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Il était tard, et Dan était saoul, le monde avait cessé d'exister pendant un moment. Il se rappelait vaguement d'avoir envoyé un sms à Phil, mais il ne se souvenait pas pourquoi, et la seule chose sur laquelle il pouvait se concentrer était sur le corps en-dessous du sien, se tortillant de plaisir sur le lit de Dan.

Le garçon gémit alors que Dan mordait les zones sensibles de son cou, arrachant d'un coup sec leurs tee-shirts mutuels comme si c'était essentiel à sa survie. L'homme était attirant, c'était tout ce que Dan pouvait dire, avec ses yeux bleus et ses cheveux noirs ébouriffés sur l'oreiller, mais Dan n'était pas vraiment très absorbé par ce qu'il faisait, se serrant contre le garçon sur son matelas sans y faire très attention. Dan voulait plutôt se rouler en boule dans les couvertures. Mais il n'en fit rien.

A la place, il traça des baisers à bouche ouverte sur le torse de l'inconnu, ses doigts maladroitement sur sa ceinture, et-

"Dan ? Je suis venu pour- bordel de merde ?!"

Dan releva sa tête d'un coup au son de la voix comme si il avait été frappé par la foudre, clignant des yeux en confusion face aux yeux bleus et aux cheveux noirs qui étaient les mêmes que ceux de l'homme qui se tenait en dessous de lui. Attends. C'était Phil.

"Phil?" Il articula d'une voix éraillée, poussant l'inconnu loin de lui. Il ne se sentait pas très bien.

Phil jeta un regard noir à Dan, lui causant des douleurs à l'estomac. Mais peut-être que c'était la faute de l'alcool.

"Laisse tomber," lâcha Phil. "Je veux rien entendre."

La porte claqua et Dan finit par vomir sur le pantalon de l'inconnu.


***

Deux jours après l'incident. Quinzième jour.

Dan n'a pas eu de nouvelles de Phil depuis deux jours.

***


Dan a appelé Phil vingt fois, mais il n'a jamais répondu. Au 21ème appel, le téléphone le renvoya directement sur sa boîte vocale. Ça faisait quatre jours que Dan n'avait plus parlé à Phil et il ne pouvait plus se rappeler pourquoi il avait décidé de rester en vie en premier lieu.


***

"Dans notre bon Royaume-Uni de l'ancien temps, quand le bon Roi Henry le Second régnait sur nos terres, là-bas vivait dans une clairière de la Forêt de Sherwood, non loin de Nottingham Town, un fameux hors-la-loi du nom de Robin des Bois. Aucun autre archer n'a jamais vécu pouvant aller plus vite que-"

Dan arrêta brusquement de lire en poussant un cri vain, s'agrippant à son livre, ses phalanges blanches sous la pression. Il ne pouvait plus voir, il ne pouvait plus respirer, et il voyait tout en noir. Là où Robin des Bois lui faisait ressentir des choses, il ne sentait à présent qu'un trou noir.

Il laissa un dernier sanglot s'échapper de sa gorge et pressa son livre contre ses lèvres. Il ne ressentit pas la moindre émotion quand il mordit la couverture pour la déchiqueter entre ses dents. Alors, il prit le livre entre ses deux mains et le déchira en deux, regardant les pages alors qu'elles s'arrachaient, des centaines de mots qui ne voulaient plus rien dire à présent.

C'était satisfaisant, déchirer un livre jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien sauf quelques mots brisés, mais quand il regarda autour de lui, observant les morceaux de son ouvrage préféré, remarquant que ça ne racontait plus d'histoire, il laissa s'échapper un faible "Oh, mon Dieu" étranglé alors qu'il se rendit compte qu'il ne lui restait plus rien, plus de raison de rester vivant.

There is a Light That Never Goes Out (Français)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant