s e p t ✝

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R O B B I E

Je sors du bureau du Capitaine Johns, un homme avec beaucoup de gentillesse, moi-même je suis capable de le reconnaître, mais je reste cependant particulièrement contrarié. Il est d'accord pour que le soldat Français reste chez les Fritz jusqu'à la fin de la trêve. Les papiers ont été officiellement signés il y a de ça moins de cinquante minutes, à quelques kilomètres à peine, dans une zone sécurisée, mais assez proche de la zone du drame pour que cela paraisse symbolique. C'est n'importe quoi, ils pouvaient même le signer dans un avion à des kilomètres au dessus de ma tête que ce fichu papier n'aurait pas une seule signification pour moi.

Je continue de dire qu'il faut les frapper pendant qu'ils se sentent vulnérables, et c'est peut-être la seule et unique chance que nous aurons. De plus, cela nous évitera sûrement des pertes inutiles. Mais tout le monde s'en tient à cette satané trêve, comme si le problème des morts qui se relèvent était plus important. Je ne suis pas particulièrement croyant, contrairement à presque tous les soldats que je côtoie, et donc, je pense que maintenant que nous les avons enterrés de nouveau, ils ne se soulèveront plus. Nous les avons vaincu, nous sommes plus forts que jamais alors ne nous laissons pas écraser par des mièvreries aussi futiles qu'une trêve. Ces démons qui marchaient comme des pantins, dirigés par une lois qui nous échappent ne reviendront plus maintenant, nous les avons éradiqué avec simplicité, nous devrions continuer dans notre élan et abattre ce qui reste de nos ennemis.

Il est dit dans les consignes de la trêve que chaque ancien ennemi est libre de marcher où bon lui semble, et qu'il est interdit de porter les armes pendant la durée de la trêve, mais croyez-moi, le premier boche que je prends à fouiner dans nos tranchées, je lui arracherai les yeux avec mes doigts s'il le faut. Sont-ils aussi idiots qu'ils ne le pensent ? A quoi bon les laisser venir ici si ce n'est pour qu'ils n'apprennent des choses sur nous et les utilisent contre nous une fois les combats repris. Le Capitaine Johns m'a dit qu'il espérait que cette trêve remette les idées en place à certains dirigeants, qui verront que dans l'harmonie dont peuvent faire preuve nos deux peuples, nous sommes tous identiques, liés par la vie sur Terre, et que la guerre n'est ni une réponse, ni une question. J'ai toujours détesté les idéalistes.

Alors, quand cet idiot de Jonathan commence à me sortir le même discours, allongé dans son lit, des étoiles plein les yeux, j'ai soudainement envie de l'étouffer avec son oreiller. Il a passé les derniers jours dans cette infirmerie immonde, mais pourtant, il garde le sourire. Je devrais sans aucun doute le féliciter pour ça, mais je ne le trouve que plus répugnant.

- Je ne t'ai jamais vu d'aussi mauvaise humeur, et pourtant, tu n'es pas quelqu'un qu'on qualifie d'agréable, même en temps normal.

Assis sur un tabouret, au chevet de son lit, je tourne les pages d'un journal français oublié par l'infirmière, mais qui, je ne crois pas, soit destiné à être lu. Je pense qu'ils s'en servent pour d'autres choses en temps normal, je ne veux d'ailleurs même pas en imaginer l'utilité. Mais comme il est propre, je me suis dit qu'essayer de m'intéresser à l'actualité en dehors des tranchées me ferait le plus grand bien. Malheureusement, je ne comprends pas un traite mot de Français, et je me contente de regarder les images. Je souffle en levant les yeux de mon journal.

- Ton sourire m'énerve.

- J'étais content de te voir, c'est tout, réplique Jonathan.

Il se redresse légèrement tout en plaçant un maigre oreiller dans son dos. Jonathan a été écarté des horreurs de la nuit dernière, mais je peux voir à son regard qu'il en a compris l'ampleur. Sûrement a-t-il également été témoin du résultat de cette bataille, étant donné l'afflux de blessés qu'a subi l'infirmerie. Je ne peux m'empêcher de constater les dégâts en ayant en écho l'état des infirmeries Allemandes. Je ne peux également que remarquer la délicatesse incontestable dont font preuve nos infirmières, ainsi que la blancheur non-négligée de leurs tabliers et de leurs robes. Les infirmières boches ne seront plus qu'à jamais des souillons à mes yeux, et bien que je n'en ai pas douté un seul instant, je me fais le serment de garder à l'esprit l'éclat de vie qui passe dans nos rangs, contrairement aux leurs.

World War ZombiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant