4. Retrouvailles

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Il avait mal à la tête. Son docteur lui avait posé un appareil circulaire de la taille d'une soucoupe sur le dos, et il analysait les résultats en émettant par moments des soupirs.

« Vous m'avez donné en 2055 le nom de Carmin, que j'emploie encore. Appelez-moi donc Carmin.

– En 2055, vous n'aviez pas de peau.

– Comme cela fait deux cent ans que je vous attends, j'en ai profité pour me mettre à jour. J'ai changé de corps deux fois. Comment trouvez-vous celui-ci ?

– Beaucoup trop réaliste. C'est perturbant.

– C'est comme ça qu'on fait les androïdes, de nos jours.

Arthur se releva lorsqu'il retira son appareil, et commença à s'étirer.

– Je vous ai récupéré dans le sous-sol de votre université, dit Carmin. J'ai un peu cherché. Vous auriez pu me dire plus précisément où et quand vous alliez apparaître. Il a fallu que je retrouve où était située la machine temporelle et subodorer que vous alliez être transféré dans le même périmètre.

– De toute façon, il y a des incertitudes.

– Certes.

– J'ai un nom dans la mémoire. Omni, ça vous dit quelque chose ?

– Vous avez oublié ? Les pertes de souvenirs sont courantes lors des voyages temporels. Elles l'étaient surtout au tout début. Ce sont des erreurs de transfert au niveau microscopique, elles affectent les connexions entre vos neurones. Vous devriez progressivement remettre de l'ordre dans votre tête.

« Omni a été créé en 2055. Il est devenu système de surveillance mondial à partir de 2090. Son but est multiple, en particulier, il veut empêcher de facto toutes les guerres à venir et plus généralement, tout type de violence entre les hommes.

– Bonne idée.

– L'existence d'Omni est plutôt secrète. Officiellement, les gouvernements continuent de mener leurs propres politiques, et Omni sert à repérer les crimes, traquer les ennemis mondiaux, et mettre un peu d'huile dans les relations internationales. En pratique, il les manipule, bien sûr.

Silence.

– Mais arrêtons de parler d'Omni. Parlons de l'an 125 410.

La transition était assez abrupte. Arthur alla remplir un verre d'eau au robinet de la salle de bains, le porta à ses lèvres et eut aussitôt un air dégoûté.

– Mais qu'est-ce que c'est que ça ? S'exclama-t-il.

– Ah, désolé, vous aurez toutes les peines du monde à vous procurer une eau qui ne soit pas aromatisée.

Le jeune homme examina son verre à la lumière d'un faisceau de fibres optiques qui sortaient en désordre d'une ouverture dans le plafond.

– C'est de l'eau rose.

– Goût fraise, c'est marqué dans les papiers de l'hôtel.

– Goût fraise ?

– C'est marqué, vous dis-je.

– Ils appellent ça de la fraise ?

– Pour ce qu'il reste comme fraises naturelles sur cette planète, je pense qu'ils peuvent mettre ce qu'ils veulent. Personne ne viendra se plaindre.

Peu importe, j'ai soif.

– Pourquoi souhaitez-vous vous rendre en 125 410, Arthur ?

– Hein ?

Rendez-vous à la fin des tempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant