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-Howard-

Jeudi 10 février, 6h00

J'ai essayé, mais impossible de fermer l'œil. Ce n'est pas que je suis insomniaque, j'angoisse juste par rapport à notre situation. Où est-ce qu'on va aller ? L'université a-t-elle appelé ma mère ? La police s'est-elle mise à notre recherche ?

Je trouve que c'est un peu poussé le fait de s'éloigner de cette ville à cause d'une bande d'idiots. Il a sûrement dû se passer quelque chose de grave pendant que je faisais ma crise de panique.

Je crois bien que je suis le seul à être encore éveillé. Le visage de Levi repose contre la vitre de la voiture, Nolan a abaissé le dossier de son siège afin d'être plus confortablement installé pour dormir, ce qui pose problème aux genoux de Zac qui malgré ça est profondément endormi.

Je sens la respiration de Keira parcourir la peau de mon cou dans un trajet des plus doux et silencieux. Son corps penche légèrement sur moi, parfois, quelques uns de ses cheveux bruns et soyeux viennent caresser mon visage, bercés par le souffle du vent qui passe par la vitre ouverte de la voiture.

Je la trouve belle comme ça. Quand elle dort. Même éveillée d'ailleurs.

Il y a quand même un point positif dans cette situation : personne ne ronfle, et j'ai récupéré mes lunettes. Levi les a trouvées dans la chambre de Keira quand ils sont partis cherché nos affaires à l'université.

Le silence qui reigne à l'intérieur de cette voiture est reposant, le chant matinal des oiseaux est très apaisant.

Mince... c'est déjà le matin et je n'ai toujours pas dormi.
L'angoisse me tient en éveil. Comment je peux me permettre de dormir alors que j'ai tout laissé derrière moi pour fuir une bande d'abrutis ? Quand ma mère s'en rendra compte, elle paniquera. Qui sait ce qu'elle est capable de faire pour me retrouver.

Je sais qu'elle ne dormira plus, elle avertira la police et partira me chercher d'elle-même. Elle s'en voudra car elle pensera que c'est une mauvaise mère, son esprit la torturera tellement à propos de ma disparition qu'elle passera des nuits entières à pleurer en me laissant des messages vocaux sur mon portable.

Je le sais car c'est déjà arrivé.

Le bras droit de Keira remue doucement contre ma côte, elle se redresse en grognant un peu. Ses grands yeux bruns s'entrouvrent, elle croise mon regard et fronce les sourcils. Mon anxiété a dû la réveiller...

-Tu ne dors pas ?

J'hausse les épaules.

-Je n'y arrive pas...

Elle reste immobile pendant quelques secondes qui me paraissent longues. Pour une fois j'arrive à supporter son regard, d'habitude je suis trop gêné pour le faire. Je suis tellement épuisé que je m'en fiche, gêné ou pas, cette fois-ci je prends le temps d'observer la beauté et la couleur de ses yeux, ses longs cils...

-Pourquoi ?

Pourquoi faudrait-il une explication au fait que je ne parvienne pas à dormir ?

Mais malheureusement il y en a une. Ça me travaille, et je sais qu'elle s'attend à ce que je lui dise. Seulement voilà, je ne veux pas en parler. Je hausse une nouvelle fois les épaules.

Elle tourne la tête et regarde dehors, comme si quelque chose est soudainement apparu, mais il n'y a que de l'herbe et quelques arbres.

-Allons dehors. J'étouffe ici...

J'accepte volontiers, je n'en peux plus d'être prisonnier de cette voiture, il me faut de l'air frais. Nous sortons du véhicule en veillant à ne pas faire trop de bruit pour éviter de réveiller les autres. Elle part s'installer sur un tapis de mousse au pied d'un arbre, je la suis.

I N S I D E | H.S.|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant