Zugzwang | H.S

Military base, Unknown place, 10th november, 06:00 am

Je n'avais pas vécu à proprement parler depuis tellement de temps, que toute cette société me parut plus qu'étrangère, au départ. J'avais perdu l'habitude des pratiques humaines : pouvoir se doucher quand je le voulais, manger sans chasser auparavant, sans se soucier du peu de ressources qu'il me restait. Cependant, malgré tous ces privilèges, j'aurais préféré demeurer dans la forêt, ne jamais tomber sur les traqueurs–malgré ces avantages, je me sentais incroyablement isolée.

Je savais qu'Harry saurait se débrouiller, il trouverait peut-être même un moyen de s'échapper d'ici plus efficace que le mien, plus rapide. Nous n'étions plus dans la nature et, donc, je n'avais plus à le protéger. L'élaboration de plan était son domaine. Alice, au contraire, me préoccupait et, à cause de cela, je la surveillais du mieux que je le pouvais. Je tentais de la rassurer un maximum, à distance, vérifiais qu'elle se nourrissait correctement, qu'elle ne se trouvait pas perdue dans la multitude. J'étais consciente qu'elle était la plus simple d'entre nous à amadouer, et c'est pour cela que je tentais de capter son regard le plus souvent possible, de manière à vérifier lucidité–elle était toujours parmi nous, mais j'étais certaine qu'il n'était que question de temps, et ce temps était certainement trop restreint.

Je fus exemptée de travail, la seconde journée. J'avais besoin de repos, d'après Edward, le meneur des infirmiers. Je resta dans la chambre toute la journée et pu en apprendre plus sur le système en place. Mon colocataire m'avait laissé des notes, à propos des horaires des repas, strictes, repas auxquels nous étions obligés de nous joindre, peu importe notre condition. J'appris également que mes tests, destinés à me faire joindre mon service, avaient déjà débutés. Je passerais dans chaque section une journée, puis les meneurs se concerteraient et décideraient de mon sort. Niall, qui avait accepté de veiller sur Alice comme il le pouvait, m'avait confirmé qu'elle se retrouverait très certainement dans son service. Si elle n'avait aucun talent inconnu, elle serait utile dans celui-ci–elle était petite, très fine et agile, parfaite pour le ménage dans un endroit aussi gigantesque. Niall prendrait soin d'elle.

Trois services étaient autorisés à travailler à l'extérieur : les traqueurs, les explorateurs et les cultivateurs. Ils pouvaient respirer, mais Niall affirmait que l'extérieur était effrayant et dangereux, une nouvelle preuve qu'ils avaient en effet conditionné toutes ces personnes–ils les avaient conditionnés et, pour ce faire, avaient usé de la peur.

Les explorateurs étaient régis par Liam, notre chef de section. Ils étaient la réelle élite, au sein de cette communauté. Tous plus intelligents que la moyenne, ils travaillaient en collaboration avec les infirmiers et les élaborateurs, à la recherche d'un remède contre les hybrides. Niall n'avait pas réellement réussit à m'expliquer en quoi consistait leur travail ; le jour de son test, auprès d'eux, il avait perdu connaissance à la vue du sang et, depuis, n'avait pas essayé de chercher plus loin. Ils semblaient très intéressants, presque autant que les traqueurs. D'après les descriptions de Niall, ils étaient également plus ou moins conscients.

Puis, il y avait les cultivateurs, qui, à la surface, plantaient et entretenaient les ressources nécessaires à notre survie. Ils avaient irrigué l'endroit à nouveau, après que l'approvisionnement en eau eu été coupée, au moment de l'épidémie. Ils avaient cultivé de grandes surfaces de terres, planté céréales, plantes comestibles, mais également plantes nécessaire aux infirmiers. Les élaboteurs, enfin, étaient régis par Rhea, une femme à laquelle je n'avais pas fait attention auparavant. Leur travail était intimement lié à celui des explorateurs. Ils étaient destinés à discuter des décisions prises par les explorateurs, à débattre de leurs théories logiquement, de manière à trouver une solution. Niall m'avait précisé qu'ils n'étaient que quatre, que ce service était très sectaire, et qu'il était celui auquel Louis s'intéressait le plus–il se trouvait à leurs côtés la plupart du temps, débattait avec eux.