Effleurer

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Nous étions là, assis, l'un en face de l'autre, nous dévorant presque du regard. Mon lit ne m'avait jamais paru être aussi petit qu'à cet instant. Il me fixait. Il m'intimidait. Et moi, j'étais minuscule comparé à son imposante carrure. Ridicule

Rien que dans ses pupilles sombres je pouvais lire un nombre impressionnant de questions auxquelles je n'avais nullement envie de répondre. Mais je devais le faire. Après tout, c'était bien lui qui m'avait sauver de la mort, offert un toit ainsi que de quoi manger. Je lui étais totalement redevable. Et pour une fois, malgré moi, des mots que jamais je n'aurais pensé dire un jour sortirent de ma bouche.

"Que veux tu savoir ?"

En vérité, ma vie n'était pas à cacher mais plutôt à blâmer. Je n'en parlais pas car j'avais honte. J'avais peur que l'on me juge, ou que je sois pris pour un lâche. C'est pourtant bien ce que j'étais, un lâche. J'avais perdu espoir si vite. Certains pourront penser que c'était minable de ma part, mais, pour tout dire, je n'avais pas vraiment eu le choix. Comme si la vie avait décider de me conduire d'elle même en enfer. J'étais si jeune, personne n'aurait pu comprendre. Même moi, aujourd'hui encore je me demande quelles sont les raison qui m'avaient poussé à commettre... l'irréparable ? En réalité non, je le savais très bien. Je me voilais seulement la face, tentant tant bien que mal de faire disparaître toutes traces de ce que l'on à l'habitude d'appeler "l'enfance". Je n'avais pas eu la chance d'en avoir.

Il avait finit par briser ce silence pourtant si paisible.

"Je veux savoir. Tout savoir."

J'avalais difficilement ma salive. Je ne savais pas ou commencer. Il y avait bien trop de chose à dire. Et croyez moi, rien de tout cela n'était gai. 

"Il a probablement trop de choses à raconter. Pose moi des questions sur ce que tu souhaites réellement savoir.

"Et bien... J'aimerais savoir pour quelles raisons tu es... seul, à un si jeune âge ? "

Je serrais une dernière fois fortement mes poings, mes mains se desserraient lentement, elle étaient moites et tremblaient.

C'est avec une forte inspiration que je commençais mon récit lugubre.

"Ma mère est partie, il y a deux ans de ça. Je venais de rentrer de mon travail après les cours, comme à mon habitude. Généralement elle était déjà là mais ce soir là il y avait simplement un mot posé sur la table du salon. Elle avait peu écrit, simplement une ou deux phrases et un au revoir. Je me suis retrouvé seul dans notre petit studio, elle m'avait laissé un peux d'agent avec quelques restes de nourritures. A ce moment là j'avais cru tout perdre. J'étais anéanti. C'est à ce moment que j'ai commencé à vraiment décrocher. J'étais déjà pas très stable psychologiquement alors je te laisse te faire une idée de ce à quoi j'ai pu penser à cet instant. Je n'avais qu'une envie, c'étais partir. Me laisser aller à la mort pour rejoindre mon grand frère. Je stoppais mon récit ravalant difficilement ma vue qui se brouillait. Je ne devais pas pleurer, je devais finir mon histoire. C'est suite à ça que j'ai malheureusement commencé à me mutiler. Au début ça faisait seulement du bien, mais j'y suis vite devenu accro. J'ai fais plusieurs tentatives de suicide sans jamais y parvenir. Peut être qu'au fond de moi j'avais encore espoir... Je suis bête d'avoir cru ça. L'espoir ça n'existe pas. Ou du moins seulement pour les personnes qui le méritent..."

J'avais la gorge noué, mes membres étaient totalement tendu. J'avais dé le début de mon récit baissé la tête. Jamais je n'en avais parlé et je crois qu'en quelques sortes ça faisait un peu de... bien ? Probablement oui.

"Tu te trompe. Tout le monde y a droit."

J'avais, bien que périlleusement, relevé mes yeux larmoyants vers lui, vers son sourire si attendrissant, si protecteur. Et j'avais continuer mon monologue sans attendre ses autres questions auxquelles j'allais de toute évidence répondre.

𝐷𝑒𝑠𝑡𝑟𝑜𝑦 𝑚𝑦 𝑠𝑜𝑢𝑙Où les histoires vivent. Découvrez maintenant