Intemporelle

La vie de château

La route était lisse et aucuns cailloux ne venaient heurter les roues du carrosse ou les sabots des chevaux,leur permettant une bonne condition de route. Le seul bémol était les deux hommes qui la fixaient et la jugeaient à voix haute sans cesse. Clara se contenta de leur adresser un soupir las, et les ignora.

En suivant le paysage,on pouvait apercevoir la nette différence qui composait le pays : les champs où hommes et femmes de tous âges grattaient la terre et l'approche de Versailles où les villages devenaient des villes puis enfin la banlieue Versaillaise. La jeune fille ouvrit de grands yeux en laissant son regard dériver sur les gens richement vêtus, les petites boutiques et les rues pavés. Le château Montgomery n'était pas campagnard et présentait bien mais c'est ici que Clara devint folle d'admiration en voyant le château au loin.

Le vrai ! Celui qu'on ne croit jamais qu'un roi habiterait ici  et qui fait rêver à la fois. N'importe quelle fille ou femme a rêvé de revêtir ces robes et de fouler le parquet d'une salle de bal. Oubliant son objectif premier, Clara se laissa doucement rêvasser à la vie à la Cour. Peut-être l'autoriserait-on à y siéger malgré son handicap?

Les chevaux martèlent une dernière fois le sol et le cocher descend pour abaisser le marche-pied. Les deux soldats descendent puis ordonnent sèchement à Clara de descendre. Celle-ci revint vite sur terre : elle n'était pas là pour entrer à la Cour mais qu'on l'étudie comme une bête curieuse. Elle descendit en tremblant un peu, ne sachant où elle avait atteri. Un des deux soldat la prit par le poignet pour l'emmener à l'intérieur du château. Ils ne passèrent pas par la grande porte, mais une petite porte de service cachée derrière une statue.

Un long couloir se profilait devant eux. On poussa l'adolescente jusqu'au bout du couloir où des cellules apparurent à sa vision.

Des cachots.

Certaines étaient utilisées par des hommes anorexiques, aux longues barbes et aux regards mornes. Clara ravala difficilement sa salive.

-" Ça fait combien de temps qu'ils sont là?
- Pas assez à mon goût. "

Cette phrase énigmatique ne la rassura pas, pis , elle l'effraya encore plus. Le geôlier s'approcha, un petit sourire dévoilant ses dents jaunes. Il ne sembla pas mauvais et Clara pensait se précipiter sur lui pour lui demander de l'aide mais il attrapa avec violence et surprise ses cheveux blonds pour la pousser dans une cellule vide. La Rebelle heurta violemment le sol où des petites étoiles apparurent.

-" Attendez ! Il doit y avoir une erreur ! Je n'ai rien commis de mal ! S'ecria-t'elle paniquée
- Tu as vu le jour et c'est beaucoup trop pour des Rebelles. " Souffla le geôlier

Reculant jusqu'au mur où de la mousse poussait et que des araignées occupaient, la blonde ne s'aperçut pas des gouttes d'eau qui tombaient du plafond et de la planche en bois en guise de matelas qui pourrissait sur le sol. L'homme qu'elle pensait amical donna deux bourses aux soldats en sifflant que Monseigneur de Bone viendra bientôt la voir.