Confrontation estivale

13EME CHAPITRE - JASON

Quand il s'était glissé dans son lit la veille après qu'elle l'ait embrassé, il avait repensé au moment où elle lui avait raconté sa plus belle journée. Il avait été touché par cette déclaration et par le fait qu'elle se souvienne absolument de tout ce qu'il avait entrepris. Pendant qu'elle racontait son souvenir, il sentit dans sa voix et vit dans ses yeux l'émotion qu'elle avait ressenti cette journée-là, des sentiments qu'elle éprouvait encore alors qu'elle lui retranscrivait cette journée. Et puis elle lui révéla que l'annonce de son départ avait balayer tout le bonheur qu'elle avait pu ressentir, tout le bonheur qu'il lui avait donné, et que désormais cette journée n'était plus qu'un mauvais souvenir. Alors ce soir-là, quand il était prêt à tomber dans les bras de Morphée, il eut l'idée de lui faire revivre la plus belle journée de sa vie en supprimant définitivement la partie noire.

La journée suivante se déroula comme si de rien n'était mais surtout sans une ombre au tableau. Ni Jason ni Charlie ne reparlèrent du baiser, toutefois leur comportement vis-à-vis de l'autre avait changé depuis, ils s'adressaient cordialement la parole avec gentillesse et sourire, ce qui n'avait échappé à personne. Il était clair que les choses allaient mieux entre eux, maintenant qu'ils s'étaient parlé sans langue de bois et que Charlie lui avait partiellement ouvert son cœur car derrière cette brève démonstration affective, ô combien importante et significatif pour lui, il en déduisait qu'elle laissait la porte ouverte à toute histoire possible entre eux et qu'elle mettait de côté sa rancœur. Mais ils n'avaient pas mis de mots sur les gestes, pas encore, et Jason comptait bien sur cette soirée pour, il l'espérait, officialiser leur relation.

Après le dîner, il attendit le moment opportun pour inviter Charlie à le suivre, et il l'entraîna vers la forêt en prenant soin de s'éclipser finement par la porte de derrière, Il jeta un œil derrière lui pour vérifier que personne n'avait relevé leur départ et aperçut deux petites têtes curieuses sur le côté de la maison : Jake et Ben tout sourire, les pouces levés en guise d'encouragement. Jason le leur avait tout raconté la veille, depuis le moment au lac où ils furent tous les deux séparés du reste du groupe jusqu'au baiser sur le pas de la porte. Evidemment, les deux garçons qui comme tout le monde attendaient désespérément la réconciliation et la formation du couple, donnèrent un coup de main à Jason pour la préparation de la soirée qu'il avait spécialement organisé pour Charlie. Il répondit d'un sourire avant de se confondre parmi les arbres.

Une fois qu'ils se trouvèrent à quelques mètres de la cabane en bois, Jason demanda à Charlie de fermer les yeux. Il misait tout sur cette soirée et souhaitait la surprendre jusqu'à la dernière minute. Il la fit doucement avancer jusqu'à l'allée de bougies puis, tout en retenant son souffle, lui fit signe de baisser ses bras et d'ouvrir ses yeux pour découvrir la mise en scène qu'il avait recréée.

L'endroit était décoré exactement tel qu'il l'avait fait la première fois, tout y était comme elle l'avait décrit : les bougies, les pétales et les guirlandes. L'émerveillement de Charlie était visible et Jason savait qu'il avait déjà tout gagner, mais elle n'avait pas encore tout vu. Il l'emmena au pied de l'arbre et ils grimpèrent dans la cabane où là aussi, il y avait réinstallé les bougies, guirlandes et couvertures avec un petit plus : le champagne. A peine fussent-ils installés sur les couvertures et servi en champagne qu'il glissa la cassette de Brandi Carlile dans le poste de radio, trinquèrent et seulement ensuite il sortit de sa poche un bout de papier plié en 6. Charlie se moqua gentiment de la situation, à la fois comblée et gênée par toutes ses attentions. A la fin du poème qu'il avait écrit ce matin-même en essayant de se rapprocher le plus possible de celui qu'il lui avait écrit enfant, il lui glissa au doigt la fameuse bague qu'il avait réussi à lui dérober en toute discrétion.

- Dans l'espoir que tu puisses enfin l'associer au plus beau jour de ta vie. J'espère que plus jamais tu ne la retireras de ton doigt, lui souffla-t-il en embrassant son annulaire droit.