Aujourd'hui
Point virgule
Louise a
Regardé
Anne
Point.
Et Anne a pleuré seule dans les vestiaires après le sport.
Quelle vie malheureuse, pensa-t-elle.
Un peu plus tard, Louise l'a serré dans ses bras et lui a demandé pourquoi elle avait pleuré.
Anne avait failli répondre :
«pour toi.»
Elle ne l'a pas fait.
À la place, elle a répondu :
«tout va bien, ne t'inquiète pas.»
Alors que tout n'allait pas bien du tout, que tout était au fond du trou, et qu'elle s'infligeait les pires horreurs, parce que tout allait mal.
Anne se trouve laide. Pas seulement moche, mais banalement affreuse, parce qu'elle ne s'aime pas.
Un jour, quelqu'un a dit :
«celui qui ne s'aime pas
ne peut aimer l'autre.»Anne y a réfléchi.
Peut-être que ce n'était pas de l'amour qu'elle portait à Louise.
Peut-être que c'était quelque chose qui ressemblait plus à de l'admiration.
Parce que Louise est belle.
Fine mais pourtant pulpeuse.
Fort drôle mais féminine.
Qu'elle s'habille bien.
Et que tout lui va.
Bien, même.
Monde
cruel.Monde.
Démon.
Anne ne sait pas que Louise pense
la même chose qu'elle.
Anne est aveugle
en
relation
humaine.Difformité normale.
Mais où est la NORMALITÉ
Elle n'EXISTE pas.Larmes salées, odeur de souffre, cigarette qui s'embrase, qui souffle, qui fume, qui tombe, qui passe de mains en mains, une expiration.
Et le bruit d'un corps qui rencontre l'eau glacée du fleuve.