Devoir N*1: Gabriella Pia Peterson

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 Ma salle de classe est étrangement silencieuse aujourd'hui. La pression sûrement. Je pense que La sélection y est pour beaucoup. Quasiment toutes les jeunes filles de mon âge s'y sont inscrites. Certaines par choix, d'autres par intérêt, d'autres parce qu'on les a forcé et enfin, il y a celles qui sont certaines d'être déjà tombées amoureuses du prince.

J'ai du mal à comprendre. Comment peut on tomber amoureuse d'une image ? Personne ne connait réellement cet homme je veux dire. La télé ça fait beaucoup. On y montre seulement ce qu'on veux bien. Les failles du système, bien qu'il y en ait peu je l'admet, on ne les remarque jamais. Tout simplement car chaque sortie, reportage, article ou même photo, est choisit méticuleusement afin de montrer le meilleur de la famille royale. C'est pourquoi mon grand-père m'a toujours rappelé l'importance de ne croire que ce que je vois ou alors de vérifier mes sources. En bon journaliste qualifié qu'il était, il savait ce qu'il disait.

Mon crayon continue de glisser le long du papier en laissant une légère trace grisâtre derrière lui. Au fur et à mesure, des fleures se forment sur le grain léger de ma feuille. Le tic tac de l'horloge me donne la cadence à suivre et me berce. Mes pensées envers cette histoire de sélection ne me m'envahissent pas plus que ça, tout simplement car je ne m'y suis pas inscrite. Tout cela me passe un peu au dessus. L'amour ? J'y pense parfois c'est vrai. Mais pas comme ça. Participer à un concours pour être choisie par un prince : non merci, très peu pour moi. Il a l'air mignon je l'avoue mais ce n'est pas une raison pour ce jeter dans ses bras à la première occasion.
Le professeur d'art entre dans la salle et nous interpelle de sa voix joviale et chantante :

- Bon, il est 15h30 à ma montre, l'annonce des sélectionnées est à 16 heures, il est donc temps, exceptionnellement aujourd'hui, pour les demoiselles de quitter la salle..

A peine à t'il finit de parler que la moitié des filles du groupe se jettent sur la porte de sortie en faisant grincer leur chaises, me polluant le cerveau de leurs bruits infernaux au passage.

- En silence s'il vous plaît ! le prof essaye de se faire entendre comme il peut.

Après quelques minutes de brouhaha général due aux départs le silence retombe enfin à peu près et je me remet au travail. Alors que je continue de peaufiner les détails une voix me sort de ma bulle.

- Gabriella tu vas être en retard, me dit monsieur Carrera en me regardant bienveillant au dessus de ma table.

- Oh, ne vous inquiétez pas pour moi je ne suis pas inscrite, je répond poliment le sourire au lèvre.

Il lève un de ses sourcils, surpris. Comme si il se demandais si je blaguais. Il pose finalement son regard sur un petit carnet qu'il a dans ses mains tachées de peinture.

- A moins que tu te sois mariée ce week-end et donc que tu ais changé de nom par la même occasion, ce qui je pense est impossible, la liste est formelle Peterson. Tu es inscrite à la sélection.

Je tombe des nues.

- Quoi ? Mais c'est impossible je...

Les mots de mon frère me reviennent en tête : "Je te trouverais l'homme parfait un jour", m'avait il dit en me consolant lors de ma rupture avec mon premier amour.

- J'y crois pas le traître....je me murmure à moi même les yeux dans le vide.

Le professeur repart vers la porte et l'ouvre avec énergie en rigolant dans sa barbe.

- Allé oust ! Le devoir t'appelle !

Je range mes affaires dans mon sac à dos en toile et me dirige à mon tour vers la sortie, sans savoir encore que ma vie va prendre un tournant inattendu.

- Et bonne chance ! rajoute t'il avant de fermer derrière moi.

Je ne répond même pas. Je suis tellement énervée contre Lucky ! Mon jumeau ne paye rien pour attendre. A la sortie de l'école le bus est déjà la. Je cours pour l'atteindre et prie intérieurement pour que le trajet se fasse le plus rapidement possible. Une fois devant le chalet familial je m'empresse d'entrer à l'intérieur en jetant mes affaires par terre. Mon frère est déjà sur le canapé en cuir blanc entrain de regarder la télé alors que le générique de début de la cérémonie retentit.
Je me place à ses côtés en croisant les bras pensant bien lui faire entendre mon mécontentement.
Il s'approche doucement de moi sûrement pour me faire notre habituel câlin de retrouvailles mais je le repousse en le transperçant du regard.

- Qu'est ce que j'ai fait encore ? Demande t'il immédiatement de sa voix rauque.

- Ne fais pas semblant de ne pas savoir, je sais que tu m'as inscrite !

Il me regarde l'air déçu et légèrement irrité.

- J'aurais jamais fait ça ! Tu crois vraiment que je serais du genre à te pousser dans les bras d'un garçon ? Hors de question !

Il me coupe l'herbe sous les pieds. Il a entièrement raison... Je me suis emportée.

