Inconnu

Chapitre 4

Astrid hurlait dans la nuit. Elle hurlait sa colère, son désespoir, sa douleur. Mais personne ne pouvait l'entendre. Ses rêves biscornus et cauchemardesques lui opprimaient la poitrine et la voix. Elle se réveilla soudainement, asphyxiée par ses émotions, haletant comme un soufflet de forge. Sa tête était lourde et fiévreuse. Les battements de son coeur affolé par l'angoisse se précipitaient, comme le tic-tac d'une horloge.

La porte massive céda, laissant la brise glacée du nord pénétrer dans la Grande Salle où les Hooligans dormaient paisiblement. Astrid se leva, nébuleuse, et le bruit de sa hache trainant au sol brisa l'harmonie des ronflements égaux et continus, donnant ainsi à cette scène un aspect sinistre, digne d'un film d'horreur.

Elle s'aventura dans la pénombre du village engourdi par la nuit, et marcha vers la plage où ils avaient accosté la veille. Ils devaient reprendre la mer au petit matin.

Assise au bord de l'eau, Attila contemplait les dernières étoiles brillantes encore malgré l'aube. Elle se retourna en entendant le sable s'enfoncer sous les pas d'Astrid.

"Bonsoir." Dit-elle avant de relever la tête vers le ciel. Elle fit une place à Astrid, l'invitant à s'assoir à ses côtés. La jeune femme ne dit rien et son corps s'enfonça sans bruit dans le sable toujours chaud de la veille.

"Ces moments de calme se font de plus en plus rares." Souffla Attila. "Surtout depuis que vous êtes ici."

"Plus pour très longtemps." Marmonna Astrid.

"Vous n'avez pas envie de restez ici, crois-moi." Dit Attila, les yeux toujours rivés sur l'immensité céleste.

"Oh que si... Tout est mieux que cet enfer marin." Attila tourna enfin ses yeux bruns vers Astrid.

"Vous vous habituerez à l'océan, pas à ce que vous trouverez sur cette île."

Ses mots tambourinèrent quelques secondes dans sa tête avant qu'elle ne se lève et ne tourne les talons sans un mot de plus, laissant Attila dans sa solitude nocturne.

Soudain, alors qu'elle s'éloignait de quelques mètres, l'esprit d'Astrid fut intercepté par l'effervescence de mouvement derrière elle. Attila se débattait dans la nuit contre deux hommes casqués qui s'emparaient d'elle.

Astrid sans même réfléchir s'élança sur les deux inconnus. Elle assena un coup à l'arrière de la tête d'un d'eux avec le côté plat de sa hache puis dans le même élan vigoureux, renversa le deuxième en percutant ses jambes avec son arme. Le premier homme l'attrapa subitement par derrière, l'étranglant avec son bras. Mais le jeune guerrière heurta les côtes de son assaillant par de violents coups de coudes vers l'arrière, l'obligeant à la lâcher et à tomba à terre, plié de douleur.

Les deux hommes gisaient au sol. Astrid releva la tête et passa sa main dans ses cheveux blonds pleins de sable. Attila régulait son souffle avec une main sur sa poitrine et dévisagea Astrid.

"M-Merci." Bégaya-t-elle.

Astrid lui adressa un signe de tête en regardant autour d'elle. Le jour s'était déjà levé. Cela semblait improbable. Les gémissements des vikings attirèrent les Magyars. Rapidement un troupeau se forma autour d'eux.

"ATTILA!" Hurla désespérément Ivor qui se ruait à travers la foule.

Lorsqu'il aperçu la jeune femme décoiffée par la bataille, il la prit en hâte dans ses bras. Leurs souffles se confondirent et Attila enfouit sa tête dans le cou du vieil homme.

"J'ai cru qu'ils t'avaient eu." Avoua-t-il dans un bruyant soupire.

"A-Astrid... C'est elle qui m'a sauvée."