Stratagème

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Affublée d'une coiffe de bonne et de ses cheveux libres pour montrer son rang, Cunégonde lui prit la main et l'emmena dans le dédale des couloirs du château.

Partout où elles passaient, des éclats de voix ou de rires leurs faisaient s'arrêter par crainte d'être découvertes. Clara commença à s'intéresser à son nouveau milieu : Pourquoi tant de personnes? Pourquoi s'habiller ainsi ?

Leurs talons claqués et leurs robes fremissées au contact du sol. Cunégonde poussa une lourde porte en bois où les boulons devaient peser 6 kilogrammes. Le silence se fit quand elles entrèrent dans la pièce. Toutes les filles présentes étaient habillées comme elles deux. Une grosse dame à l'air dur et malsain fixa Clara sans aucune gêne.

-" Mesdames, comme vous le savez toutes, Clara est Une Rebelle ( Beaucoup de murmures s'élèverent dans le silence abbayique et un cri perçant traversa la salle ) Notre doux et superbe Seigneur demande à ce qu'elle soit sa seule servante pour mieux l'étudier! Ainsi, il compte trouver son problème et nous en débarasser!

Pire que des hurlements virils,les dames vinrent la toucher et lui tirer les cheveux pour tester leur élasticité. Une petite fille lui tira le bas de sa robe en poussant des petits cris aigus.

-"Hé! Hé! La clochette du Seigneur vient de retentir,et puis,c'est bientôt l'heure de lui ramener son broc de vin."

On lui tendit un plateau où deux coupes et un pichet était posés dessus. Cunégonde hurla bien fort qu'elle l'accompagnait pour être sûre que "Je ne tenterai pas de corrompre le haut Seigneur.". Loin des regards,Cunégonde lui lâcha le bras et Clara dû la suivre en courant tant son amie marchait vite et que le château représentait un véritable labyrinthe.

Après avoir grimpé six escaliers et manqué de renverser le contenu du pichet, elles arrivèrent dans un long couloir où seule une porte trônait au milieu. Un calme plat régnait derrière cette porte. Cunégonde bomba la poitrine,passa une main dans ses courts cheveux et afficha un sourire ravageur en toquant à la porte. Un "Entrez!" lointain permit à celle-ci d'ouvrir la porte.

La pièce était immense, couvert de tapisserie,de miroirs qui prenait le mur entier,de peintures représentant divers animaux et scènes de la vie courante. Une flambée crépitait dans la cheminée en marbre à gauche où un lit à baldaquin pourpre se trouvait de l'autre côté. Un peu plus loin,caché en partie par un paravent orientale,quelques causeuses et une petite table basse. Un rire féminin atteint leurs oreilles.

-"Mademoiselle Béatrice doit être avec lui .. Murmura la rousse
- On fait comment alors ?! S'emporta légèrement Clara
-Ce plateau va-t-il arriver un jour ?"

L'air très digne,imitant les servantes dans les films,Clara s'avança vers la petite table. Asmodée était assis nonchalement sur un fauteuil orné de têtes de lions et la femme assise à son côté dans une causeuse,lui caressait la joue avec adoration. Son partenaire semblait las mais quand Clara apparut dans son champ de vision,il se redressa et toussota.
La demoiselle,une jeune fille aux cheveux exagérément rouges avec de grands yeux noirs,une bouche si mince qu'elle paraissait inexistante et une robe en soie blanche ornée de petits boutons d'or et d'argent avec les bijoux énormes qui ornaient ses poignets et oreilles puis le ras-de-cou en rigueur à cette époque. Un léger maquillage lui rendait un visage de poupée mais quelque chose poussa immédiatement à Clara à se méfier d'elle.

-"Voilà Monsieur. Dit doucement Clara
- C'est un Seigneur ! Un peu de respect ! Ce n'est pas un simple gentilhomme! Gronda Béatrice
- Désolée,je viens d'amener ce que vous aviez demandé,les deux verres et le broc."

Les deux la regardèrent avec étonnement et reportèrent leur attention sur le plateau.

-" Quelle étrange façon de parler .. Sers nous ! Petite sotte ! " Cracha la femme

Clara se pencha pour remplir les verres et surprit le regard d'Asmodée : Il n'était pas méprisant,ni curieux mais encourageant. Tellement Clara était absorbée par son regard, qu'elle fit tomber le plateau. Béatrice se confondit en lamentations et critiques tandis que Cunégonde sauva la mise en hurlant que quelqu'un voulait voir Asmodée. Celui-ci se retira suivit de Clara et quand la porte claqua,Cunégonde avait disparu.

Asmodée se retourna et plaça ses mains autour de la tête de Clara sur le mur : "On va devoir s'expliquer."

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