Confrontation estivale

17EME CHAPITRE - JASON

Il savait qu'elle ne lâcherait pas l'affaire, mais il venait de se taper une journée de travail de 10 heures et là tout de suite la seule chose dont il avait envie c'était de manger et de pioncer. Une engueulade avec Charlie ne faisait pas parti de ce programme mais plus tôt il aurait réglé cette affaire, mieux ce sera pour lui.

- Tu veux venir en discuter chez moi ? lui proposa-t-il avec monotonie

Une fois qu'ils furent entrés dans la maison typiquement londonienne de Jason, il n'attendit pas une seconde pour se ruer vers la cuisine américaine aménagée et commença à préparer son repas, laissant derrière lui Charlie qui s'attardait dans le spacieux salon.

Il fit comme chez lui, enfin comme s'il était seul, se débarrassa de sa veste et déboutonna quelques boutons de sa chemise pour cuisiner avec plus d'aisance, sans se préoccuper de Charlie. Elle arriva dans la cuisine et s'assit autour de l'îlot central pile au moment où Jason plongeait les pâtes dans l'eau bouillante. Quand il se retournerait, ce serait le début de cette fatidique conversation, le problème c'est qu'il ne savait ni par où commencer, ni quoi lui dire et ne savait pas non plus ce qu'elle attendait de lui, mais dès lors qu'il lui fit face et qu'il affronta son regard plein de questions, de fureur et d'attente, il sut trouver les mots :

- Initialement, on avait convenu avec mon patron que la prise en fonction de mon poste serait effective il y a deux ans de ça, au retour des vacances d'été plus précisément. C'était la promotion que j'avais toujours souhaité même si je n'en espérais pas tant, seulement après ce qu'il s'était passé, ce que j'avais fait cet été-là, je ne me voyais pas revenir en France. C'était exclus que je revienne et je n'en n'avais pas non plus envie de toute façon. Je ne voulais pas tomber sur l'un d'entre vous, remuer le couteau dans la plaie, risquer de créer d'autres histoires et recouvrer des souvenirs et des regrets à chaque coin de rues... Mon patron a été compréhensif au début et respectueux de ma décision mais plus le temps passait plus il voyait que je ne faisais pas que repousser l'entrée en poste. Il comprenait très bien que je ne voulais plus de cette promotion, le souci c'est que je devenais moins productif et que ce job avait été créé spécialement pour moi, mon patron ne voyait personne d'autre que moi à ce poste. Donc, à force d'insistance j'ai fini par accepté de venir travailler ici.

- Par dépit ! lâcha-t-elle dégoutée

Elle semblait accablée par les révélations de Jason sans qu'il ne sache réellement pourquoi. Il lui assura qu'il adorait son travail, qu'il avait d'excellents collègues sur qui il pouvait compter tant sur le plan professionnel que personnel, et qu'il avait plutôt intérêt à aimer Lane puisque c'était lui qui avait découvert cette ville et l'avait proposé comme lieu d'implantation.

- Excuse-moi, mais ce que tu sembles vouloir dire c'est que la seule chose qui fasse tâche dans ton tableau de vie idyllique c'est nous : les Mackenzie. J'avais raison samedi soir, tu parlais bien pour toi. C'est TOI qui ne voulais pas me voir ni me parler parce que TU préférais m'oublier et les souvenirs qui vont avec, reformula-t-elle tristement.

Cette manie qu'elle avait de tout réinterprété à sa façon et au détriment des autres ! Cette mauvaise habitude elle ne l'avait pas perdu, en revanche Jason fut très surpris de la voir garder son calme. D'ordinaire, cette réplique elle l'aurait crié en claquant la porte. Elle allait peut-être sortir de ses gonds un peu plus tard dans la conversation ?!

- Ce n'est pas ce que j'ai dit. Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, pas dans le sens où toi tu le perçois, se rattrapa-t-il devant ses yeux chargés d'éclairs. Je ne voulais pas revenir en France par respect pour vous. Si je n'ai rien dit à personne concernant mon retour à Mainne c'est parce que personne n'aurait voulu de moi ici. Personne n'attend de mes nouvelles. Ce n'est pas moi qui veut vous oublier Charlie.