Nevada, november 2nd, 03:05 pm

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Nous fouillions la cuisine, les placards, le moindre centimètre du bâtiment abandonné. Harry se trouvait au rez-de-chaussée, pendant que je fouillais l'étage. Nous avions laissé Alice près de lui, dans ce qui avait anciennement été la chambre de ses parents, où elle se reposait. Nous nous étions mis d'accord plus tôt et avions décidé de sonder la maison le temps de la journée, lorsque la visibilité était à son maximum–certes, les hybrides nous repéreraient plus facilement, mais nous serions avertis de leur position et de leur arrivée.

Je vidais les tiroirs sur le sol, puis recherchais les éléments qui pouvaient m'intéresser. Je m'abaissais au niveau des fournitures éparpillées sur le sol de la salle d'eau, dégageant médicaments, savons, dentifrice, brosses à dent neuves, et les glissaient dans mon sac à dos. Il était déjà quinze heures, mais je n'avais fouillé que trois des cinq pièces de cet étage, sans compter le grenier que nous avions encore à explorer. La fatigue m'envahissait lentement, malgré mes efforts et je craignais de m'endormir pendant mes recherches, ce qui me mettrais en position de vulnérabilité, en plus d'ajouter plus de travail à mon coéquipier.

— Riley ?

Mon regard se posait sur Harry, dans l'embrasure de la pièce. Il avançait jusqu'à moi et me remit sur pied, ses mains sous mes aisselles. Mes jambes ne me portaient quasiment plus, tant la fatigue était importante, remarquais-je avec surprise. Mes gestes étaient languissants, imprégnés de mon exténuation.

— Tu devrais aller dormir, a-t-il dit posément ; je remarquais les sombres cernes sous ses yeux. Je dormirais pendant la première partie du voyage.

— Non, je vais bien, ai-je murmuré. Tu ne peux pas nous défendre seul, ni fouiller la maison seul...

Il soupirait et, une main autour de ma taille, attrapait mon sac au sol, qu'il accrochait à mon dos. Nous sortîmes de la pièce, dans le large couloir désert, et il nous dirigeât jusqu'au rez-de-chaussée.

— On va aller voir les armes dont Alice parlait, mais je dois juste manger quelque chose avant, a-t-il signalé. Toi aussi, d'ailleurs.

— Hmm...

Dans la pièce à vivre, une quantité infime de nourriture comestible était assemblée sur une table à l'aspect abimé. Je m'accrochais à une chaise, remarquant que les odeurs de putréfactions nombreuses s'étaient amoindris. Je m'installais dans le siège de bois robuste, inconfortable en tout point.

— Tu t'es débarrassé du corps ? Ai-je demandé, alors qu'il prenait place en face de moi, sans un bruit.

— J'ai évacué le berceau, l'air devenait irrespirable, a-t-il dit en attrapant plusieurs paquets de chips, semblant intacts. Mange, nous devons reprendre des forces avant le trajet.


*


Les herbes étaient denses, m'arrivaient jusqu'à la taille et étaient certainement gorgées de choses dont je ne voulais pas avoir connaissance–l'inconnu m'effrayait terriblement, depuis l'épidémie. Harry et moi avions décidé de préparer le 4x4, une Jeep usée, qui servait autrefois au père d'Alice. Elle nous avait appris qu'il avait été garde forestier, et que c'était pour cette raison qu'elle, lui et son petit frère se trouvait si excentré de la ville. Sa mère avait succombé à un cancer, quelques mois avant l'épidémie–cette information m'avait profondément perturbée. J'avais quasiment oublié que les maladies humaines subsistaient encore, certainement, et que c'était un danger également.

Le petit frère de la jeune fille n'était par mort la dernière fois qu'elle avait quitté la maison ; nous supposions que le bébé avait été tué par son père, ou qu'il était mort de faim. Son cadavre avait été déposé plus loin, à la lisière de la forêt entourant la clairière, de manière à ce qu'Alice ne tombe pas dessus.

Zugzwang  |  H.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant