A La Recherche De L'Ether : Héritage [Tome 1]

Chapitre II. Décision

Une fois dans son antichambre, la jeune fille vérifia que Kaitline n'était pas, comme à son habitude, dans le fauteuil à bascule près de la fenêtre. La banquette près de sa petite bibliothèque personnelle était aussi inoccupée. Elle était sans doute aller lui chercher de quoi dîner. C'était mieux ainsi, elle n'aurait pas à lui expliquer la raison pour laquelle son père voulait la voir.

Bien. Moins elle en saura, mieux ce sera.

Dans sa chambre, Annastasya se dirigea vers sa penderie pour y prendre quelques affaires. En dessous, là où était rangées ses chaussures, elle prit un sac à dos en daim - que lui avait offert Cyrus Sky, son meilleur ami - et y rangea un maigre bagage. La nourriture occupera la plus grande place. Il n'y avait pas de temps à perdre. Son père avait besoin d'elle et elle se mettrait en route dès l'aube. Elle devait passer par les cuisines pour prendre du pain, du fromage et...

- Qu'est-ce que tu fais ? Demanda une petite voix derrière elle.

Elle n'avait pas besoin de se retourner, elle savait qui c'était. Kelia, son familier, une de ces créatures magiques très rares qui possédaient des pouvoirs spéciaux. Le sien était une petite louve au pelage gris et blanc avec une pierre précieuse rouge incrustée dans le front. Bien sûr, elle était la seule à la voir.

- Je prends quelques affaires, mon père m'a confié une mission, répondit-elle.

À Kelia, elle pouvait tout dire. Elle étaient amies depuis... depuis toujours.

- Ton père ? Le roi Daween ? Je croyais qu'il ignorait ton existence jusqu'à maintenant. Et puis pourquoi te confit-il une mission ? Tu ne fais ni partie de son armée ni de sa Garde. Tu es une princesse, Anna. Une princesse héritière, qui plus est.

- Ce n'est pas le moment, Kelia. Mon père est malade et il a besoin de moi, expliqua Annastasya avec une grande patience, tout en farfouillant dans ses vêtements.

- Tu n'es pas médecin, tu ne peux rien pour lui. Qu'il meurt et...

- Kelia, c'est mon père ! s'écria-t-elle en faisant volte face.
( elle souffla pour se calmer.)
Je pourrai l'aider si je réussis à trouver l'Ether.

- L'Ether ? s'écria Kelia qui se redressa dans le lit d'Annastasya.

- Oui, confirma la jeune fille. Mon père m'a affirmé qu'il existe vraiment alors je vais le chercher.

- Comment le sait-il ?
(Kelia voleta vers son amie.)
Tu ne peux pas aller à la recherche d'un objet dont tu ignores tout. On ne prend pas ce genre de décision sur un coup de tête. Réfléchis bien, Anna.

- Tu ne comprends donc pas ? Je n'ai pas à y réfléchir, je dois le faire, dit-elle en s'asseyant sur son lit. Il est la seule personne qui me reste depuis qu'on a été abandonné par...

- ...Par ta mère. Tu sais, je pense que tu devrais essayer de la retrouver afin qu'elle t'explique sa version des faits. Elle a peut-être eu une bonne raison de te quitter.

- Tu crois qu'une mère peut avoir une raison valable pour abandonner son enfant ? fit la jeune fille d'un ton sec. J'ai seize ans et elle n'a jamais essayé de me revoir, ne serait-ce que pour savoir comment je vais. Je ne veux plus jamais avoir affaire à elle !

- Nous savons toutes les deux que tu tiens toujours à elle, déclara Kelia. La preuve, tu as toujours le collier qu'elle t'a offert toute petite.

Annastasya baissa les yeux sur son collier dont le pendentif disparaissait sous son corsage. Elle prit entre ses doigts le pendentif en forme de losange taillé dans une pierre précieuse aux couleurs turquoise. Elle le serra si fort entre ses doigts qu'elle en eu mal. Kelia se trompait : elle ne gardait pas ce collier parce qu'elle tenait à sa mère. Elle le gardait parce qu'elle voulait toujours se rappeler l'abandon de sa génitrice.

- Peu importe ce que tu penses, Kelia. Mon père a besoin de moi et je suis prête à tout pour l'aider, déclara-t-elle en se redressant brusquement. J'irai a la recherche de l'Ether !

- Mais Anna...

- Avec ou sans toi !

Kelia la regarda ranger quelques affaires dans un sac à dos, une lueur triste dans les yeux. Annastasya souffrait toujours de l'abandon de sa mère et son père, durant toutes ses années, était resté distant et froid avec elle. Toute petite, elle avait tenté de retrouver l'affection maternelle chez son père mais, celui-ci s'était éloigné d'elle. Dès lors, elle avait appris à maquiller ses sentiments derrière un masque. Ses yeux n'exprimaient plus la même joie de vivre qu'avant et il était rare qu'un sourire vienne éclairé son magnifique visage.

Kelia s'en voulait de ne pouvoir rien faire pour l'aider. Elle était sensée la protéger pourtant, elle ne réussissait même pas à la préserver d'elle-même. Le familier soupira. Elle aurait tant aimer pouvoir faire quelque chose.

- D'accord, je viens avec toi, céda-t-elle. Mais où penses-tu commencer tes recherches ?

- Je ne sais pas exactement, avoua Annastasya. Te souviens-tu des rumeurs qui circulaient à propos de l'Ether ? ( le familier hocha la tête.) Elle disaient qu'il y avait à Danysis, une ville de l'ouest, des personnes qui croyaient dur comme fer en l'existence de l'Ether. Nous irons donc à Danysis pour trouver des indices.

* *

*

Se levant de son lit, Daween Happen Sloe se chaussa de ses bottes en cuir noir puis se dirigea vers les lourdes teintures qui cachaient les fenêtres de ses appartements. Il souleva l'une des tentures puis jeta un coup d'œil a l'extérieur. Le soleil n'avait pas encore fait son apparition aussi, la cour du château était dépourvu d'homme, mis à part les quelques sentinelles qui faisaient le guet.

Son regard fut attiré par une ombre qui se dirigeait vers les grandes portes de la cour du château. Il plissa les yeux pour mieux la distinguer. C'était Annastasya. Elle partait déjà à la recherche de l'Ether. Un sourire sinistre se dessina sur les lèvres du roi.

Il enfila un long et lourd manteau aussi noir que ses cheveux puis s'engagea dans le corridor Est du château. Il traversa plusieurs couloirs sombres où étaient postées quelques gardes puis se stoppa devant une grande porte artistiquement sculptée. Il l'ouvrit puis pénétra dans l'immense bibliothèque qui lui faisait office de bureau.

D'immenses étagères s'étirant jusqu'au plafond arboraient des centaines de livres. Il tira un livre d'une étagère, faisant ainsi coulisser cette dernière. Dans le mur, un coffre dissimulait un livre à la couverture noire et or. Le roi le prit puis l'ouvrit. Contrairement à ce qu'on pouvait penser, ce n'était pas un livre ordinaire. L'intérieur était creux et dissimulait une page jaunie arrachée d'un livre et une pierre précieuse de la forme d'un losange. Il la prit puis l'examina d'un air satisfait.

Il avait le Rubis d'Ysis, un fragment de l'Ether. Bientôt, grâce à Annastasya, il aura tous les fragments. Il avait réussi à la convaincre plus facilement qu'il ne l'aurait crû et il était sûr qu'elle accomplirait sa mission. Cette petite était tellement naïve qu'il en ricanait intérieurement. Il savait qu'elle avait d'immenses pouvoirs, bien qu'elle s'évertuait à les dissimuler. Elle ne constituait pas une menace pour lui, bien sûr. Pour en être une, il faudrait d'abord qu'elle apprenne à contrôler ses maudits dons. Mais, même s'il la croyait capable de retrouver les fragments, il ne lui faisait pas confiance. Après tout, elle était la fille de sa mère !
Dès lors, il avait envoyé quelqu'un pour la suivre.

Salut! J'espère que vous avez adoré ce chapitre. Laissez-moi des commentaires, je veux savoir ce que vous en pensez. Bye