Chapitre 51

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Il m'a fallu dix minutes pour reprendre mes esprits toujours assise à côté du corps sans vie de Dan. Je me lève et observe un instant la bague posée sur la table de chevet. Je la prends pour la donner à Annabelle. Je fixe la porte. Je sais que derrière cette porte, se tiennent tout un tas de personne qui veulent savoir comment va Dan. Je ne peux pas les laisser dans l'ignorance plus longtemps. Je vois aussi sur cette même table de chevet trois lettres : une qui m'est adressé, une autre pour Annabelle et la dernière pour Léo. Je les prends toutes les deux et les tiens contre mon ventre. J'observe une dernière fois Dan, allongé sur ce lit dans cette chambre qui aura été sa dernière demeure. Aujourd'hui, il était temps qu'il parte ... C'est ce qu'il faut se dire ... Il a voulu être élégant jusqu'au bout alors je ferme, à l'aide de mon index et de mon pouce, ses paupières. De tout son long, il est allongé dans ses draps qu'il n'aura connu que pour une bien triste occasion. Je me dirige vers la porte mais avant de l'ouvrir, je scrute encore Dan. Ça sera la dernière fois que je le verrais dans un endroit commun.

Moi en murmurant : Adieu Dan ...

J'ouvre la porte et tous les regards se braquent sur moi. Annabelle se précipite vers moi inquiète.

Moi tout bas : Je suis désolée ...
Annabelle en hurlant : Non !!!

Elle me bouscule et je jette sur le corps de Dan. Elle le cramponne comme si elle tenait sa vie mais c'est trop tard.

Annabelle : Non !!!!!

Davon vient à côté de moi et m'enlace pour me consoler mais je ne fais que m'effondrer dans ses bras.
Quand tout le monde est reparti, je reste assise sur le banc à côté de la chambre de Dan. Léonardo arrive et s'assoit à côté de moi soucieux.

Léonardo : Un problème, votre altesse ?
Moi en fixant le sol : C'est fini, Léonardo ...
Léonardo ahuri : Quoi ? Non ...
Moi : Il est parti ...

J'enlace Léonardo qui est au bord des larmes. Il connaissait Dan depuis toujours, c'était un ami de la petite école. Il ne se retient pas de pleurer. Je lui frotte doucement le dos alors qu'il se redresse confus.

Leonardo : Pardonnez-moi ...
Moi : Ne vous inquiétez pas pour ça ... J'ai quelque chose pour vous ...

Je prends la lettre qui lui est adressé, que j'ai posé à côté de moi et lui tend.

Moi : J'ai trouvé ces lettres sur sa table de chevet. Je pense que c'est ce qu'il aurait voulu nous dire ... Léo, ça doit vous être adresser ...
Leonardo : Oui, il était le seul à m'appeler ainsi ... Merci beaucoup, princesse ...
Moi : Je vous accorde quelques jours de congés ... Vous en avez bien besoin.
Leonardo : Oh non ! Je ne veux pas de traitement de faveur.
Moi : Dan vient de disparaître, Leonardo, c'est normal que vous vous reposiez ... Loin du bruit incessant du palais qui vous rappellera certainement ... Cette horrible journée ...
Leonardo : Merci, votre altesse ...

Il s'incline et s'éloigne. Annabelle sort. Ses yeux fixent le vide. Elle s'assoit à ma droite, à la place que Leonardo vient de quitter et se tourne vers moi.

Annabelle sans réaliser : Je viens de perdre l'amour de ma vie ...
Moi : Je sais ...
Annabelle : J'ai besoin de toi, Céli ... J'ai vraiment, vraiment besoin de toi !
Moi en la serrant dans mes bras : Je suis là !

Nous restons un instant ainsi, sans bouger. Quand nous nous séparons, je me tourne vers la bague et la lettre que Dan a écrit à Annabelle.

Moi en lui montrant les objets : Il a laissé ça ...
Annabelle : Pour moi ?
Moi : Oui ...

Elle ouvre l'écrin et découvre la bague.

Annabelle : On dirait ...
Moi : Une bague de fiançailles ...
Annabelle : Mais ...
Moi : Il a voulu te la donner mais je ne sais pas pourquoi il ne te l'a pas offerte avant ... C'était sa dernière volonté ... que je te la donne ... Il m'a dit qu'elle n'était pas aussi belle que l'aurait voulu ...
Annabelle : Il est fou ! Elle est splendide !!!
Moi : C'est ce que je lui ai dit ...
Annabelle : Et la lettre ???
Moi : J'ai trouvé un petit tas de lettre sur sa table de chevet alors j'ai décidé de les prendre pour les donner au personne à qui elles sont adressées ...
Annabelle : Il y en avait une pour toi, je présume ...
Moi : Oui mais je n'ai pas encore lu. J'essaye de trouver le courage de l'ouvrir depuis tout à l'heure mais ce n'est pas encore le bon moment ...
Annabelle : Et les autres étaient pour qui ?
Moi : Léonardo et toi ...
Annabelle en se relevant : Je vais aller la lire dans ma chambre ...
Moi : T'es toute blanche ... Ça va ?
Annabelle : Je me suis juste relever trop vite, ça va passer.

Elle s'éloigne doucement en tenant près de son cœur la bague et la lettre. Je décide de faire comme elle et d'aller dans ma chambre. Je descends l'escaliers qui me conduit jusqu'au deuxième étage. Je me dirige vers ma chambre quand j'entends des pleurs. La sœur de Dan, une des cuisinières monte l'escalier et se dirige vers moi.

La sœur de Dan : Votre altesse ...
Moi en lui caressant le bras doucement : Ma pauvre ... Je suis vraiment désolée ...
Sa sœur : Ce n'est pas de votre faute, princesse. Il m'avait prévenu qu'il risquerait sa vie mais je ne croyais pas que ce serait vraiment le cas ... Puis-je le voir ?
Moi : Évidemment ! Il est la dernière chambre au bout du couloir à gauche en montant les escaliers ...
Sa sœur : Au troisième étage ? Mais c'est l'étage des invités d'honneur ...
Moi : Il est à sa place là-bas ...
Sa sœur : C'es trop d'honneur, votre altesse ...
Moi : Je considérais Dan comme mon frère ! Je ferais en sorte que cette chambre reste à tout jamais le souvenir qu'il a voulu laisser de lui ... Un homme fort et grand !
Sa sœur après s'être incliné : Merci infiniment, princesse ... Je vais aller le voir ...
Moi : Oui, bien sûr ! Allez-y.

Elle s'éloigne et monte l'escalier difficilement car ses larmes empourprent sa vue.

J'ouvre la porte de ma chambre et la lumière habituelle n'est pas là. On dirait que le temps a compati à notre souffrance ... Pourquoi est-ce que j'ai voulu aller là-bas ?! Pourquoi je ne suis pas rester ici tranquillement ??? Je fais tourner ses questions dans tous les sens mais aucune réponse ne me vient. M'asseyant sur mon lit, les mains tremblantes, je commence à ouvrir la lettre qu'il m'a laissée. Je tire de l'enveloppe écrue, une lettre écrit à la main sur un papier blanc sec. Je lis doucement tandis que de nombreuses larmes s'échappent de mes yeux gonflés.

"Ma chère princesse,
Je sais que quand vous lirez cette lettre, je ne serais plus là et cela m'attriste vraiment. Au moment où je vous l'ai écrit, je ne savais pas encore ce qu'il s'est passé là-bas, en France. Je suppose que je suis mort pour quelque chose de bien ... Du moins, je l'espère.
Votre amitié avec Annabelle m'a un peu dérangé au début, comme toutes les personnes qui étaient à votre service à l'époque. Une princesse, l'amie d'une servante ??? Est-ce possible ? Et bien oui et vous nous l'avez prouvé à plusieurs reprises ! Je voulais vous dire que j'ai été honoré d'avoir le privilège de faire parti de votre entourage au même titre - du moins, je le crois - qu'un prince ou qu'un roi. Vous êtes une personne exceptionnelle et je suis d'accord avec Léo pour vous dire que vous gouvernerez bientôt bien plus qu'un royaume ! Un empire peut-être ... Gardez à l'esprit pour moi que rien n'est impossible si on y croit. La preuve, je suis en couple avec une magnifique et élégante Comtesse. Mais je m'égare ! Je voudrais, si vous voulez bien m'accorder cette faveur, que vous preniez soin de ma sœur. Elle est fragile et ne connait pas encore la véritable cruauté du monde. Je l'ai connu bien trop tôt et j'espère sincèrement que vous ne la connaîtrez pas avant longtemps. Peut-être que vous ne la connaîtrez jamais ... On peut l'espérer même si c'est fou ... Après tout, l'espoir fait vivre.

J'aurais tellement de chose à vous dire que je ne m'arrêterais pas, malheureusement, il y a une fin à tout. La dernière chose que je vais vous dire est la plus importante ! Je voudrais que vous vous souveniez de cela en particulier ...

Je vous admire !"

Il n'y a pourtant pas de quoi ...

D'une vie normale à une vie royaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant