chapitre deux

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Nous étions Vendredi soir et je commençais déjà à préparer le peu d'affaires que j'avais pour partir. Dans un simple sac à dos noir, je pris soin d'y ranger quelques vêtements chauds ainsi qu'une couverture pour que mon corps frêle tienne le coup à l'extérieur, durant cette froide période d'hiver. J'avais pris le temps de prendre une douche avant de m'habiller, et étais retourné dans le salon.

Je ne savais pas comment j'allais faire pour survivre dehors, où est-ce que j'allais aller, que devrais-je faire par la suite ? Je ne savais pas. La seule chose à laquelle j'étais sur c'était que je devais être dans environ une demi-heure à mon boulot. Je pris mon sac à dos, rasa une dernière fois la pièce vide du regard pour finalement tourner les talons. Plus rien ne me retenait. Rien ni personne, comme toujours.



Je descendis quatre à quatre les marches sombres et dures des escaliers, tout en prenant soin de les compter, comme pour passer le temps plus vite. Chose que j'avais pris l'habitude de faire depuis. Le concierge était devant l'entrée de l'immeuble, il m'attendait, une mine triste collée au visage. Je lui tendis les clefs et poussais la porte vitrée, sans ne lui adresser la moindre parole. Je n'avais rien à lui dire, j'avais beau avoir beaucoup de respect pour lui, rien ne pouvait sortir de ma gorge à cet instant. Mais avant que la porte ne se referme j'eus le temps, malgré moi, d'entendre cette dernière phrase à mon égard :

_Prends soin de toi, Yoongi.

Je déambulais dans les ruelles de la ville me dirigeant d'un pas lasse vers le bar dans lequel je travaillais, pensant aux mots de Mr Jung, cet homme rempli de bonté qui sans cesse affichait un merveilleux sourire qui ne méritait que d'en avoir un en retour. Prends soin de toi. À l'entente de cette phrase mon cœur de pierre s'était légèrement resserré. Les paroles du vieil homme m'avais réchauffé les veines. Il m'avait donné envie de me sentir à nouveau bien mais seulement durant ces quelques instants, de bref secondes. Je savais bien le bonheur n'était qu'éphémère, mais je lui était quand même reconnaissant pour m'y avoir fait goûter une seconde fois.

Je continuais ma marche le visage emmitouflé dans une grosse écharpe. Mes mains étaient gelées mais je n'y prêta pas grande attention. J'entrai par l'arrière du bar, déposant mes affaires dans un des casiers attrapant l'un des tabliers au passage et partis en direction de l'entrée principale. Il y avait déjà quelques clients attablés, d'autres se trouvaient accoudés au bar. Je me munis d'un carnet de notes et entama mon service.

Ça devait bien faire cinq heures que je travaillais, j'étais épuisé et affamé si puis-je dire mais ce soir encore mon estomac allait devoir ce passer d'une quelconque nourriture. Je pris mon sac et attrapai à la volée l'enveloppe que m'avait laissée mon patron, celle qui allait me permettre de vivre jusqu'à vendredi prochain.

En sortant du bar un vent glacial me prit de plein fouet. Mes mains tremblaient, mes jambes ne répondaient plus logiquement à mon cerveau et mes yeux menaçaient de se fermer à tout moment. Arrivé dans un croisement de rue, je m'adossai au mur qui se trouvait à mes côtés. Mes yeux se levèrent vers le ciel étoilé. La vue était jolie. Il n'y avait aucun nuage, une nuit parfaite. Je me laissai glisser le long de cette paroi laissant mes yeux toujours rivés vers les étoiles. Mon fessier heurta le béton froid. Peu confortable, mais j'allais devoir m'en contenter durant les heures ou j'allais rester coincé dans la noirceur profonde du crépuscule. Ma vue se brouilla légèrement. Mes yeux s'emplirent de larmes. Jamais je ne pleurais. Était-ce vraiment la fin ?

J'avais tout perdu, et je n'avais pu envie de m'éforcer à vivre pour les seules personnes que j'aimais, et qui m'avaient abandonné. Je n'avais plus la force, même pour eux. J'étais triste, et j'avais mal, juste ici, au coin du cœur. Le genre de douleur qui ne passe jamais, celle qui reste, juste pour nous rappeler que nous ne sommes pas heureux.

J'attrapai mon sac pour en sortir une boîte de pillules. Puis j'en sorti quelques une, avant de finalement vider le flacon dans ma paume de main. Je n'avais pas perdu de temps pour les avaler, toutes. C'était terrible quand même, je suppose que je passerai dans le journal de la ville, un jeune sdf mort d'une overdose. Les gens me plaindront quelques jours, ils ressentirons peut être un peu de peine, et après je serai une nouvelle fois oublié et il n'y aura personne pour se rappeler de moi.

Mais maintenant il fallait juste que je dorme, que je me laisse sagement emporter par le flot de mon sommeil et prier pour ne jamais m'en réveiller.

𝐷𝑒𝑠𝑡𝑟𝑜𝑦 𝑚𝑦 𝑠𝑜𝑢𝑙Où les histoires vivent. Découvrez maintenant