World War Zombies

c i n q ✝

R O B B I E

L'Allemande aux cheveux d'or se redresse, alors que son regard de braise nous transperce un à un. Il ne fait aucun doute qu'elle est infirmière, au sang qui s'étale sur ses vêtements avec désinvolture, à ses yeux fatigués et imbibés d'horreur. Pour moi, elle ne représente rien d'autre qu'une catin, elle est de cette espèce ennemie que sont les Boches. Peut-être a-t-elle été assez fourbe pour apprendre notre langue, mais je ne me ferai sûrement pas duper. Je reste cependant surpris, parce qu'on raconte énormément de choses dans les tranchées, mais je n'avais jamais entendu dire que les femmes Allemandes soient aussi jolies. Bien au contraire, on les dit poilues et barbues, avec des mains rugueuses de paysanne et un caractère de cochon. Celle-ci semble cependant correspondre à cette description en ce qui concerne le caractère.

- Que se passe-t-il ici ?

Dès que la voix du Caporal Keaton se fait entendre, Jamie et les trois autres soldats qui nous accompagnent se figent et ils se redressent tous comme un seul homme, au garde-à-vous. Il n'y a que moins qui ne bronche pas. Cette fois, ce n'est pas par rébellion, mais simplement par orgueil. Je ne veux pas me plier devant elle. Elle doit me craindre, sinon, elle me tranchera la gorge dans mon sommeil. L'Allemande observe un petit moment le Caporal, qui est habillé d'une longue tunique propre, sans la moindre trace de sang ou de boue, le col ouvert sur sa cravate serrée, et il porte sa casquette d'un vert foncé enfoncée lourdement sur son crâne. Ils nous jettent un regard, avant que ses yeux ne dérivent vers l'Allemande. Il attrape alors sa casquette d'officier qu'il place contre son buste, dans un signe de politesse, il se penche légèrement en avant pour la saluer.

- Entschuldigen, j'espère que mes soldats ne vous ont pas importuné, Miss.... ? commence le Caporal, laissant sa voix en suspens.

- Rosenwald, répond simplement l'Allemande.

Elle est clairement sur la défensive. Peut-être se demande-t-elle ce que nous sommes venus faire ici. Elle n'a cependant pas crié à l'aide, alors qu'elle aurait pu, et même aurait dû, en temps normal. Le Caporal se tourne soudainement vers nous et nous dévisage d'un regard assassin. Il est très clairement en train de nous dire que notre comportement ne nous aidera pas pour la suite. Les soldats m'accompagnant rentrent leurs têtes dans leurs épaules, mais le regard du Caporal est vissé sur moi. Il a l'air de savoir très bien qui pourrait poser problème ici, et je n'ai pas la force d'essayer de le contredire.

- Que faîtes-vous ici, Soldats ? La trêve n'a pas encore été signée, il est interdit de quitter son poste.

- On... On a été en... envoyé par le Capitaine Jonhs, s... sir ! Po.. pour...

- Pour aller chercher un soldat français qui s'est retrouvé dans une infirmerie Allemande par inadvertance, sir, terminai-je rapidement, sachant que ça pourrait nous prendre des mois avec Jamie.

Le Caporal Keaton me jauge un moment avec de remettre sa casquette sur sa tête. Il s'approche alors de moi, jetant un regard furtif à l'Allemande.

- Pas besoin d'être cinq, vous y allez avec le soldat Russel. Pas de connerie, hein, Jordan, c'est bien compris ?

- Oui, sir, dis-je simplement en hochant la tête.

- Vous trois, avec moi, ordonne le Caporal aux trois autres hommes qui étaient avec nous. Mademoiselle Rosenwald... salue-t-il poliment d'un nouveau signe de tête.

La blonde hoche la tête à son tour, sans le quitter des yeux alors qu'il retourne vers les tranchées. De tous, pourquoi me laisse-t-il avec Jamie ? Et pourquoi moi, d'abord ? J'aurais préféré être renvoyé au camp. Mais me voilà à aller chercher un pauvre malheureux blessé, retrouvé du mauvais côté des tranchées, pendant la bataille de cette nuit. Enfin, je crois que cette nuit, il n'y avait pas de bon ou de mauvais côté. C'était la panique sous tous les fronts, ces hommes, ou plutôt ce qu'il en restait, ces démons, comme certains d'autres les appellent, ils sortaient de nulle part, et ils se relevaient sans cesse, malgré le nombre de balles que nous leur tirions dans le cœur.