Chapitre Final

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-Qui êtes-vous ?

Cette phrase sonnait en boucle, résonnait et se cognait contre les parois de mon corps sans s'arrêter. Un immense silence s'était abattu dans la pièce, et tous les regards avaient convergés vers moi. Et pour une fois, je m'en fichais. Je gardais mon regard accroché au sien. Vert émeraude contre bleu saphir. « Tu rigoles, pas vrai ? » Devait transmettre mon regard. « Dis moi que tu rigoles, que ce n'était que de la comédie. » Criait mon âme en écho. Et pourtant, je pouvais voir tout le sérieux dans ses yeux. Il m'avait oublié. Totalement. Comme rayée, effacée de sa mémoire. Je savais parfaitement que c'était à cause du choc qu'il avait subit. Il devait avoir perdu ses souvenirs récents, c'était même logique. Mais parfois, la logique faisait atrocement mal. Mes mains sur mes genoux étaient désormais refermées en deux poings, tirant le tissu de mon jean. J'inspirais un grand coup, avant de me lancer.

-Personne. Je passais juste par là, et j'ai vu cette étrange explosion. Déclarais-je en retenant les tremblements de ma voix.

-Ah...Commença-t-il.

-Je dois y aller, je vais manquer mon avion. On y va Ambroise ? Déclarais-je, le coupant, en me levant.

-Mélody...

-Ambroise. On. Y. Va. Dis-je plus fermement.

Il baissa la tête tristement, et se dirigea vers la porte.

-Sur ce, je vous souhaite un bon rétablissement. Terminais-je avant de sortir de la pièce, refermant la porte derrière moi.

Ambroise s'était quelque peu reculé, les bras grands ouverts. Sans hésitation, je m'y réfugiais, laissant mes larmes couler librement.

-Tu es sûre de ton choix ? Me demanda-t-il finalement, après quelques secondes.

-Il m'a oublié, Ambroise.

-Et alors ? Ce serait la bonne occasion de tout recommencer.

-Tu voudrais que je le manipule pour qu'il sorte avec moi ? Hors de question.

-Alors tu pourrais l'aider à retrouver la mémoire. Ce doit-être dû au choc quand il s'est cogné. Tout son poids à peser sur sa tête. Peut-être que ce n'est que provisoire.

-Partons d'ici. Nous n'avons plus rien à faire dans cet endroit.

Ambroise acquiesça tristement, avant de passer son bras autour de mes épaules, me calant contre lui.

-Rentrons à la maison. Murmura-t-il doucement.

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J'étais là, assise sur ce siège dans cet aéroport. Nous attendions l'avion patiemment. Ambroise feuilletait un magasine, tandis que je tripotais du bout doigts la rose bleue que m'avait offerte Adriel. Elle datait, et pourtant, les pétales étaient toujours aussi frais et n'avaient pas fanés. Son parfum aussi, était toujours présent. Qu'est-ce qu'elle représentait ? Tout. Rien. Les deux en même temps.

Une voix annonça le numéro de notre vol, et l'on se leva. Je glissais la rose dans la petite poche de ma veste, située au niveau du cœur. Je fis en sorte qu'elle dépasse légèrement, l'abîmant le moins possible.

-Attendez ! S'écria une voix derrière moi.

Je me retournais, surprise, pour tomber sur Adriel, essoufflé.

-Enfin je vous retrouve ! Ecoutez, je ne sais pas trop ce qu'il se passe mais je suis sûr que vous n'êtes pas personne.

-Tu te souviens de moi ?

-Non...Mais je veux essayer. Vous me dites vaguement quelque chose, je...je suis sûr que je pourrais retrouver la mémoire. Notre médecin nous a dit que ce n'était peut-être que passager.

Son regard se posa sur la rose qui dépassait de la poche.

-C...Cette fleur...

Je décrochais le petit bracelet en argent qui était autour de mon poignet. Dessus y était gravé mon prénom. Puis je m'approchais de lui, et le posais dans sa main, avant de refermer délicatement ses doigts dessus.

-Quand tu t'en rappelleras, ne t'en veux pas, Adriel. Nous sommes tous les deux fautifs dans cette histoire. Déclarais-je.

Puis je reculais, avant de me retourner, et de rejoindre Ambroise en courant. Il n'avait visiblement rien entendu de notre conversation. Ou alors n'avait rien voulu entendre. Sans un regard en arrière, l'on rejoignait notre porte d'embarcation.

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Plusieurs semaines étaient passées depuis mon retour. J'avais été embauchée dans un petit café non loin de là, le temps de savoir ce que je voulais devenir. Ambroise était partit étudier à l'autre bout du pays, dans une très bonne école, afin de devenir vétérinaire. Il s'y épanouissait, pour mon plus grand plaisir. De mon côté, j'avais enfin réussi à établir une routine assez agréable. Le froid de l'automne commençait à faire son apparition et tout le monde commençait à se couvrir.

Ce matin là, après m'être préparée, je descendais les escaliers, pour aller déjeuner avec ma mère dans la cuisine.

-Le soleil est partit ! Se lamenta ma mère.

Je gloussai à sa réplique.

-Il ne l'a jamais été. Mais moi j'aime beaucoup l'automne, alors ça ne me dérange pas.

On se mit à table et l'on commença à manger en silence.

-Quand je suis allée chercher du pain ce matin, j'ai vu que ta rose bleue était toujours en parfait état. Comment fais-tu pour en prendre aussi soin, toi qui casse tout d'habitude ?

-C'est parce que j'y mets tout mon amour.

Est-ce qu'un amour éphémère pouvait être aussi profond qu'un éternel ? J'en avais la preuve que oui. Peut importe le temps que cette histoire avait durée, mais elle resterait gravée dans ma mémoire.


 Fin   

Aaaah, elle aura duré plus longtemps que prévu cette histoire, mais elle n'est pas si mal que ça. C'était mon premier roman où l'amour domine le tout, donc c'est assez bizarre pour moi je dois vous avouer ^^ Mais bon, on s'en fiche. Gros Bisous, et à bientôt peut-être ! 


A. 

L'EphémèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant