Chapitre 12

3.5K 168 29
                                    

JACKSON

Après m'être complètement rincé à l'eau, je me dépêche de retrouver mon caleçon étalé sur le sable et de me le passer au tour de la taille. Pas que je suis pudique, rien de tel, mais le soleil entamant déjà sa course vers l'horizon, la température elle aussi descend en flèche.

Je repère Anastasia qui s'affaire à tresser des feuilles de palmiers, assise à califourchon sur le tronc que j'avais tout a l'heure emménagé. Honteux, je dois me mordre la joue à plusieurs reprises pour effacer l'image de mon corps prenant la place de ce bois étendu en dessous d'elle.

Tu dérailles mon pote... Les effets du manque commence a se voir.

Chassant d'un geste vif du menton mes phantasmes complètement inadéquats par rapport a la situation, je m'enfonce, sans me retourner, dans l'épaisseur des végétaux.

Mes pieds nus suivent d'eux-mêmes l'etroit sentier qui zigzague devant moi, sans hésiter. Sa surface est lisse et terreuse, inoffensive pour mes talons. Il semble être planté là par erreur, au milieu de toute cette faune et flore sauvage. On dirait qu'il a été emménagé là, comme une construction d'une civilisation ou d'êtres intelligents. Pour la première fois depuis que je suis arrivé sur cette île, je m'arrête brusquement et observe ce qui m'entoure:

Sans m'en rendre compte, j'ai marché plus que je ne le pensais. Je me retrouve maintenant complètement immergé dans cette nature vierge. Rare endroit que l'homme n'a pas encore réduit en cendres et poussière, en y laissant notre empreinte acre et laide, un monde de béton, de verre et de brouillard noir.

Étonné et depuis mon bon mètre quatre-vingt, je n'arrive même pas repérer entre les arbres une bande blanche de sable. L'air est humide et, tant les feuilles sont compactes et serrées entre elles, les rayons du soleil peinent à atteindre encore le parterre vert. Cependant, quelques points de toutes les couleurs bordent ce sentier. Des sortes de fleurs multicolores que je n'avais encore jamais vues. En effet, leurs pétales et leurs bourgeons sont tous complètement divergents et aucun ne se ressemble. Je m'accroupis quelques instants et décide d'en offrir deux ou trois à Anastasia. J'en ramasse pour former un petit bouquet et, comme la nuit menace déjà d'obscurcir toute l'île, me dirige rapidement à l'orée des bois.

En débouchant sur notre campement, je m'aperçois que le feu crépite encore et qu'une maigre branche de bois est placée en hauteur, juste en dessus. Anastasia, toujours assise au même endroit, m'interpelle en me hélant de sa main libre:

- Viens manger! J'ai trouvé quelque chose de comestible. Enfin... Je crois... Me dit-elle gentiment et en accompagnant sa dernière réplique par un petit rire nerveux.

Comme la faim ne cesse de me tirailler l'estomac depuis ce matin, je la rejoins. Je m'assieds sans un mot sur le tronc vers elle et l'observe tourner la branche pour que les aliments cuisent de l'autre côté. On dirait des sortes de racines verdâtres et brunes.

Pas très appétissant tout ça... J'ai soudain un peu moins faim..., je grimace intérieurement.

Mais je me retiens de tous commentaires. Si l'on eut survivre ici, il va falloir se contenter de ce qu'il y a. Et on peut être heureux qu'on trouve ici quelques aliments pour se nourrir. Le seul problème qu'il faut résoudre et vite, c'est l'eau potable. Autour de nous il n'y a que de l'eau abondemment salée et si on ne veut pas être intoxiqué, mieux vaut uniquement l'utiliser pour se laver.

La racine finalement grillée, Anastasia la partage en deux parts égales en m'en donne une. En accrochant son regard à ce moment là, je remarque que quelque chose ne va pas. Elle n'a pas l'air à l'aise. On dirait que quelque chose la tracasse.

L'île perdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant