Unknown place, november 5th, 08:34 am

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Je tentais de détacher mes menottes, le plus discrètement possible, mes mains bataillant derrière mon dos. Alice se trouvait près de moi, mais Harry avait été emporté dans le second véhicule–nous nous retrouverons à l'arrivée, me répétais-je sans cesse, lénifiant mes angoisses. Je tentais de contracter mes poings une fois de plus, de manière presque compacte, puis repoussa les menottes le long de ma peau, forçant douloureusement les os de mes mains.

— Il n'y a aucun moyen que tu te détaches, a souligné l'un des hommes, en face de moi.

Il semblait plus compatissant que les autres, si cela était possible. Ses traits semblaient plus doux, également, mais je ne m'attarda pas sur cela, me retournant plutôt vers Alice. Elle était endormie sur mon épaule, depuis plusieurs minutes, abattue par la fatigue. Nous roulions depuis des heures, peut-être des jours, sans que la destination ne se présente–je me demandais même s'il y en avait une.

— Où nous emmenez vous ? Ai-je proféré, mon regard déposé sur l'homme le plus menaçant, à plusieurs sièges de moi.

Il gardait mon arc pressé contre sa jambe, me narguait presque par moment de sa possession. Je restais insensible à son idiotie.

— Dans un camp militaire désaffecté, plus loin vers le nord. La vie se développe là-bas, malgré l'apocalypse, a-t-il vaguement répondu, sa voix tintée de fatigue. Maintenant, à moi de poser les questions. Comment t'appelles-tu ?

Ses yeux étaient noirs, son allure générale repoussante ; il semblait dangereux et je devais m'écarter du danger, me protéger, ainsi qu'Alice.

— Riley.

— Et elle, qui est-ce ? A-t-il demandé, envoyant un regard appuyé vers la petite fille à mes côtés.

— Alice.

— Ton âge ? Et le sien ?

— Dix-neuf et onze ans, ai-je dit en me pressant plus fermement vers Alice.

Le besoin de la protéger se manifestait à nouveau, mais je tentais de le contenir, du plus que je le pouvais–ne montre pas tes points faibles, ne les dévoilent pas aussi tôt. Les mains de l'enfant étaient menottées elles-aussi, mais déposées sur ses genoux, lorsque les miennes étaient inconfortablement placées contre mon dos, pressant douloureusement mes os et mon épiderme. Je ne pouvais rien y faire, seulement espérer que le voyage ne durerait pas beaucoup plus longtemps.

Les hommes nous avaient dépouillés de la moindre arme potentielle, nous imposant la docilité. Après cela, observant nos derniers espoirs d'évasion, nous nous étions rendus sans problème, si ce n'est quelques insultes de mon côté. Nous avions étés menottés, puis avions tous marché jusqu'aux moyens de transport dans lesquels nous étions actuellement transportés tel du bétail. Il s'agissait de deux véhicules de combat, assez grand pour accueillir une dizaine de personnes environs, imposants, adaptés à la situation. Harry avait été séparé de nous et, après plusieurs fortes protestations de ma part, il m'avait assuré que nous nous retrouvions là-bas. Nous ne connaissions même pas ce là-bas, me suis-je dit, sur le point de m'endormir, mais pourtant trop remuée pour céder à la fatigue, il ne savait pas si nous nous retrouverons. Je l'avais peut-être perdu, perdu mon seul allié et la seule personne à qui je faisais pleinement confiance... 

Peut-être me retrouvais-je seule à travers tout cela, avec à charge une enfant, sans le savoir. Sur ces pensées, mon visage déposé sur le crâne d'Alice et mes menottes creusant les creux de mon dos péniblement, je m'endormis.


*


Une violente secousse mit fin à ma somnolence, puis de fortes voix précipitées, tout près de mes oreilles. J'ouvris les yeux, mais mon champ de vision fut rapidement bousculé, lorsque deux mains abruptes agrippèrent mes bras, me tirant hors du véhicule. Le second embarquement se trouvait à droite du nôtre, ses hommes se déversaient à la même cadence que nous, puis nous fûmes rassemblés sur une large étendue de béton, ressemblant à une piste d'atterrissage, entourée d'une dense végétation. Alice était collée contre moi et, rapidement, je parvins à reconnaître mon second coéquipier, seulement éloigné de quelques personnes à l'avant.

Zugzwang  |  H.SOù les histoires vivent. Découvrez maintenant