21

3 0 0
                                    


Je visai, et je tirai. J'entendis le bruit d'un bris de verre, et l'homme s'affala sur le sol.
Satisfait, je repliai mon arme, et la rangeai dans sa mallette. Je la ramassai et descendis du toit.

Le froid mordant me brûla les joues. L'Alaska... Un pays constamment gelés et recouvert de neige, enfin la moitié de l'année.  Je passai ma main dans mes cheveux, parsemés de givre ; ils étaient beaucoup plus long que l'époque où je servais en Europe. L'Europe...

Je secouai la tête, et m'arrêtai net, persuadé d'avoir entendu un bruit. Je me rendis compte que c'était mon smartphone qui vibrait. Restait à le trouver. Je fouillai mes poches, et le trouvai finalement.

Message de  Darwin

Que me voulait-il celui-là ?

Rejoins-moi à 18h au resto des frères Biggle.

Je plissai les yeux, et rangeai mon portable.

Je regardai ma montre (comme à mon habitude) : elle indiquait 17h12. Je devais me dépêcher si je voulais arriver à l'heure. J'entendis des hommes parler au loin ; sans doute des hommes de mains du mec que je venais de buter. Je décampai alors en vitesse.

J'arrivai à ma voiture, un vieux 4x4 qu'on m'avait refilé à mon arrivée dans le pays, et mis les gaz.

J'empruntai la régional, et filai vers Farx, la plus grande ville du coin, comptant à peine dix milles habitants.

17h59, pile à l'heure. Je garai ma caisse, et rentrai dans le resto. Darwin était assis à sa table habituelle, dans un coin sombre du restaurant. Je me rendai jusqu'à lui, et m'assis.

- Salut gamin, me dit-il.

- Yo, comment va ?

- Tranquillement, la santé a du mal à suivre, mais ça va.

- Que se passe-t-il ? Une nouvelle mission ?

Darwin était mon intermédiaire par rapport aux missions qu'Almmer me donnait, et les rapports.

- D'abord, ton rapport.

- Qu'est-ce qui te dit que j'ai terminé la mission ?

- Tu as terminé.

- Ah vraiment ?

- Oui.

Il arrivait toujours à savoir quand j'avais exécuté ma mission, ou pas.

- Cible éliminée.

- Bien gamin.

- Alors ? Une nouvelle mission ?

- Non gamin.

- Arrête de m'appeler comme ça...

En effet, Darwin est le membre le plus compétent de toute l'organisation, et l'un des plus anciens. Il paraissait la quarantaine, mais en avait soixante et quelques.

- Écoute Thomas, l'information que je vais te donner, tu ne dois pas avoir de réaction excessive...

- Écoute Pa' (oui, je le surnommais ainsi depuis qu'il m'avait pris sous son aile à mon arrivée dans le pays) tu me connais, et je sais pas pourquoi tu flippes comme ça ; je sais garder la tête froide.

Il me regarda d'un air sévère, comme à son habitude, et soupira.

- Tu as grandis gamin.

Oui, après ces quatre ans passés en Alaska, j'ai bien plus grandis qu'en dix-huit ans d'existence.

- Bien, ce que je vais t'apprendre n'a rien à voir avec tes missions, ça concerne la cible d'un dossier, celui que tu m'avais demandé de me renseigner le plus souvent possible.

Je serrai la mâchoire et mes poings. Le passé me poursuivait...

- Son exécution a été demandée, et acceptée.

Je fronçais les sourcils ; son exécution ? Pourquoi ?

- Quand ?

- Thomas !

  - Quand ?!

  - La semaine prochaine. Vendredi. Minuit.

Je me levai brutalement ; une semaine, cela me laissai le temps de prendre l'avion et...

- Thomas Walker !, s'écria Darwin. Tu avais dit que tu garderais la tête froide ! Bon sang ! Tu es si stupide que ça ?

- Ouais. Je me bornais à oublier, mais je ne peux pas. J'ai une dette gravée au fer rouge.

- Es-tu bien sûr que c'est une dette ?

- Ils m'ont fait changer, devenir quelqu'un, et pas simplement une arme.

- Je sais ce que tu ressens, je l'ai moi-même vécu mais...

- Mais tu l'as assassinée toi-même, je ne ferai certainement pas cette erreur.

- Tu vas perdre ta plaque, tu le sais ça ?

- Ouais. Et je serai l'ennemi numéro un. Je connais la chanson Darwin. Merci pour ta formation et tes conseils avisés.

Je le saluai, et partis avant qu'il ne puisse m'en empêcher.

Une semaine... La neige obstruait les aéroports, et ils ne seront pas dégagés avant trois jours. Quatre après être arrivé au pays, cinq en arrivant à la bonne ville. Je serai dans les temps.

Je rentrais chez moi, et pris tous ce dont j'aurai besoin. Tant pis si je devais attendre trois jours avant de pouvoir partie, je devais être prêt.

La chaîne attachée autour de mon cou tomba subitement parterre. Je la ramassai avec délicatesse ; comment avait-elle pu tomber...?

Je secouai la tête ; simple coïncidence. J'attrapai mon sac et sortis.

PoursuivieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant