Chapitre 10 : "Je peux t'appeler hyung?"

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Le lendemain, Jungkook et Hoseok étaient prêt pour l'école. Taehyung, ayant fait sa tête de mule et décidé d'accompagner les deux écoliers, Suga et Rapmonster n'avait pas eu d'autres choix que de les accompagner aussi. Quand on est plusieurs, on est plus fort, c'était une règle universelle. Ils partirent ensemble et se séparèrent quelques rues avant l'école. Les deux lycéens arrivèrent ensemble ce qui était une première pour chacun d'eux qui, d'habitude, était toujours seul dans l'école. Ils n'étaient pas dans la même classe car Hoseok était un an plus vieux que Jungkook. Alors pendant que le premier allait en mathématique, le second devait avoir un cour de science. De son côté, le menteur allait dans n'importe quel cour avec joie car il était de nature extrêmement curieuse. Tout, absolument tout l'intéressait. Pour le petit bipolaire en revanche ce n'était pas la même histoire. Il n'aimait que les cours d'art car, premièrement, il était très doué dans ce domaine, et deuxièmement, au moins le professeur lui fichait la paix et ne le fuyait as du regard. Il fallait savoir que, du point de vue des autres enseignants, Jungkook était un enfant à problème. Des problèmes dans le genre que personne ne voulait avoir et que surtout personne ne voulait approcher de près ou de loin de peur d'être comme "contaminé". Deux d'entre eux, des professeurs récemment mutés, dans un premier temps, avaient essayé de l'aider en organisant des rencontres avec des psychologues ou même en faisant venir les services sociaux chez sa famille. Seulement cela n'avait fait qu'empirer les choses.  Le garçon n'avait jamais voulu de leur aide car il pensait ne pas la mériter. Puis, il en était venu à la conclusion que personne ne pourrait l'aider sauf lui-même. Il était condamné à être seul, pour toujours. Puis étrangement ils avaient arrêté du jour au lendemain de s'intéresser à lui. Quand ils le regardaient de la peur faisait vibrer leurs pupilles. Le soir même, Jungkook avait appris que ces professeurs avaient reçu des menaces de la part de ses deux parents. Depuis ils le traitaient comme si il avait la peste. Quant aux autres professeurs, qui eux connaissaient la famille de Jungkook, ils auraient préféré se couper un bras plutôt que d'avoir le garçon dans leur classe. Une fois, il les avait entendu tirer au sort ceux qui seraient ses professeurs. Quant aux élèves, il est inutile de dire que tous les adultes qu'ils rencontraient leur racontaient tout un tas de truc sur le jeune homme. Des choses pas toujours vraies ou mêmes justes mais pas toujours fausses ou injustes non plus. Enfin bref, la définition de commérage quoi. L'une des autres raisons pour lesquelles il appréciait les arts, était qu'il pouvait oublier toutes ces personnes et faire des choses qui le distrayait. Par exemple, quand il jouait de la musique ou qu'il peignait, il se sentait comme transporté dans un bulle douce et chaleureuse. Ces activités produisaient une lumière bienveillante dans son cœur noirci par la solitude et les problèmes.

A la sortie des cours de la matinée, Jungkook se dirigea vers la classe d'Hoseok. Sur le chemin, il se demanda si ce garçon, qui semblait l'apprécier (selon Taehyung) accepterait de manger avec lui. Cette idée avait traversée son esprit sans que le jeune homme ne puisse s'en empêcher. Et depuis elle avait germé grâce à un peu d'optimisme. Donc son cerveau avait décidé de diriger ses pas vers la personne concernée. Seulement le bipolaire commença à appréhender la réponse. Il partit même dans une psychose. Après tout, c'était inhabituel de chercher quelqu'un à qui proposer d'aller manger. Peut-être qu'en réalité Hoseok ne voulait pas être avec lui. Peut-être qu'il était gentil juste devant Rapmonster, Taehyung et Suga. Peut-être que sa présence l'irritait. Mais si c'était le cas, le moment qu'ils avaient passé l'autre jour en écoutant toutes ces musiques n'aurait pas été si...comment est-ce qu'on disait déjà? "Agréable". Oui, voilà, "agréable" semblait convenir à la situation. Le garçon était désormais en proie à un gros doute qui se mua en certitude. Ses pieds se stoppèrent net au milieu du couloir. Plusieurs personnes rentrèrent dans Jungkook. "Putain, tu gêne espèce de con!", l'insulta un étudiant qui failli tomber par sa faute. Ce gars a raison. Il gênait Hoseok. Il tourna les talons et s'enfuit à toute jambe. En prenant soin d'éviter les personnes, il se rua dans les couloirs, descendit les escaliers, traversa la cour et le parc de l'école. Le bâtiment était bordé par un semblant de forêt que Jungkook affronta pour se réfugier derrière, sur le terrain de basket abandonné. Personne n'y allait. Jamais. C'était toujours aussi vide que le monde où il voulait habiter. Cet endroit, c'était son temps de pause dans le film dramatique qu'était sa vie. Un autre moment de solitude. Mais cette fois-ci Jungkook le désirait. Le problème avec lui était qu'être seul semblait être le remède à tout. Alors qu'en vérité, si l'on voulait vraiment franchir les obstacles, il nous fallait juste une miette de réconfort ou d'encouragement venant de n'importe quoi ou de n'importe qui. Il nous fallait juste quelque chose d'extérieur que l'on ne pouvait pas provoquer soi-même. Mais ça Jungkook ne le savait pas malheureusement. Jamais il n'avait connu ses sentiments qui donnent la force de vivre. Jamais il n'avait connu de personne capable de lui apporter. Sinon il aurait eu d'autres personnes que ses parents dans sa vie.

Fatalité contre  destinéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant