Confrontation estivale

1ER CHAPITRE - JASON

La dernière fois que Jason Dawson était venu dans cette petite ville du Sud, c'était l'année de son départ pour New York et jamais il n'imagina qu'il se retrouverait un jour ici avec ses anciens voisins, amis d'enfance et de classe, comme au bon vieux temps.

Cette maison de vacances il en avait autant profité que la famille Mackenzie et en avait gardé d'excellents souvenirs. Originairement, Monica avait acquis cette maison à la mort de son époux dans l'espoir de resserrer les liens de sa famille durant cette dure épreuve. C'était une femme forte et admirable qui faisait brillamment face à tout ce qui lui tombait dessus et cette année-là, elle proposa à Jason de les accompagner en espérant que la présence d'une personne externe à leur famille et à leur histoire leur ferait du bien et les aiderais à se reconstruire. Dès lors, ils avaient pris l'habitude de l'emmener avec eux chaque été.

A cette époque Jason était très proche de leur famille et plus particulièrement de Jake, l'aîné des enfants. Du jour où il avait emménagé à côté de chez eux, il s'était tout de suite très bien entendu avec lui et ils ne s'étaient plus jamais quittés. Ils passaient toutes leurs journées ensemble du matin au soir, du soir au matin, des bancs de l'école jusqu'au canapé de la maison et faisait absolument tout tous les deux. Leur ressemblance allait bien au-delà de leur intellect, plus le temps passait plus ils se ressemblaient physiquement à tel point que bon nombre de personne les prenaient pour des frères jumeaux.

Mais Jason ne s'était pas uniquement rapproché de Jake car dans leur duo, il fallait aussi compter sur Charlie, la petite sœur de Jake. Elles les suivaient partout où ils allaient et reproduisaient tout ce qu'ils faisaient, à la perfection en plus de cela. Beaucoup de garçons se serait bien passé de la petite sœur pot de colle mais il était difficile de lui résister et de ne pas l'aimer. Hormis le physique et l'apparence, Charlie était un vrai garçon manqué au fort caractère qui ne se laissait jamais marcher sur les pieds ni même impressionner par son grand frère qui haussait bien souvent le ton sur elle. Ce petit bout de femme était très coriace et téméraire, qualités que Jason lui avait toujours appréciées.

Pourtant ils n'avaient pas tellement gardé le contact après que Jason soit parti faire ses études à New York. Le décalage horaire ne facilitait pas les échanges, ils avaient tous des emplois du temps surchargés et très différents puisqu'ils n'avaient pas choisi de poursuivre les mêmes études. Ils étaient aussi arrivés à un stade de leur vie où il avait fallu faire des choix et se concentrer sur l'avenir professionnel, pour cela ils avaient dû emprunter des chemins différents, pour ensuite mieux se retrouver.

Jason ne pouvait alors qu'être impatient de les revoir surtout dans cette magnifique petite ville qu'était Mainne, un endroit exquis située dans les fins fonds de la forêt près du lac Bélaire mais non moins ensoleillée. Eloignée des grandes villes, le cadre de vie était idéal pour tous ceux qui souhaitaient être coupé du monde et vivre simplement. La simplicité, la sérénité et le calme étaient les trois grands mots qui décrivaient cette ville. Rares étaient les personnes qui y habitaient, on ne comptait qu'une trentaine de maisons dont la plupart étaient des résidences secondaires et, à l'égard des villageois chaleureux et bienveillants, on favorisait le commerce de proximité. Ainsi, hormis la mairie, la ville ne rassemblait qu'un primeur, une épicerie, une boucherie-charcuterie, une boulangerie-pâtisserie, une poissonnerie et un fromager. Bref, uniquement le nécessaire.

La maison des Mackenzie se trouvait au cœur de la ville, à quelques minutes à pieds du centre-ville et du lac, sur lequel elle donnait. La Villa Jaune, comme ils l'avaient appelée en raison de la couleur de sa façade, se dressait fièrement au bout d'une allée sableuse à côté de deux petites maisons issus d'un croisement entre un chalet et un mobil-home. Jason attendait patiemment, appuyé contre le capot de sa voiture, que la maison prenne vie. Il essayait de se rappeler l'intérieur cette petite villa qui semblait avoir connue quelques rénovations. La première chose qui lui tapa dans l'œil quand il arriva dans l'allée fut sa couleur qui n'était non plus jaune, mais rouge. Il se posa la question de savoir s'ils l'appelaient toujours « La Villa Jaune » ou s'ils l'appelaient dorénavant « La Villa Rouge », surnom qui sonnait beaucoup moins printanier ceci-dit. Autre changement extérieur : la terrasse. Au-devant de la maison, ils avaient créé comme une sorte de petite véranda ouverte typiquement américaine et qui ressortait parfaitement bien avec le style de la maison. Jason dû avouer que ce fut un très bon aménagement puisqu'on pouvait désormais d'un côté, profiter du canapé-balançoire au frais et de l'autre, déjeuner dehors en restant à l'abri. D'autant plus, que le terrain qui se trouvait derrière la maison n'était que très peu utilisé. Il alla d'ailleurs y jeter un coup d'œil et comme il s'y attendait, ne trouva que le cabanon de jardin où on y entreposait les outils de bricolage, de jardinage et des vieilleries qui auraient bien plus leur place à la déchetterie qu'ici. Même s'ils passaient le plus clair de leur temps à jouer devant la maison, en forêt ou au lac, le terrain avait toujours été très bien entretenu et encore aujourd'hui, puisqu'il n'y avait pas une seule mauvaise herbe, qu'elle était incroyablement verte et bien tondue.