o n z e ✝

239 29 20
                                    

R O B B I E

Ma première pensée, après une injure pour ces satanés Boches, fût pour Jonathan. Avant de me rendre chez les Boches, je me suis rendu à son chevet, il était toujours à l'infirmerie. Que feront-ils de lui si ces salops de Fritz lui tombent dessus ? Avait-il ses armes avec lui, au moins ? Je traverse le no man's land en courant, les pieds dans la boue, parfois jusqu'aux genoux. Mais je ne m'arrête pas, mon cerveau a cessé de fonctionner. Je dois retrouver Jonathan, continuer la guerre sans lui me paraît soudainement insurmontable. Une adrénaline malsaine parcourt mes veines alors que nos tranchées se dessinent de plus en plus distinctement devant moi. Les coups de feu résonnent à mes oreilles comme un bruit de fond alors que de la fumée s'échappe presque de tous les coins. Je ne perçois pas encore la silhouette des hommes, amis ou ennemis, étant donné qu'elles sont enfoncées à trois mètres en dessous de sol.

Heureusement, je connais mes tranchées, je sais exactement où se trouvent les échelles pour descendre, les pièges des barbelés cachés par la boue. Je sais exactement où aller pour me retrouver le plus près de l'infirmerie. Mon arme est déjà sortie, et dire qu'elle a déjà servi une fois aujourd'hui. Elle est cependant prête à sévir une seconde fois. Mon casque bringuebale sur mon crâne, et m'obscurcit la vue, mais je ne m'en formalise pas, et je continue ma course. Je dérape plusieurs fois, prenant soin de me rattraper avec ma main gauche, celle libre, tandis que je fais en sorte de garder le pistolet propre. Ce n'est pas le moment de le faire tomber dans la boue, il ne me sera plus d'aucune utilité. Et comme je suis parti vers le camp ennemi sans d'armes trop importantes, je n'ai sur moi qu'une petite dague et ce pistolet.

Les mètres qui me séparent de la tranchée ne sont plus qu'une bouchée de pain, de la sueur dégouline de ma nuque et tâche ma chemise en flanelle, elle tombe également dans mes yeux. Je me frotte le front du dos de la main tandis que mes oreilles bourdonnent et perturbent mes pensées. Mon souffle est rauque tandis que j'aperçois enfin le haut de la tranchée. Tous les sons me frappent alors lourdement, c'est comme une explosion qui se cogne contre moi, me coupant le souffle. Les tirs fusent de partout, les hurlements de douleur, les plaintes de la mort. Pris dans mon élan, dans ma course, je n'arrive pas à m'arrêter et saute directement dans la tranchée. Mon épaule cogne contre les planches de bois qui font le mur d'en face, tandis que mes pieds se plantent dans le sol trois mètres plus bas. Le choc vibre dans tout mon être tandis que des points noirs obscurcissent ma vue.

Pendant quelques secondes, je ne sais plus où je suis, ni ce que je fais, puis le visage de Jonathan me revient, tandis que les hurlements de souffrance me sortent de mes pensées. Autour de moi, tout est flou, et un corps apparaît soudainement devant mes yeux. Je reconnais un uniforme verdâtre recouvert de boue, cependant, la forme de son casque, un mélange cubique et arrondi, ne me trompe pas, un soldat Allemand. Je cligne des yeux plusieurs fois, tentant de retrouver complètement mes esprits, et ma vue également, mais sans plus attendre, je lève mon arme et pointe le canon vers cet homme, visant son cœur. Le soldat, un filet de sang dégoulinant le long de sa tempe, a les yeux écarquillés. Il lève les bras en l'air, se sachant en joue, et je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi il ne réplique pas. Les secondes me paraissent une éternité, mais ce soldat vulnérable n'essaye même pas de se défendre.

Mon index glisse enfin jusqu'à la détente, elle est froide contre ma peau, et cela se fraye un chemin jusqu'à mon cœur, rajoutant une couche de glace sur le mur qui le recouvre. Parce que c'est ça, tuer, c'est bien rajouter une couche sur son cœur, ce qui empêche encore un peu plus les autres de l'atteindre. Je plisse les yeux, croyant pouvoir mieux voir, mon souffle se répercute à mes oreilles, je me sens comme dans une bulle.

Mais au moment où je vais appuyer sur la détente, une silhouette, noire comme la mort, surgit du haut de la tranchée. Elle se jette sur le soldat Allemand en face de moi, plantant ses ongles dans la chair de ses épaules. Je me redresse vivement, mon cerveau sort de sa torpeur tandis que les deux corps tombent sur le sol de bois, ceci créant un son sourd se mélangeant aux cris de stupeur et d'étranglement de la silhouette noire. Le corps de l'Allemand convulse, il se débat, tandis que la silhouette ne s'agite sur lui. Des bruits horribles parviennent jusqu'à moi, des os qui craquent, de la chair qui est déchirée, des cris étranglés. Je suis horrifié, je n'arrive pas à bouger, l'arme brandie devant moi, l'épaule collée contre la palissade.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Sep 01, 2016 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

World War ZombiesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant