19EME CHAPITRE - JASON

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Une fois qu'il claqua la porte de sa maison, Jason se laissa tomber au sol, la tête entre les mains et pleura. De colère, de tristesse, de joie. Comment est-ce qu'il était censé prendre cette nouvelle au juste ? Il était fou de rage de n'être au courant qu'aujourd'hui, Charlie avait su se justifier mais il n'empêche que plus d'un an s'était écoulé. Elle, elle n'avait rien manqué de Keri, elle avait été là à chaque étape de sa toute nouvelle vie, elle l'avait vu grandir alors que lui ne savait rien d'elle. Il ne l'avait même pas vue. Sa fille. Il était papa. Lui et Charlie avait conçu un bébé, c'était tellement déroutant ! Il avait déjà songé à leur vie de couple et au mariage mais il n'avait jamais été jusqu'au enfants et pour cause, c'était impossible de se projeter sur du long terme avec Charlie. Malgré tout, il n'aurait pas pu espérer mieux et cette expérience il aurait voulu la partager en toute connaissance de cause avec elle. Un flot de larmes reprirent le chemin de ses joues, partagé entre le regret et le bonheur. Alors c'était ça le destin ? Au moment où ils étaient près à tout abandonner et à accepter qu'ils n'étaient apparemment pas faits l'un pour l'autre, on leur mettait un enfant sur la route pour les réunir, pour leur prouver le contraire, pour leur montrer que quoi qu'il fasse, ils seront toujours réunis ?

Jason n'avait jamais manqué un jour de travail et ne s'était jamais accordé une seule journée de repos, mais après l'annonce de la veille et le tempérament dans lequel il se trouvait, il failli à ses principes. Il avait besoin de temps pour se retrouver seul et réfléchir à la suite, parce que maintenant qu'il avait pris connaissance de l'existence de Keri, il ne pouvait plus rien faire sans penser à elle. Il avait cogité toute la nuit en se demandant ce qu'il fallait qu'il fasse, ce qu'il devait faire et ce qu'il voulait faire pour Keri. Toute la nuit, il essaya de se la représenter et de s'imaginer avec elle. Il n'était sûr que d'une chose : il voulait que Keri soit sa fille. Il voulait être son père, il voulait faire partie intégrante de sa vie et vice-versa. Pour le reste il n'était sûr de rien, il n'avait aucune idée de la façon dont les choses devaient se dérouler. Comment est-ce qu'il était censé devenir père en 24 heures ? Et encore, Charlie devait s'en retourner à sa maison de campagne en fin de semaine, ce qui veut dire qu'il n'avait pas beaucoup de temps devant lui pour tout clarifier, se préparer, appréhender le futur et profiter de sa fille.

Il fallait qu'il sorte, il avait besoin de prendre l'air et de parler à Charlie accessoirement. Il s'extirpa de son lit avant de filer sous la douche et de passer des vêtements confortables. Il enfila un bas de survêtement et une veste à zip assorti sans prendre le temps de mettre un tee-shirt mais avant de se rendre à Mainne, il entreprit de faire le tour du quartier.

Ses pieds l'entraînèrent dans un petit parc où les gens avaient l'habitude d'y venir s'y détendre, faire leur sport ou d'y emmener leurs enfants. Leurs enfants. L'idée qu'il vienne un jour ici avec Keri fit sourire Jason. Il entra dans le parc et marcha lentement sur le petit chemin en regardant les enfants gambader sur l'herbe. Une petite fille à la tête blonde, certainement du même âge que sa propre fille, retint son attention. Elle courrait maladroitement après les papillons mais se laissait vite distraire par les autres enfants qui sautaient tout autour d'elle et dévisageait avec intensité les personnes qui jouaient avec des accessoires ou avec leurs chiens. Soudain, elle se mit à courir à toute vitesse et dans un éclat de rire vers sa maman, jusqu'à lui tomber dans les bras. La tendresse et l'élan inattendu de cette petite fille toute gaie, attendri particulièrement Jason qui se mit à sourire bêtement.

Il reprit le sentier de sa promenade et se rapprochait de la maman et sa petite fille sans pouvoir détacher le regard d'elles, jusqu'à être suffisamment proche pour reconnaître l'un des deux visages.

- Charlie ?

Keri se dégageait de son étreinte, attiré par ce qui ressemblait à une feuille juste derrière elle, sans prêter attention à l'inconnu qui venait de les apostropher. Charlie rougit et devança la question que Jason s'apprêtait à lui poser :

Confrontation estivaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant