avec moi, je t'ai tué... lui murmurai-je.

-Tu sais très bien que je n'existe pas vraiment, je ne suis qu'un fruit de ton imagination... me répondit l'enfant.

-Je sais.

-Tu dois te reprendre en main, j'ai bien l'impression que tu te laisses un peu aller, ces temps-ci. Franchement, ce pauvre professeur de Français méritait-il vraiment ce que tu lui as dit? Tu devrais faire plus d'efforts pour réussir à l'école...

-Tu te prends pour qui ? Ma mère? lui chochutai-je hargneusement.

-Non, pour ta conscience...

-Laisse-moi tranquille, soupirai-je, lasse. J'ai envie d'être seule.