- Rrr excuse moi mais tout ça m'intrigue ! Qui as fais ça ?

- Je sais pas mais tais toi, ça commence.

Je soupire et porte attention à l'écran accroché au mur.

Le prince est très bien habillé mais il ne semble pas être à l'aise. Il commence à ouvrir les enveloppes et au fur et à mesure qu'il annonce les noms des sélectionnées ma gorge se sert. J'ai peur. Mon jumeau doit le ressentir car il passe un bras autour de mes épaules et m'embrasse tendrement sur le front, me surplombant de sa grande taille.

- T'inquiètes Gab, il y a peu de chance que ça tombe sur toi.

Je ne répond rien et attend que le programme continue :

"Mlle Maëlys Black, de Sumner, caste Trois."

Un silence court se fait.

"Mlle Adèle Angel Wilson, de Weverly, caste Deux."

Je commence légèrement à respirer. J'ai compté les noms depuis le début et il n'en reste que très peu. Deux je crois.

" Mlle Gabriella Pia Peterson, de Whites, caste Trois."

Je reste stoïque devant cette annonce. Mon soulagement n'était que de courte durée et la pression remonte aussi vite qu'elle était partie.

- Et merde...crache mon frère en portant une main à son front.

Le prince nomme la dernière sélectionnée et le présentateur demande un dernier mot au roi qui répond d'une voix claire :

" Mesdemoiselles, profitez de cette nuit, car demain votre vie va changer à tout jamais et restez fidèle à vos convictions !"

- Pff, se plaint Lucky en éteignant la télévision. Bon.. vient on va à la fête des lumière ça nous changera d'air...

- Écoute, je commence en me pinçant l'arrêté du nez, j'ai pas vraiment la tête à ça...

- Oh arrêtes un peu de te morfondre et profite de ta dernière soirée ! La décision est prise on a pas notre mot à dire alors autant ne pas pleurer sur ton sort ! hurle t'il dans ma direction. Qu'est ce que tu risques ? Rien !

Sont discours est plutôt efficace car quelques minutes plus tard, alors que la nuit est tombée, nous nous dirigeons dans la forêt d'à côté là où le chemin est éclairé de milliers de petits lampions colorés. La neige, quasiment présente toute l'année dans la région, crisse sous nos pieds jusqu'à ce que nous arrivions dans la clairière où la musique prend le dessus. Les minuscules chalets marchands sont déposés un peu partout et vendent des choses toutes plus différentes les unes des autres. Des marrons grillés, des chocolats chauds... Tout ce qu'il faut pour bien accueillir l'automne. L'ambiance est chaleureuse malgré la température pourtant presque douce d'aujourd'hui. J'essaye de me détendre et de penser à autres choses mais c'est sans compter sur les autres habitants de la ville qui me soutient tous étrangement. Ils ont dans leurs yeux cette lueur bienveillante qui fait du bien. Les enfants emmitouflés dans leur doudounes me pointent parfois dû doigts. Un vendeur de crêpes m'interpelle même.

- Mademoiselle Pia Peterson, je le trompe ? dit il en versant un louche de liquide sur une plaque chaude.

- C'est bien moi.

- Nous sommes fière que ça soit tombé sur vous. Restez vous même tout ce passera bien, me rassure le vieillard d'une voix fatiguée.

Quelques personnes s'arrêtent vers nous et entretiennent la discutions avec le monsieur en disant qu'ils sont plutôt content que la fille du maire n'ait pas été prise ou d'autres anecdotes du genre. Bizarrement cela me donne du baume au cœur et je ne peut m'empêcher de sourire face à leur réactions. Mon frère jumeau me suit en me tenant près de lui, comme si c'était la dernière fois que nous passions un moment ensemble. J'embrasse sur la joue une fillette qui est venue m'enlacer par surprise.

- Tu es la princesse ? demande t'elle avec sa petite frimousse.

- Non ma belle, mais je participe à la sélection, je lui répond en lui replaçant son bonnet.

Cette phrase sonne faux dans ma bouche. Je ne m'y fait pas vraiment encore.

- Tu l'aimes le prince ? continue t'elle.

Je rigole un instant et mon frère me donne un coup de coude. Il est sur-protecteur comme personne.

- Je ne le connais pas tu sais.

La petite me sourie encore et disparaît à toute vitesse vers une femme que je présume être sa mère.

En parlant de parents : je n'ai aucune nouvelle des miens. Peut être n'ont ils pas regardé la sélection. Lucky ne cesse de me répéter que c'est impossible que ce soit eux qui m'aient inscrit mais alors qui cela pourrait être ? Peut importe, c'est trop tard de toute façon. On ne discute pas les ordres du roi.
Tout ce que je sais, c'est que la nuit va être courte et que je ne suis pas au bout de mes surprises.  

- Ponctualité 5/5
- Qualité du texte (Fluidité...) 10/10
- Dialogue 5/5
- Crédibilité 5/5
- Les mots 5/5
- Orthographe 10/10
- Respect du contexte 5/5

Total 50/50

RPG: La SélectionOù les histoires vivent. Découvrez maintenant