Chapitre 14

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Pdv Melody.

J'entendis au loin la porte d'une chambre se fermer, alors que le canapé grinça un instant, signe qu'Ambroise se relevais. Il sortit du salon et vint se poster droit devant moi. Son regard courroucé me surpris, alors qu'on aurait dit qu'il m'envoyait des éclairs de rage.

-Et tu ne m'as pas prévenu ? Commença-t-il simplement.

-Je ne voulais pas que tu te sentes obligé de me suivre...Commençais-je avec hésitation ,tout en jouant avec mes doigts et en baissant les yeux au sol.

Quand je relevais les yeux vers lui, ce ne fut pas de la colère que je croisais, mais de la déception. Je crois bien que je préférais quand il était en colère.

-Alors tu comptais disparaître sans rien dire ? Ou bien me prévenir au dernier moment ?

-Non ! Je t'assure, je voulais juste de laisser le choix !

-Alors pour toi me laisser le choix, c'est m'empêcher de choisir de rentrer avec toi ? Déclara-t-il, avant de me dépasser, et de se diriger vers les escaliers, coupant net la conversation.

Je soupirais avant de porter mon regard vers Myriam, qui avait écouté tout du long, vu qu'elle était juste derrière. Elle s'approcha doucement, et alors que je m'attendais à des représailles également mais au lieu de ça, elle m'enlaça longuement, me frottant le dos amicalement. Finalement, elle se détacha, les yeux brillants.

-Tu ne m'en veux pas ?

-Je ne peux pas t'en vouloir. Je comptais aussi partir. Me dit-elle en essuyant de ses doigts le dessous de ses yeux, retenant quelques larmes.

Mon cœur accéléra légèrement.

-Où est-ce que tu vas ?

-Je vais définitivement vivre en France. Mes parents m'on reniée, mais j'ai toujours mes économies. J'ai un ami qui peut m'héberger. Mais pas tout de suite. D'ici un mois où deux. En attendant j'ai un autre plan.

-Bonne chance alors. On se revoit en France ?

-Avec plaisir. Me dit-elle avant de refaire un dernier câlin.

-Et...Hum, tu pars quand ?

-Ce soir. On vient le chercher en taxi.

-Oh...

Je n'arrivais pas à croire que tout ça était déjà terminé. Qu'on allait se quitter comme ça, sans même avoir passé plus de temps ensembles.

-Merci pour tout ce que tu as fais, et ta gentillesse.

-Non, merci à toi. Répliquais-je ne lui souriant.

Elle me répondit par un sourire éclatant, alors que dehors, deux lumières commençaient à éclairer la route.

-C'est pour moi je crois. Bon...Et bien à bientôt ?

-Bien sûr. Mais...Tu ne préviens pas les autres ?

-Ils sont déjà au courant et je leurs ait dis au revoir plus tôt.

-Alors à bientôt. Préviens-moi quand tu arrives en France.

-Je n'oublierais pas.

On se fixa dans le blanc des yeux, ne sachant pas trop comment agir, puis finalement on se fit une dernière fois un câlin, avant qu'elle n'ouvre la porte, n'emportant avec elle qu'un petit sac, et me laissant son numéro de téléphone. Je sortais sur le perron, faisant des derniers signes d'adieu, jusqu'à ce qu'elle monte en voiture, puis à travers la vitre baissée, nos regards se croisèrent une dernière fois avant probablement un long, très long moment. Quand la voiture et ses lumières disparurent dans la nuit tombant, je me sentis affreusement seule. Je rentrais à nouveau dans la petite maison, et prenais un repas rapide dans la cuisine, avant de remonter dans ma chambre.

Je me laissais tomber sur mon lit. Le vide qui se formait dans mon cœur ne voulait rien dire de bon, j'en étais sûre. Je me penchais légèrement, attrapant mon carnet à dessin, et l'ouvrais sur le dernier que j'avais dessiné. A sa vue, et à cause des souvenirs qui revinrent dans ma mémoire, des larmes me montèrent aux yeux. J'en laissais couler une, puis, finalement, je décidais que suffisament de larmes avaient coulées. Je me relevais, pour enfiler un pyjama. Mes yeux tombèrent sur mon lit vide et mes draps froissés. Finalement, sur un coup de tête, j'attrais mon oreiller, et filais droit vers la chambre d'Ambroise. Quand l'un d'entre nous n'allait pas bien, enfant, l'autre le savait parfaitement. Nous avions souvent dormis l'un à côté de l'autre, se consolant mutuellement. Ambroise était déjà allongé, et de dos à la porte. Et pourtant, je n'eu même pas à prononcer un mot. Il se décala sur le côté, et tapota l'espace vide derrière lui. Je le remerciais silencieusement, et m'allongeais, de sorte qu'on soit dos à dos. Je fermais les yeux, et lâchais un énorme soupir.

-Mon avion est dans trois jours. Murmura-t-il plusieurs minutes plus tard, alors que j'étais au bord de l'endormissement. Je ne répliquais pas, et finalement, sombrait dans les bras de Morphée.

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C'est le cœur lourd que je me levais le lendemain. La pluie tombait fortement, comme si le ciel était aussi attristé que la plupart d'entre-nous. J'attendis longuement dans la cuisine, qu'Adriel pointe le bout de son nez. Plusieurs heures. Ambroise descendis manger avec moi, avant de remonter dans sa chambre, visiblement déprimé par mon départ. Légèrement inquiète, je me dirigeais, après avoir tout ranger, vers la chambre d'Adriel. Je collais mon oreille contre la porte, et n'entendant toujours aucun son, j'ouvrais doucement la porte.

-Adriel ? Tu es malade ? Commençais-je en hésitant.

Ne recevant aucune réponse, j'ouvrais finalement la porte en entier. Rien. Aucune trace de lui. J'inspectais la pièce des yeux, et finissais par tomber sur une lettre, sur laquelle était posé un pétale de rose bleue. Je m'asseyais sur le lit, et m'en saisissait. Le parfum d'Adriel en émanait.

« Je savais que tu viendrais ici Melody...

Je ne sais pas si c'est parce que j'ai trop mal, ou bien parce que je suis mélancolique, mais j'ai décidé de partir tôt ce matin. Je sais, ça peut paraître méchant, mais je ne voulais pas te voir. Toi et tes yeux verts, qui ont tant de fois chambouler mon être tout entier. Même si tout le cela se termine mal, je serais prêt à revivre ce que nous avons vécus des centaines de fois, juste pour ces bons moments : ces moments privilégiés, qui me semblait être de petits morceaux de paradis. Et je suis persuadé que malgré cette triste fin, notre rencontre méritait d'être vécue. Tout comme je sais qu'au fond de toi, tu penses la même chose.

Pour toujours délicieusement vôtre, Adriel-»

Je repliais la lettre, me saisissant délicatement du pétale bleu. Aussi intense que l'avait été notre relation à son apogée, et avec une durée de vie aussi courte. Et là, pour une raison inconnue, je pleurais. Mais je ne me sentais pas mal. Je ne savais pas si c'était des larmes de soulagements, sachant que finalement j'avais compté un minimum pour lui, ou bien parce que je repensais à nos souvenirs, voir car j'aurai aimé pouvoir aller plus loin. Probablement un mix de tout ça. Je restais un moment dans cette chambre. Même une fois que mes larmes eurent fini de s'écouler. Je revenais finalement sur terre, et me rendis compte que je devais me préparer rapidement, pour ne pas louper mon avion.

Ambroise s'était déjà préparé pour m'accompagné, et après avoir embarqué ma valise, je passais dire un dernier adieu au fils de l'Alpha, son père étant absent. Il prêta des clefs de voiture à Ambroise, sachant qu'il ne partait que plusieurs jours plus tard.

Il me déposa rapidement devant la maison où nous étions censés travailler. Je leurs fis à tous deux de brefs adieux, avant de passer à l'étage, vérifiant que je n'avais rien oublié. Je regardais fixement la broche, la rose et le petit mot que m'avait adressé Adriel après notre première rencontre. J'hésitais un instant à les laisser là, puis ne pouvant m'y résigner, je les attrapais tous les trois, la rose bleue en étrange bon état, les mettaient dans mon sac à main, avant de lancer un dernier regard à la pièce. Puis je refermais la porte pour la dernière fois. 

L'EphémèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant