Chapitre 18

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JACKSON

Une barre métallique semble me transpercer le crâne à chaque fois que j'ouvre les yeux mais le spectacle en vaut la chandelle: Anastasia, assise à mon flanc, me couve du regard pendant qu'elle applique soigneusement de l'eau sur mes rougeurs.

La lumière blanche m'agresse, me fait plisser les paupières et accroît ma migraine. Les contours au loin sont encore flous mais les silhouettes identifiables. Ainsi je distingue, non sans peine, le corps amaigri de Millan derrière celui d'Annie. Il semble hors de lui: il frappe à main nue le tronc d'un palmier et se couvre le visage de ses doigts endoloris et rouges de sang. Il n'essaie même pas de se calmer quand il s'approche de nous, le souffle pantelant.

Remarquant que je l'observe, il se baisse à côté de ma soigneuse pour lui masser les épaules, simulant soudainement de la compassion. Sans hésiter, il lui plante un baiser sur le front sans jamais me quitter du regard. Ses lèvres s'étirent en un sourire mesquin quand il s'aperçoit que son mauvais tour a fonctionné, que mes yeux lui lancent des éclairs. Avant qu'Anastasia ait pu lui dire quoi que ce soit, il déclare:

- Quel soulagement que Jacke soit de nouveau parmi nous! Anastasia, merci de t'occuper si bien de lui.

Avant de se relever, il l'entoure de ses épaules et la serre contre lui en vrillant son regard au mien d'un air supérieur. Anastasia reste coite, sans savoir quoi dire ni comment réagir.

Qu'est-ce que j'aimerais me relever, attraper la sale tête de ce type et l'écraser au sol pour effacer ce sourire hautain qui ne quitte plus sa face. Mais mon corps est paralysé et cloué parterre à cause de cette foutue allergie. Je ne suis plus maître de mes membres qui brûlent sans aucun répit, me torturant de l'intérieur. L'air s'engouffre difficilement dans mes poumons rendant ma respiration haletante et le fait de parler presque impossible. Je suis pris au piège dans une cage de chair douloureuse et mon esprit, lui seul, vagabonde.

Calme-toi...

Je ferme les yeux. Respire. J'écoute. J'écoute l'écosystème qui nous entoure. Les milliers de vies qui se déploient et s'équilibrent pour cohabiter en synergie. J'écoute le souffle de cette faune et flore, le souffle de notre mère la Terre.

Et puis je l'entends. Je m'en souviens. J'entends dans un profond et vague souvenir, comme depuis un rêve, la voix d'Annie qui me chuchote "Je t'aime".

Ce souffle résonne maintenant nombre de fois dans ma tête. Je me rappelle soudain: c'est lui qui m'a remonté de cet abîme noir dans lequel j'avais plongé.

C'est Annie qui m'a sauvé, elle m'a donné une raison de me battre et de vivre. De passer ma vie à la protéger et d'en prendre soin, car cet ange, où qu'il se trouve, méritera toujours qu'on le choie.

J'ai dû m'assoupir pendant mes rêveries car lorsque je rouvre les yeux, le ciel est noir et seule la lune nous éclaire. Je tente de tourner la tête en direction du feu de camp mais ce simple geste me coupe la respiration. Un élancement me scie la nuque en deux. Je souffle et grimace.

Quelle horreur! Je peux à peine bouger.

Mes lèvres s'écartent et j'utilise mon peu d'énergie pour appeler Annie, ou du moins essayer. Ce n'est qu'un son inaudible qui en sort. A peine un murmure. Je rage intérieurement de me trouver si faible et m'efforce, même si la douleur est là, de faire venir mon ange gardien. Ça y est!

Elle arrive, l'air fatigué et soucieux. Ses yeux plongent dans les mieux d'un air interrogateurs et sa moue est incertaine. Annie s'assied.

- Tu m'as appelé Jackson? Je ne suis pas sure mais j'ai cru entendre ta voix...

Si seulement elle pouvait voir comment elle est belle et désirable à cet instant précis. Quand elle se mordille là lèvre inférieure, comme pour avouer son inquiétude.

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 30, 2016 ⏰

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