Chapitre 12 : Lucy Johnson (Fairbanks, Alaska)

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« I take everything I am feeling, everything that matters to me... I push all of it into my fist, and I fight for it. »

Un frisson me parcourt l'échine quand je comprends où je suis.

Dans un hôpital.

J'ai toujours évité cet endroit. Parce que, vous savez, il y a une odeur qui me déplaît, une sensation qui me contracte. Il y a cette froideur dans l'atmosphère, cette ambiance glaciale dans les couloirs. Et, chaque chambre, chaque chambre a son histoire. Chaque chambre a vu passer des milliers de personnes, toutes promises à la souffrance, ou pire encore, à la mort. Chaque chambre renferme du sang, des hurlements, des pleurs et des pansements. Des cicatrices, des récits frappants. J'ai eu la chance d'échapper à tout ça. Du moins, pour l'instant. Mais je ne peux pas m'empêcher de penser à tous ceux qui ont dû mettre les pieds ici, à tous ceux, qui s'en sont jamais ressortis.

Je ne blâme personne.

Nous sommes nés pour mourir.

Des gens meurent tous les jours.

Je le sais. J'ai simplement du mal à l'accepter, du mal à me retrouver dans un endroit où ça arrive, où des personnes se retrouvent seules du jour au lendemain, où des personnes perdent leur raison de vivre. C'est dur.

Et puis, il y a cette fille. Elle est assise sur son lit, le dos calé contre le mur. Elle a le crâne rasé, le visage pâle, et un regard si clair qu'il en semble presque irréel, pourtant tellement vide. Ses grands yeux sont tournés dans ma direction, mais elle ne dit rien, elle reste muette, me regardant sûre d'elle bien que des centaines d'idées lui embrouillent au même moment la tête. Elle fronce les sourcils, croisant les bras avant de me détailler de haut en bas, me mettant légèrement mal à l'aise.

- T'es vraiment là ou j'hallucine ?

- Je suis vraiment là.

- C'est ce que mon hallucination dirait.

- Je te le jure.

- C'est impossible. T'es apparue comme ça. Je sais que je suis enfermée dans ce trou depuis longtemps, mais, à ce que je sache, la magie ça n'existe pas.

Elle commence à masser ses tempes, fermant les yeux pour se murmurer à elle-même de se réveiller, puis elle les rouvre.

- Oh mon dieu, la démence m'emporte, constate t-elle.

Je m'avance jusqu'à son lit, m'installant en tailleur en face d'elle. Elle hésite un instant, mais finit par me toucher l'épaule du bout des doigts, s'apercevant avec curiosité que je suis vraiment là, que je suis loin d'être une hallucination. Ses yeux s'écarquillent, tandis qu'elle se met à chercher une explication à tout ça dans sa tête.

- Je persiste à croire que tu n'es pas réelle.

Avec l'aide de mes mains, je m'approche encore un peu plus d'elle. Nos genoux se frôlent. Et il lui faut à peine une fraction de seconde pour comprendre où je veux en venir; déjà, sa main droite s'en va parcourir  ma peau, se plaçant au-dessus de l'emplacement de mon cœur qui bat lentement, d'un calme inhabituel. Elle se met à sourire quand elle sent les battements résonner contre sa paume.

- Le mien va bientôt s'arrêter de battre, souffle t-elle d'une petite voix.

Je la regarde instantanément, réalisant seulement quelques instants plus tard la signification de ce qu'elle vient de dire. Elle n'attend pas de réponse particulière, et, ça tombe plutôt bien, car je ne sais pas quoi dire. Tout ce que je parviens à articuler, c'est un "quoi" bordé d'incompréhension, alors que la situation est pourtant très claire.

Limbic Resonance (FR)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant