PdV Adriel.
Quand enfin le bruit d'un verrou se fit entendre, et que la louve sortit de la chambre, je pu enfin rentrer à l'intérieur, comme respirant à nouveau. Ambroise et Myriam avaient décidés de nous laisser un peu d'intimité. Pourtant le teint blême de Melody m'enleva vite le petit bonheur que j'avais ressenti en entrant. Je me précipitais à son chevet et attrapais sa main dans les miennes.
-Tu ne te sens pas bien ? Tu...Tu veux que j'appelle à nouveau la louve ? Demandais-je.
Elle retira sa main des miennes, qu'elle posa sur son matelas. Elle avait fait ce geste avec toute la délicatesse du monde, et pourtant il m'avait profondément vexé et blessé. Est-ce qu'elle se rendait compte qu'elle me rejetait en faisant ça ? Probablement pas.
-Ce n'est pas ça, non c'est juste que...Je savais que je n'aurais pas du regarder ma blessure.
-Je t'assure que tu vas guérir vite. Je... J'aimerais tellement prendre ta place...ta douleur et tout le reste, si tu savais...
-Je n'ai pas mal, ce n'est pas ça. Enfin, un peu, mais c'est supportable. C'est le fait de voir ma chair et...Enfin...C...C'est plus profond que ce que j'avais imaginé et puis je...je suis perdue ici. Je ne connais rien ni personne et...Et puis...Non rien. Je...Je crois que je suis juste fatiguée. Déclara-t-elle finalement avant de regarder par la fenêtre et de soupirer.
Je ne savais pourquoi, mais ce dont j'étais sûr, c'était qu'elle ne me disait pas le fond de sa pensée.
-Est-ce que tu auras besoin de quelque chose ? Je vais probablement aller faire quelques courses. Tu veux peut-être quelque chose à grignoter que l'on n'a pas ici ? Demandais-je en me redressant subitement.
-Euh...Je ne sais pas trop...Je...Euh...Quelque chose de sucrée. Des bonbons peut-être ou...
-D'accord. Déclarais-je en la coupant. Elle avait semblée être surprise par ma demande.
J'attrapais mes clefs de voitures posées sur sa table de chevet, et partais sans dire un mot. Dans le couloir, je bousculais un autre loup, qui se tourna vers moi, voyant que je ne m'étais pas excusé, mais en voyant mon regard noir il laissa tomber, et continua sa route. J'étais connu pour avoir de mauvaises périodes, et tout le monde savait parfaitement que dans ses moments là, j'étais incontrôlable et peu fréquentable, aussi habituellement, tous me laissaient tranquille. Aussi à la sortie, mon meilleur ami le vit tout de suite, et renonça à m'approcher, bien qu'à mon avis il ait prévu de venir me parler à la base. Il me fit un petit signe de la main, signifiant que sa porte était toujours ouverte si je voulais parler, même si je ne le faisais jamais. Je sortais du bâtiment, me dirigeais vers l'endroit où était garée ma voiture, avant de démarrer, m'engageant sur la route. J'accélérais, sans dépasser la limite, et automatiquement, la radio s'alluma. Pendant un instant, j'eu l'impression d'être de retour ce fameux jour, où je m'étais rendu à la plage avec Melody. Elle m'avait semblée si insouciante et enfantine à ce moment là...Contrastant totalement avec la Melody d'aujourd'hui. C'était le même morceau sur lequel elle avait dansé, s'était défoulée dans la voiture, levant les bras et lâchant de grands éclats de rires cristallins. Je la vis là, à mes côtés, sentant son parfum qui me montait au cerveau et me faisait tourner la tête. Mon illusion se coupa brutalement quand la radio se mit à grésiller. Je passais dans un coin un peu plus reculé, avant de finalement rejoindre la ville. Sauf que quand la radio se remit à jouer il ne s'agissait plus du même morceau. Melody s'était envolée, emportée par le vent, et avalée par le temps.
Une fois arrivé en ville, je m'arrêtais dans un hypermarché. Je me rendais directement au rayon des confiseries. Balayant le rayon du regard, je m'y engageais finalement. Mon regard se stoppa sur des bonbons colorés de plusieurs couleurs, tel un arc-en-ciel. Il était écrit que l'intérieur était « délicieusement fruité ». Ma première pensée fut pour Melody, dont les lèvres étaient délicieusement fruitées, elles aussi. J'attrapais quelques sachets, que le lâchait dans mon sac. Je me stoppais devant les tonnes de barres chocolatées. Si ici on ne trouvait pas le fruit de ses désirs, je crois bien que l'on ne le trouverait jamais. Du chocolat à la menthe me fit légèrement tressaillir. Je savais bien que la couleur usée sur l'emballage ne serait pas la même que dans le réel produit, mais le contraste entre le brun du chocolat et le vert de la menthe me rappela ma petite brune aux yeux verts. J'attrapais à nouveau quelques tablettes, et les jetais dans le sac.
Le reste des courses continua de la même façon. J'avais pris des barres de céréales en plus, aussi énergisante que nos rencontre, et un bonbon qui pétillait sur la langue, un peu comme l'électricité qui me parcourait à chacun de nos contacts. J'étais...accro ?
Après être passé à la caisse, je me dirigeais vers la voiture, presque accablé par mon addiction. Je me laissais tomber sur mon siège, puis finalement décidais de faire un crochet par la plage. Je me garais sur le côté, et me dirigeais vers un endroit que j'avais découvert par accident, il y avait plusieurs années de cela. Une petite baie cachée du public, que j'avais donc décrété comme m'appartenant, même si ce n'était pas réellement le cas.
Arrivé à destination, je me laissais tomber sur le sable, lâchant le sachet au passage. Et dire que j'avais acheté tout ça en pensant à Melody, alors que si je l'avais proposé, c'était juste pour m'en aller loin d'elle ? J'étais pourtant prêt à partager ma vie entière en sacompagnie. Mais cela devenait impossible, par le simple fait qu'elle était unehumaine, et qu'un jour où l'autre, elle me quitterait pour un monde meilleur,me laissant encore des centaines d'années de vie derrière elle. Je frissonnais rien qu'à cette idée. Le temps. Il s'écoulait sans fin depuis si longtemps, etc'était le principal gouffre qui me séparait d'elle. Elle, mon addiction. Et pas seulement de cette manière. La vieillesse s'était une chose. Le fait que chaque minute passée loin d'elle m'en séparait un peu plus était une autre. J'avais bien sentie la légère tension dans la chambre toute à l'heure ; elle était certes légère, mais totalement inédite. Je pouvais bien lui dire qu'elle ne craignait rien, ça ne changerait rien. Mais après tout, avais-je le droit de la forcer après ça ? Si je le pouvais, je maudirais mille fois Ambroise de l'avoir menée à un tel endroit ! Je savais bien qu'il ne pouvait pas savoir....Et qu'en plus il s'en voulait atrocement, au point d'éviter les regards de Melody. Mais si tout cela n'était pas arrivé... De rage je me levais, attrapais le sachet pour le balancer au sol, et donnais un énorme coup de pied dedans. Il alla se cogner contre un rocher, et j'entendis plusieurs choses se briser. Du chocolat commença à s'en écouler, et je me repris en main. Après avoir méticuleusement enlevé le chocolat trainant sur le rocher, j'allais jeter le sachet à la poubelle, avant de retourner au magasin,et de reprendre exactement les mêmes aliments. La caissière, la même que tout à l'heure me lança un regard surprit en voyant les articles, mais à la vue de ma mine dépitée, elle s'abstint de poser des questions. En retournant à la voiture, j'avais toujours plus de question, mais une certitude. C'était à Melody de choisir. De faire pencher la balance selon ces désirs. Malgré tout, j'avais un espoir. Elle aurait pu déjà partir en courant, mais elle ne l'avait pas fait.Alors avec un peu de chance, j'arriverais à lui prouver que j'étais toujours là pour elle...
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L'Ephémère
FantasyMélody et son jumeau, Ambroise, s'engagent dans une année de "fille au Pair" de l'autre côté de l'océan, aux Etats-Unis, à la campagne. Mélody, fan de dessin, n'hésite pas une seconde à tenter d'immortaliser ce paysage magnifique grâce à son crayon...