Chapitre 11

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ANASTASIA

Cette fois j'ai bien cru que c'était mon heure. Je l'ai vraiment échappé belle. Quoi que ce soit comme animal; tigre, panthère ou chat sauvage, je ne veux plus jamais m'aventurer seule et dans le noir en terrain vague, dans cette sorte de jungle.

J'ai eu tellement peur de finir déchiqueter par ses affreux crocs acérés que j'ai perdu un peu de ma raison, me suis propulsée sur mes deux jambes et ai alors entamé une course folle jusqu'à la plage pour mettre le plus de distance entre ÇA et moi. Ensuite, en me retournant frénétiquement, chaque seconde, pour vérifier que mon prédateur ne me suivait pas, j'ai malencontreusement percuté Jackson si violemment que je suis restée stone quelques instants. Mais j'étais si heureuse de le voir là, près de moi, pour me protéger de tout danger, que je me suis vite reprise. Je ne pouvais pas me permettre de baisser ainsi la garde. Je devais absolument m'éloigner de la végétation le plus possible et Jackson venait avec moi, coûte que coûte. Il était si mignon, tout interloqué et retourné par la situation, que rien qu'en y pensant, je sens mes joues devenir brûlantes. Il avait l'air de plisser les yeux avec force pour m'identifier, même s'il faisait entièrement noir, a croire qu'il ne savait vraiment pas qui ou quoi se tenait en face de lui. Mais quand il a commencé à parler de sa voix puissante et rauque qui résonne, le seul moyen pour moi de l'en arrêter pour ainsi empêcher que nous soyons repérer a été de l'embrasser. Sérieusement, je ne mens pas, c'est la seule idée qui m'est passée par la tête à ce moment. Il se peut que si ce n'était pas durant la nuit, qu'il ne faisait pas noir complet, j'aurais tracé cette option en une fraction de seconde, trop lâche pour affronter son regard flamboyant une fois mes lèvres écartés des siennes.

Maintenant, c'est avec détermination que mes doigts sont étroitement enlacés aux siens et que je l'attire un peu plus dans l'eau, près de moi. Le cœur encore tout brinquebalant de ce qui s'est passé quelques minutes plus tôt et le sein littéralement en feux, je tente de calmer mes émotions et lui indique du menton de s'immerger jusqu'au niveau du visage. Il penche un peu la tête l'air hésitant puis voyant que je ne rigole pas, m'imite et garde sa main nouée à la mienne. Je ne saurais dire pourquoi, mais le simple contact de sa paume chaude contre ma peau suffit à apaiser ne serait-ce qu'un peu mon angoisse et mon pouls retrouve enfin un rythme a peu près acceptable.

Mais avec Jackson a moins de cinq centimètres de moi, c'est tout bonnement impossible de ne pas frôler la crise cardiaque...

Les sourcils froncés et les yeux plissés, je fixe le trou entre deux palmiers, celui par lequel j'ai surgie un peu plutôt en direction du rivage et tout en gardant ce point fixe, ma concentration s'effrite un peu plus a chaque seconde lors de laquelle je sens le regard de Jackson posé sur moi. Sans flancher malgré l'irrésistible envie grandissante de savoir pourquoi il m'observe de cette manière, je résiste à me retourner et dirige toutes mes réflexions à ce vilain matou pour ne pas penser a mon compagnon de baignade.

Pourvu que cette foutue bestiole se montre, qu'elle s'avance vers l'eau pour ne pas que Jackson pense que j'hallucine, que je suis complètement cinglée.

Comme si l'on avait entendu mon souhait, et pour me jouer un mauvais tour, l'animal n'est jamais sorti de son buisson, même après plus d'une heure passée dans l'eau tiède. Je regarde mes doigts tout fripés et ne peux retenir une pensée à ma grand-mère bien aimée disparue. Qu'est-ce qu'elle aurait fait a ma place dans toute cette histoire?

Jackson, lui, a perdu sa patience après moins d'un quart d'heure, essayant vainement de me soutirer des informations pour comprendre ce que l'on faisait là et, résigné à être expliqué plus tard, s'est amusé à patauger dans l'eau comme un gros bébé. Inconsciemment, résolue à déceler la moindre présence inhabituelle sur la plage, j'ai pourtant laissé quelques fois glisser mes yeux en direction de ce jeune homme qui s'est découvert être un véritable nageur professionnel. J'ai noté sur un postit mental qu'il faut absolument qu'il m'explique comment nous sommes arrivés ici et avec qui. Pour l'instant, je m'apprête a affronter le pire, me payer la honte et me faire passer pour une folle fraîchement sortie de l'asile! Je me retourne à contrecœur, les jambes tremblantes et annonce d'une voix que je veux assurée:

L'île perdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant