Confrontation estivale

12EME CHAPITRE - CHARLIE

Charlie n'avait pas manqué d'apercevoir Jason s'éclipser du camp avant que tout le monde aille se coucher dans leurs tentes respectives. A présente qu'elle était seule, elle partit le rejoindre alors qu'il contemplait l'horizon debout, au bord de la falaise.

Quand il apprit qu'elle travaillait en tant que serveuse dans un bar, Jason avait immédiatement réagi et pour la première fois de la journée, alors qu'il s'était tu tout l'après-midi, là il s'était exprimé. Pas longuement mais suffisamment pour qu'elle remarque ses muscles se contracter et son regard se remplir d'incompréhension. Il s'était retenu de dire à voix haute ce qu'il pensait tout bas et elle était pratiquement sûre d'être la cause de son isolement ce soir-là mais ça, elle n'allait pas le laisser passer.

- T'es sacrément gonflé !

Après quelques minutes de silence, il déclara :

- Je n'ai rien dit.

- Justement, ton silence en dit aussi long que tes paroles. Tu as été odieux avec moi et là tu entends quelques choses qui ne te plaît pas et tu oses me juger ?!

- Je ne te juge pas Charlie, tu es libre de travailler où tu veux.

- Mais ?

Comme il lui tournait toujours le dos, elle vint se placer à sa droite pour apprécier ses réactions et, l'espace d'un instant elle vit comme une ombre passer sur son visage. Il se murait dans le silence et elle ne savait pas si c'était parce qu'il ne voulait pas lui parler ou parce qu'il ne voulait pas lui dire le fond de sa pensée.

- Depuis quand tu te retiens de me dire les choses ?

Il se retourna vers elle avec un petit sourire en coin :

- C'est frustrant hein ? De savoir que la personne en face de toi à des choses à te dire mais qu'elle n'en fait rien. C'est beaucoup moins amusant quand les rôles sont inversés.

- Tu crois que parce que tu ne me parles pas ça va m'empêcher de dormir ?

- En tout cas, et malgré ce que tu peux me dire, ce que je pense de toi ne te laisse pas indifférente, parce que tu ne serais jamais venu me trouver sinon.

- Je ne suis pas venu te voir pour que tu me dises le fond de ta pensée mais pour te dire que tu n'as aucun droit de regard et de jugement sur mon métier.

Il pouffa en secouant la tête, amusé par l'absurdité de sa réponse, comme s'il était impensable qu'être serveuse soit un métier.

- On n'a pas tous le mérite de faire de longues études. Au cas où tu ne l'aurais pas compris je n'ai pas terminé le collège : je n'ai aucun diplôme !

- Donc tu as pris ou « garder » le seul job que tu avais à ta disposition ?

- J'avais besoin d'argent

- Tu aurais pu en trouver n'importe où

- Tu ne m'écoutes pas...

- Et toi tu ne comprends pas !

Il la fixait du regard et comme à bout de force, il poursuivit :

- Il n'y a pas un métier moins valorisant qu'un autre, il ne s'agit pas de ça Charlie ! Tu... C'est comme envoyé un gamin obèse dans une confiserie alors qu'il est au régime !

Elle n'était pas sûre de savoir où il voulait en venir, et même si c'était le cas, elle préférait le laisser parler.

- C'est le seul endroit que tu devrais éviter et pourtant tu y passes toutes tes nuits, entourée de bouteilles d'alcool et de mecs bourrés !