La gorge de Dan lui brûlait, et son estomac était en feu. Il y avait une drôle d'odeur dans ses narines, comme un mélange d'alcool et de plastique chaud. Est-ce qu'il était mort ?
Mais il sentit alors la texture rêche des couvertures sous son corps et une chaleur dans sa main (est-ce que quelqu'un était en train de la tenir ?), et il savait que son vœu n'avait pas été exaucé.
"Putain de merde," il chuchota, sa voix rauque à force de ne pas avoir parlé, des larmes commençant à menacer de couler derrière ses paupières. Il était tellement sûr d'en avoir enfin fini avec le monde, qu'il avait prit assez de médicaments et d'alcool pour être enterré six pieds sous terre à présent. Mais on dirait qu'il s'était foiré à nouveau.
La main sur la sienne bougea, faisant tellement tressauter le bras de Dan qu'il avait peur que son épaule n'aie été désarticulé.
"Dan ? Tu es réveillé ?" l'autre voix était lente, légèrement nordique, et on aurait dit qu'elle était au bord des larmes.
Phil ?
Dan réussit à tirer sa main plus loin malgré sa faiblesse, et ouvrit ses yeux pour le fusiller du regard. La colère lui tordait le ventre, une colère si criarde qu'il avait peur d'exploser. Il avait essayé de le contacter pendant des jours, et dès que Dan manquait de s'enlever la vie, alors là ça l'inquiétait ? Putain.
L'homme plus âgé avait l'air de ressentir un mélange de choc et de douleur, et Dan dut retenir un toussotement moqueur. Phil n'était pas celui qui avait été ignoré pendant cinq jours. Dan avait été trahi et Phil avait l'audace d'avoir l'air blessé ?
"Dan..." Phil commença à chuchoter.
"Qu'est ce que tu fous là ?" demanda Dan d'un ton sec, comme des ongles grattant un tableau noir. Il fit vraiment de son mieux pour avoir un regard le plus noir possible, mais c'était dur en voyant le bleu de ses yeux remplis de tellement de douleur.
"Tu m'as ignoré pendant quoi, cinq jours ? Tu ne m'a jamais rappelé et tu n'as répondu à aucun de mes sms même quandje te disais que j'allais mal ? Mais dès que tu entends que j'ai failli y passer, là tu cours à mon chevet. Quel genre de psychologue tu es ? Bordel, quel genre d'ami tu es ?"
Ce n'était pas dans ses intentions d'être si dur, mais les larmes coulant le long des joues de Phil le fit se sentir à la fois satisfait et coupable. Satisfait parce que Phil réalisait enfin combien il lui avait fait du mal. Coupable car Dan ne pouvait pas supporter la vision de Phil en train de pleurer.
Phil ouvrit la bouche pour parler, sa lèvre inférieure tremblant légèrement.
"Je n'ai jamais voulu te faire de mal, Dan," il chuchota, repliant son poing là où Dan l'avait repoussé. "C'est juste que- quand je t'ai vu avec ce gars, tous les deux, je me sentais comme si mon estomac avait été déchiré en deux. Je tremblais tellement j'avais du mal à seulement rentrer chez moi. C'était pas dans mes intentions de t'ignorer pendant si longtemps, je pouvais juste pas supporter de t'avoir vu avec ce gars."
Dan était complètement silencieux, fixant Phil avec des yeux comme des soucoupes. Si ce que Phil disait était vrai...
"On dirait que tu es jaloux que j'aie un autre gars dans mon lit."
Sur ces mots, le visage tout entier de Phil prit une couleur rouge tomate. Il ne répondit pas et Dan avait un petit sourire satisfait, s'asseyant droit sur le lit d'hôpital pour se rapprocher de lui, moqueur.
"Est-ce que tu m'aimes, Phil ?" il rit bêtement, incapable de cacher le sourire sur son visage alors qu'il obligea Phil à la regarder dans les yeux. Dan s'approcha, son cœur battant à toute allure dans sa poitrine, et il pouvait sentir la respiration de Phil s'accélérer à cause de leur proximité.
"Est-ce que tu veux m'embrasser, Phil ?"
Dan n'était pas ce genre de personne qui avait beaucoup d'estime de soi. Il ne faisait généralement pas d'initiatives à moins d'avoir une autre personne le poussant à le faire. Mais quand Dan chercha le visage de Phil, remarquant la façon dont il évita de croiser son regard et comment sa tête était littéralement une tomate, il déposa un baiser rapide, chaste sur ses lèvres.
Phil laissa s'échapper un petit bruit de surprise, avant qu'il ne se transforme en un soupir satisfait. Dan ne s'autorisa pas à s'attarder sur la perfection qu'étaient les lèvres de Phil et recula, retournant dans son lit en passant une main dans ses cheveux, essayant de dissimuler ses joues également rouges.
"Tu es un connard," râla Dan, "mais je suppose que je peux te pardonner si tu te finis par te racheter."
Les yeux bleus de Phil s'étaient éclairés considérablement, et il était plus heureux qu'il ne l'avait jamais été depuis le réveil de Dan.
"En fait, j'ai quelque chose pour toi. Enfin- je l'ai fait pour toi, mais c'est la même chose j'imagine." Il se pencha sur le côté de sa chaise, remontant maladroitement avec quelque chose qui faisait suspicieusement le bruit d'un sac plastique. Puis il posa quelque chose sur les genoux de Dan, quelque chose avec une couverture verte qui le fit pousser un cri de surprise, ses mains couvrant sa bouche.
"Je sais qu'il signifie beaucoup pour toi, et je ne voulais pas que tu aies à vivre sans quelque chose qui t'as tellement aidé, alors j'ai tout recollé."
Juste devant lui se trouvait la copie exacte de Robin des Bois qu'il avait déchiré avant son overdose. La couverture verte avait été parfaitement rafistolée avec du scotch transparent. En feuilletant le livre, Dan réalisa que Phil avait retrouvé chaque morceau de papier et réparé le livre pour que, même si il avait été clairement déchiré, il puisse être complètement lisible.
"Je signifie tellement que ça pour toi ?" chuchota Dan, passant ses doigts sur les pages comme si il caressait un petit oiseau.
"Bien sûr. Il y a un mot à la fin aussi."
Feuilletant jusqu'à la dernière page, Dan regarda les mots griffonnés avec des yeux humides, à peine capable d'imaginer que quelqu'un puisse faire une telle chose pour lui.
Dan,
Je n'ai rien de plus cher au monde que toi. Ton sourire est la seule chose dont j'ai eu besoin pour continuer à avancer ces dernières semaines et tu es devenu sans t'en apercevoir une part essentielle de ma vie quotidienne. Je suis tellement reconnaissant d'avoir eu le plaisir de rencontrer une personne si incroyable que toi. Cinq raisons de plus pour rabibocher les cinq jours où je n'étais pas là:
1. Les bains chauds
2. Les chatons
3. Les câlins
4. Les animes
5. Les beaux souriresAvec amour, Phil x
Dan se lança vers Phil, ignorant la perfusion sur son bras, et enfouit sa tête dans le creux du cou de Phil. Il y respira profondément, pressant une dizaine de baisers sur l'épaule de Phil.
"Merci, merci, merci."
Phil pressa son bras autour de la hanche de Dan, pressant ses propres lèvres sur sa joue.
"Et comme il n'y en avait que cinq dans le livre, ton dix-neuvième jour et évidemment Robin des Bois."
Dan ne pouvait pas s'empêcher de sangloter quand l'infirmière rentra dans le chambre, désorientée à la vision de deux adultes collés ensemble.
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There is a Light That Never Goes Out (Français)
FanfictionUne nuit, Dan Howell allait s'ôter la vie. Ce soir-là, il ne s'attendait pas à rencontrer un inconnu. Un étranger qui lui a proposé un marché. Si Dan lui donnait trente jours, Phil lui donnerait trente raisons de vivre...