2EME CHAPITRE - CHARLIE

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Depuis quelques années, Charlie avait pris de l'habitude de commencer sa journée par un footing matinal de 1h30. Elle n'était pas du genre lève-tard et elle accordait beaucoup d'importance à ce créneau horaire qui lui permettait de s'évader et de se détendre. Cette routine lui serait d'autant plus indispensable pendant ces vacances car elle allait devoir vivre 24H/24 et 7J/7 avec sa famille bien qu'elle ne s'entendait pas le moins du monde avec sa mère et sa petite sœur. C'était d'ailleurs pour cette raison que sa mère avait tant insisté pour qu'elle vienne, Charlie savait très bien que le but de Monica en regroupant toute la famille ici c'était d'apaiser les tensions et de renouer les liens, sauf que depuis toujours ces trois-là n'avaient jamais réussi à s'attendre et ce n'était pas maintenant que ça allait changer. Monica ne savait pas à quoi s'attendre, les vacances allaient être chaotique ! Enfin bon, ils avaient tous tellement insisté que Charlie avait fini par accepter de venir. Elle ne pouvait surtout rien refuser à son neveu adoré Jamie.

Le bon côté de Mainne, c'est que chaque matin elle allait être réveillée à l'aube par les rayons du soleil qui atteignait facilement les 20°C, le chant des oiseaux et surtout l'odeur du pain tout juste cuit. En toute discrétion, elle pourrait s'éclipser de la maison sans avoir à croiser personne car de si bonne heure, personne n'était jamais levé que ce soit dans La Villa Jaune ou en ville. « L'avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt » et c'était exactement ce qu'elle ressentait en étant la première personne de la journée à fouler cette terre. Ce sentiment de bien-être de se retrouver seule et de profiter égoïstement de tout ce qui l'entourait, la poussa à faire le tour complet du lac pendant plus de 2 heures. Si elle pouvait gratter du temps et passer toutes ses matinées hors de la maison, elle n'allait pas se gêner.

Sur le chemin du retour, elle hésita à rentrer dans la boulangerie-pâtisserie mais en imaginant la réaction de sa famille et surtout de sa mère qui verrait en cela un premier geste de réconciliation, elle se ravisa. Et puis ce n'est pas non plus comme s'ils n'auraient pas le temps de profiter de toutes ces gourmandises alors elle rentra directement.

C'est à petit trot que Charlie déboula dans l'allée de sa maison et de loin, elle aperçue une cabriolée jaune aux allures américaines, datant probablement des années 90, garée juste devant le perron. Aucun membre de sa famille n'avait une telle voiture et à sa connaissance, personne de son entourage non plus. Plus elle se rapprochait de La Villa Jaune, mieux elle voyait les visages enjoués de sa famille sans en comprendre l'origine. De simple vacances familiales ne pouvaient pas justifier une telle excitation, il devait sûrement y avoir autre chose. Et en effet, il y avait autre chose ou plutôt quelqu'un d'autre. Autour de la table, il y avait une personne de plus, un homme, jeune apparemment, vers qui tous les visages joyeux étaient tournés. Ce devait donc être lui le propriétaire de cette décapotable immatriculée aux USA. Une seconde, aux USA ? Elle se stoppa net juste à hauteur de la voiture, avec un mauvais pressentiment. Elle commença à paniquer à l'idée de qui pourrait être cet homme, dont l'allure lui paraissait maintenant familière. L'unique personne qu'ils pouvaient connaître aux Etats-Unis était.... Non ce n'était pas possible !

- Charlie ! l'interpella Monica

Elle aurait voulu faire demi-tour avant qu'on ne la remarque mais c'était trop tard, trop abasourdie elle n'avait pas eu le temps de réagir. Et quand bien même elle aurait voulu prendre ses jambes à son cou, elle avait l'impression de ne plus rien contrôler, ses membres ne voulait plus répondre de rien et hormis la possibilité qu'elle s'effondre au sol d'un instant à l'autre, elle était incapable de bouger.

Sa mère la réveilla de son état passager de paralysie en l'invitant à se rapprocher, ce qu'elle fit malgré elle en ayant bien conscience qu'elle n'allait pas dans la bonne direction. Son cœur tambourinait un peu plus fort dans sa poitrine à chaque pas qu'elle faisait vers lui. Elle ne savait pas où regarder ni vers qui se tourner car elle ne voulait surtout pas avoir la certitude qu'il s'agissait bien de lui. Pourtant, lorsqu'elle arriva sur les trois marches du perron, le premier vers qui elle leva les yeux fut vers lui et là, elle reprit l'entière possession de ses esprits et de ses moyens.

Confrontation estivaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant