« Angoisse : grande inquiétude, anxiété profonde née du sentiment d'une menace imminente mais vague. » -Larousse.
« La crise d'angoisse, ou crise de panique, est un épisode qui se manifeste par une peur intense de mourir ou de perdre tout contrôle. Elle survient de façon brutale et peut durer entre quelques minutes et quelques heures. Si tout le monde peut subir une crise d'angoisse, c'est lorsque qu'elle devient chronique que cela s'avère problématique. On estime qu'environ 10% de la population souffre d'une attaque de panique isolée chaque année, dont une majorité de femmes et de jeunes (15-45 ans). » -maxiscience.
Voilà, je vous ai donné deux définitions différentes et pourtant très similaires. L'angoisse et la crise d'angoisse. Sans doute connaissiez-vous déjà ces définitions avant ou du moins en avait déjà une vague idée, mais il est bien parfois de rappeler les définitions exacts. Cela évite les quiproquos. Pourtant aujourd'hui, je ne vais pas simplement vous donner deux définitions que j'ai prise sur le net. Non. Aujourd'hui, je vais vous parlez de mon angoisse. De comment je la vis. Comment je la ressens. Comment je la gère, ou pas. Avec ou sans quelque chose. Avec ou sans quelqu'un. Mon expérience dans le domaine ? Je pense que cinq années d'angoisse quotidienne sont suffisantes pour me permettre ce genre de chapitre.
L'angoisse. L'angoisse m'arrive souvent lorsque je suis sur le point de sortir et parfois, elle m'arrive, prend possession de mon corps, avec un simple regard vers la fenêtre me montrant alors un monde qui me terrifie. C'est pour ça que j'ai décidé de ne plus regarder l'extérieur quand j'étais chez moi. Sauf quand je m'en sens capable. J'ai fermé mes volets dans ma chambre, c'était plus simple. Pas besoin d'ouvrir sans cesse la fenêtre et être en contact direct avec mon angoisse.
Plus ma peur grandit, plus mon angoisse est là, accrochée enchaînée et elle n'attend que de croître. Elle n'attend que ça. Elle se nourrit d'une peur que je ne peux plus contrôler. Une peur que je me force à affronter trois fois par semaine et qui, augmente, augmente. J'ai bien des cachets pour diminuer mes angoisses, mais c'est comme si j'avalais des bonbons. Aucun réel effet. Ils me font sentir amorphe et j'angoisse encore plus. Comment pourrais-je me défendre si je suis à demi-endormis ?
L'adrénaline peut-être... Je n'en sais trop rien. Je crois que chez moi l'adrénaline me fait simplement éviter les choses. Mes volets sont toujours fermés. J'évite de regarder dehors lorsque je suis dans une pièce commune. Autant vivre dans un bunker ou bien un abri anti-atomique. Mais ce serait laissé mon angoisse gagner et donc, mon agoraphobie. Alors je me force à sortir. Et je me force à regarder l'extérieur lorsque je suis en voiture. Enfin, quand je vais à l'HDJ, je ferme les yeux et parfois, je dors, parfois je fais semblant.
On m'a donné des techniques au fil des années. Enfin une technique, toujours la même. Les exercices de respiration. Inspirer. Bloquer. Expirer jusqu'à la moindre goutte d'oxygène et recommencer. Au début, ça marchait.On m'a donné des techniques au fil des années. Enfin, disons que j'avais encore plus l'impression que cela faisait augmenter mon angoisse. Le manque d'air. Le sentiment d'étouffer. C'est quelque chose qui vous fait encore plus angoisse, qui nourris la peur et qui elle-même nourrit l'angoisse. L'angoisse de mourir. L'angoisse que personne nous vienne en aide.
Est-ce que quelqu'un peut nous aider ? Je pense que oui. Quand cette personne vous connaît. Quand elle sait quoi faire. Au début de mon suivi à l'HDJ, j'avais beaucoup de crises d'angoisse et l'infirmière me faisait parler pour me changer les idées. Elle me demandait ce qu'il s'était passé, pourquoi j'angoissais, qu'est-ce qui a fait que je n'ai pas su gérer l'angoisse. Et puis, on changeait de sujet du tout au tout. Sans aucun blanc. On parlait de musique, de ce que je voulais faire plus tard. De comment je me sentais, etc.
Bien sûr, dit comme ça, tout le monde peut le faire, mais quand la personne en face de vous ne sais pas, elle panique aussi et appelle le SAMU. (très mauvaise idée.) Le samu vous dit de venir, mais quand vous devez sortir de chez vous, c'est encore pire, mais vous le faite parce que soit vous mourrez par manque d'air, soit vous êtes pris en charge par quelqu'un qui peut normalement vous aider. Je dis bien normalement. Parce que clairement, quand j'ai dû aller au samu en pleine nuit parce que j'avais une très grosse crise d'angoisse et que la seule chose qu'il m'ont fait faire était de souffler dans une poche en plastique et donner un comprimé, j'aurais pu le faire chez moi. Je crois que le pire, c'est qu'à la fin, on vous fait payer 63 euros. Genre. Je ne savais pas qu'il fallait payer autant pour une infirmière qui n'avait vraisemblablement pas envie d'être de garde et un infirmier psy qui aurait mieux fait de changer de voix.
L'angoisse. C'est une sensation bien particulière. Personne n'a la même. Personne ne sait pourquoi elle vient d'un coup vous prendre. Mais elle est là. Elle se cache et vous ne pouviez que l'attendre. Du moins, c'est le choix que j'ai fait parce que moi, j'ai perdu la force de prendre mes jambes à mon cou et partir en courant pour lui échapper. Et maintenant, elle ne fait plus qu'un avec moi et mon agoraphobie. Et jamais, jamais elles me quitteront.

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Agoraphobia [Phase II]
Non-FictionCela fait dix années que je vis avec l'agoraphobie. Dix longues années qui, aujourd'hui, sont de plus en plus difficiles à gérer. Si j'écris ce journal aujourd'hui, c'est pour montrer aux quelques personnes qui me liront que ce n'est pas un caprice...