Les nuits s'étaient rafraîchies, surtout lorsque nous les passions dans la tente. Je tremblais au cours de celle-ci sans interruption, incapable de réguler ma température corporelle, malgré le corps brûlant contre le mien–il m'avait trouvée il y a plus d'un mois à présent. Nous progressions chaque jours ; rester au même point s'était avéré plus dangereux que je le pensais, mortel, même. La communauté n'était pas aussi affreuse que ce que j'avais imaginé.
En réalité, ce n'était pas une communauté. Il était presque aussi asocial et silencieux que moi, seulement à deux, notre survie était assuré. Enfin, je l'espérais.
Lors de notre seconde journée ensemble, je m'étais réveillée d'un sommeil léger, dans lequel en dépit de mes peurs j'étais tombée. La grotte était légèrement illuminée de la lumière matinale, l'odeur de putréfaction insupportable. Je me redressais, réajustant mon gilet et vérifiant que mon revolver était à mes côtés, ce qui était le cas. L'inconnu de la soirée dernière avait laissé ses affaires ici, mais il n'était nul part aux alentours. Peu importait, s'il voulait fuir, qu'il le fasse–je progresserais mieux seule.
J'avais tout juste commencé à ranger mes affaires dans mon sac à dos qu'il revint, une quantité de nourriture entre les mains, qu'il déposait près de moi, qui était accroupie au sol.
— On ne partira pas le ventre vide, a-t-il dit, avant de s'asseoir à son tour, dos à moi.
Ses cheveux étaient mi-longs, bouclant au niveau de ses oreilles et sombres, quasiment noir–je ne sus pas tout de suite si c'était dû à la luminosité ou s'ils étaient simplement aussi profonds en général. Contrastant avec ceux-ci, ses yeux étaient d'un vert forêt, sa mâchoire marquée, ses lèvres pleines. Son visage était sale, enduit d'une couche non négligeable de terre, ses lèvres sèches. Il était grand, musclé, avait tout d'un parfait survivant.
Je m'assis à ses côtés, évitait de le regarder et lâchais un pathétique « merci »–je ne voulais pas de lui ici, je ne voulais de personne à mes côtés. Je pouvais très bien survivre seule, me débrouiller et surmonter les épreuves.
— Je suis désolée si tu as mal compris, ai-je articulé fermement, mais il n'y a pas de nous. Je ne veux de personne à mes côtés.
Il ne répondit pas, continuait simplement de manger et ne me prêtait aucune attention. Très bien, alors. J'agrippais mes affaires, balançait mon sac sur mon dos, rangeait mon revoler.
— Sais-tu au moins ce que cette chose est ? A-t-il demandé.
Mon regard se dirigeait vers lui ; il me regardait, comme en colère, ses yeux verts dévorés d'une pupille sombre, sa mâchoire contractée. Je ne flanchais pas, restais stoïque, resserrais mon poing sur la bretelle de mon sac.
— Il était dans ma classe à la maternelle, il s'appelait Jamie.
— Non, ce n'était pas humain, ai-je répondu observant sans bruit la créature étalée au sol, plus loin.
— Ca ne l'était plus.
L'odeur de décomposition me heurtait plus qu'auparavant, me dégoûtant. Je lutais une fois de plus contre de profonds haut-le-coeur, puis me mit à regarder l'inconnu à nouveau. Il avait baissé les yeux et placé ses mains dans ses cheveux, qu'il repoussait en arrière.
— Ecoute, je ne t'oblige pas à me suivre ou quoi que ce soit, mais voilà seulement ce que l'épidémie à fait des personnes que nous croyions mortes. La plupart des survivants en ville ont étés éradiqués à présent, tués par ces choses. Je ne crois pas qu'elles aient de but précis, elles ne veulent pas nécessairement nous tuer nous, mais tous les êtres vivants. Ce sont un peu comme des bêtes sauvages, a-t-il déclaré, doucement. Alors, je crois que si on est deux des derniers représentants de notre espèce, on devrait se serrer les coudes... Se serrer les coudes et essayer de survivre ensemble.
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Zugzwang | H.S
FanfictionZugzwang - lorsque le meilleur mouvement, est de ne pas bouger. L'Humain avait infesté la planète terre plusieurs milliers d'années durant, lorsque, finalement, notre ôte décidait de se débarrasser de son virus.