Essais • v.jk

Épilogue

« Depuis quand le savais-tu ? »

La voix de Jimin était presque éteinte. Il ne pleurait pas, tout comme moi il avait fini par se faire à l'idée que Taehyung partirait avant nous. Je fixais le trou béant creusé au sol m'efforçant de ne verser aucune larme. Il ne serait pas heureux de nous voir pleurer pour lui, n'est ce pas ?

« Je m'en doutais, quelque part. Il oubliait toujours. »

Quand Taehyung ne se souvenait plus d'événements récents, quand il s'était mis à noter ce que nous faisons, quand il détournait mes questions. Je savais que ça n'allait pas. Je savais qu'il me mentait.

« Mais surtout, lorsqu'il n'arrivait plus à tenir un simple verre sans le faire tomber, soit-disant maladroit.»

Il me cachait cela derrière une pseudo maladresse. Je le connaissais mieux que lui-même et je savais qu'il était loin de l'être autant.

« Pourtant, le moment où j'en ai eu la certitude, c'est pendant les examens. Je voulais lui faire une visite surprise et je l'ai retrouvé là allongé sur le sol. J'ai aussi trouvé ses cachets, alors il avait fini par me l'avouer.»

Mon regard tanguait sur les fleurs qui reposaient par delà le cercueil de bois. Taehyung, Taehyung.... Taehyung. Je me demande ce que nous avions pu faire à ce cruel destin pour mériter une chose pareille. Nous faire nous rencontrer, aimer pour te retirer à moi, non pas une fois, mais deux. Le ciel ce jouait de nous et cette fois, il t'avait emporté à jamais. Je ne pourrais plus jamais sentir ta main chaude dans le creux de la mienne. Je ne connaîtrais plus jamais la sensation de tes lippes rencontrant les miennes. Je ne pourrais plus me sentir en sécurité dans le creux de tes bras.

Cette fois, je suis vraiment seul.

Je m'imaginais parfois ce qu'aurait pu être nos conversations, les sujets que tu pouvais bien m'inventer, les choses que tu pouvais faire dans le seul but de me faire rire.

Je gardais le souvenir de ton fantôme encore près de moi, comme si tu n'étais jamais parti et je m'efforce de refouler ces perles salées qui viennent se loger dans le coin de mes yeux. Je n'étais pas triste, c'était faux.

Menteur.

Je sens alors une main s'emparer de la mienne. Un élan d'espoir m'envahit, mais ce n'est que Jimin. J'ondulais mes doigts tremblant par dessus les siens et sa douce voix s'élevait.


«Tu as le droit de pleurer, Jungkook.»

A ces mots, mes jambes flanchèrent. Je me laissais tomber au sol. Avais-je vraiment le droit ?

«Il serait encore plus triste de te voir te renfermer, que verser quelques larmes. Alors, laisse toi aller.»

Il ne m'en fallait pas plus pour me retrouver à pleurer à chaudes larmes comme un véritable enfant. Il me manquait, il me manquait tellement. Ça ne faisait que quelques jours, pourtant il est parti pour toujours. C'est douloureux, tellement douloureux. J'ai l'impression qu'on cherchait à arracher mon cœur de ma poitrine, j'avais du mal à respirer, ma visions se brouillait. Dans un gémissement d'animal blessé j'en venais à couiner ton nom à te supplier de revenir.

Dévasté est l'unique mot qui me convenait.

Kim Taehyung, personne ne pourra jamais prendre ta place.
Dis-moi, est ce que tu m'attends de là où tu es ?
Est ce que nous nous rencontrerons de nouveau dans une autre vie ?
J'ai peur sans toi.
J'ai si peur.

Je t'aime.

Ne crois pas que je vais tout oublié comme ça;
Parce que, moi, je n'oublierais jamais. Jamais, tu m'entends ?
Peu importe le temps, peu importe l'espace;
Tu es mien, et...
Je suis tien.