1. Départ

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En voiture, Arthur.

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« Monsieur Vince ?

J'aurais dû prendre l'autre accès.

– Vous êtes bien monsieur Vince ?

Derrière l'éblouissant faisceau lumineux braqué sur Arthur, se devinait la silhouette d'un homme en uniforme de service. Il aurait pu aussi bien s'agir d'un banal policier que d'un membre de services gouvernementaux plus spéciaux. Ou de l'un déguisé en l'autre.

– De qui voulez-vous parler ? Lança Arthur.

La lumière vacilla et Arthur vit qu'il s'agissait bien de bleu, et pas de ce costume noir et de ces lunettes anonymes qu'il craignait par dessus-tout. Il avait toujours été un peu paranoïaque. Mais depuis quelques jours, il l'était avec raison.

Le policier avait collé un quadrant contre son oreille. C'était un modèle similaire à celui qu'Arthur avait acheté dans la journée – un petit objet qui s'ouvrait en quatre dans la paume de la main, et qui se combinait avec montre électronique, portable, écouteurs, tablette, remplissant tous les rôles à la fois.

– Vince est ici, dit-il, son regard toujours braqué sur Arthur. Oui. À l'université. Entendu. Je vous attends.

Arthur fit un pas mais la lumière crue de la lampe torche, qui découpait sa silhouette sur fond de buissons taillés en pointe et d'arbres du parc, trahissait le moindre de ses gestes.

– Ne bougez pas, monsieur Vince.

– Quels sont vos chefs d'accusation contre moi ?

– Hein ? Vous nous avez obligés à déployer une vingtaine de personnes cette nuit, et vous me dites que vous ne savez même pas ce qu'on a contre vous ? Vous vous moquez de moi ?

Arthur mit les mains sur les hanches, énervé.

Vous devriez savoir. La main gauche sur une lampe censée m'aveugler et la droite sur un pistolet à balles électriques, et vous n'êtes même pas capable de dire au citoyen que vous menacez de quoi il est accusé. C'est pathétique. Tu parles d'un agent de la fonction publique. D'un agent du maintien de l'ordre.

– La ferme, dit l'homme, soupçonnant qu'Arthur devait avoir quelque chose derrière la tête.

Il entendit un bruit qui semblait provenir d'un bâtiment aux lumières éteintes, situé au bout du chemin bitumé sur lequel ils s'étaient rencontrés. Un des laboratoires, entouré d'un parking nappé des auréoles blafarde de lampadaires.

Le policier recentra son regard vers Arthur en percevant le chuintement d'un objet dans une poche, et ses rétines rencontrèrent un faisceau laser qui l'aveugla complètement. Il hurla de douleur, mais se tourna aussitôt en entendant Arthur détaler, ayant sans doute une vague idée de la direction dans laquelle il partait.

– Ne bougez pas ! » Lança-t-il.

Arthur ne fut pas assez stupide pour lui répondre ou s'arrêter sur place. Le martèlement de ses pas sur le bitume, bientôt étouffé par la distance, ne serait pas suffisant pour se faire repérer. Il entendit quelques tirs dans le vide.

***

Courant à en perdre haleine, il poussa de son corps sur la porte du bâtiment et elle accepta de s'ouvrir de bonne grâce. Son cœur fut allégé lorsqu'il l'entendit se refermer avec un claquement sec derrière lui. La sécurité était de nouveau enclenchée.

Rendez-vous à la fin des tempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant