Chapitre 8

1.6K 76 2
                                    

"C'est vraiment gentil de ta part de te soucier de la santé de Harold." Avoua Attila à Varek en sortant de la maisonnette.

Varek se mit à rire nerveusement alors que la jeune femme s'arrêtait devant un grand potager. Une rustre barrière empêchait les bêtes de piétiner les cultures et des branches plantées à la verticale dans la terre molle soutenaient les faibles plantes qui menaçaient de s'écrouler.

"Tu va pouvoir mettre tes talents à profit!" Dit Attila en lui montrant le potager. " Comme tu peux le voir les cultures sont en sale état ces temps-ci..."

"M-Mais c-comment pourrais-je aider?" Bégaya Varek.

"À toi de voir! C'est toi le botaniste!" Dit Attila accompagnée d'un léger rire.

Varek la regarda avec de grands yeux stupéfaits. "B-Botaniste?!"

"Et bien oui... C'est ce que ton ami m'a dit." Avoua-t-elle, incertaine.

"KRANEDUR??" S'écria Varek encore plus abattu de stupéfaction.

"O-Oui... Quoi tu n'es pas..." Dit-elle avant d'être coupé net.

"Kranedur t'a dit que j'étais botaniste?!" Demanda-t-il d'une voix confuse.

"Oui! Il m'a dit que tu aimerai aider, sinon pourquoi serions-nous ici!" S'exclama Attila en passant une main agacée dans ses cheveux sombres. "Tu n'y connais donc rien?" S'impatienta-t-elle.

"..." Varek releva la tête. "Si"

Attila leva un sourcil interrogateur.

"C'est moi qui m'occupais des cultures sur Beurk!" Finit-il par dire d'une voix claire.

Le visage de la jeune femme s'illumina. Elle lui tendit des outils avant de tourner les talons. "Dans ce cas fait de ton mieux!" Lança-t-elle en s'éloignant d'un pas dansant.

Beurk n'avait jamais possédé de cultures. Les dragons les avaient toujours saccagés, et les petits potagers étaient tombés dans l'oubli car l'élevage était bien moins contraignant. Ainsi était le régime alimentaire sur Beurk. Entièrement composé de protéines avec le poisson, le poulet, et les côtes de yak aux grandes occasions ainsi que les oeufs qui consistaient une légère variante de leur nutrition.

Varek attrapa son livre de botanique. Il tourna fébrilement les pages du maigre carnet en grattant nerveusement la reliure de cuir.


***


Harold était hypnotisé par ces ondoiements harmonieux et par cette tresse blonde qui se balançait au rythme des mouvements d'Astrid, comme ondulent les vagues d'un océan agité ou comme se fracasse la houle sur les récifs. Elle soignait la jambe de Rustik en l'enroulant dans une toile épaisse et Mérida tamponnait son visage amoché par les poings de Harold.

"Mérida..." Marmonna Rustik.

"Mmh?" Fit la jeune femme toujours concentrée à éponger son front gonflé.

"Il faut que j'aille... tu sais... j'ai besoin de..." Murmurait-il presque avant d'être coupé.

"Oh pour l'amour de Thor, épargne-nous les détails Rustik!" S'exclama Astrid en terminant le bandage.

Mérida lui passa un bras sous l'épaule et le souleva péniblement du lit. Rustik grognait férocement de douleur et jurait à chaque pas qu'il faisait. Ils atteignirent la salle d'eau, et les jurons de Rustik s'évaporèrent alors que la porte se fermait derrière eux.

"J'irais bien aussi..."

"N'ose même pas!" Le coupa-t-elle accompagnée d'un signe de main.

À peine fut-elle retournée qu'une cuillère de bois lui frappa l'arrière du crâne. Elle se retourna prestement et porta une main sur sa tête avant de s'écrier d'un air surpris "AOUTCH! HAROLD! C'EST QUOI TON PROBLÈME!?"

"Q-Quoi!? J'ai rien fait je te jure!" S'empressa-t-il de s'expliquer.

Astrid roula ses yeux bleus avant de s'accroupir pour ramasser la cuillère mais un autre objet lui heurta la joue. Le rire sarcastique de Harold résonna dans la pièce.

"HAROLD!" Cria-t-elle en brandissant la cuillère.

"WOWOWO! Du calme!" Cria-t-il en se protégeant de ses mains. "Ça va Krokmou on a fini de jouer."

"K-Krokmou?" Bégaya Astrid en reculant.

Son dos se heurta à une surface froide, alors elle se retourna lentement pour faire face à l'immense masse noire qui se tenait devant elle. Le dragon était dressé sur ses deux pattes arrières, sa longue queue noire se balançait autour d'Astrid qui s'empara du tabouret au chevet de Harold.

"NE T'APPROCHES PAS DÉMON!" Cria-t-elle en brandissant le tabouret qu'elle tenait par les pieds.

"Astrid ça va, calme-toi." Dit Harold en retenant son rire.

"COMMENT PEUX-TU DIRE QUE ÇA VA!" Se mit-elle à hurler inopinément sur Harold qui était à son tour menacé par le tabouret d'Astrid.

"S-Stop Astrid, Krokmou ne va faire du mal à personne!" Dit Harold tentant d'apaiser la blonde furibonde.

"MAIS TU N'AS DONC PAS VU CE QU'ILS ONT FAIT À RUSTIK!? ILS SONT DANGEREUX, IMPRÉVISIBLES, SOURNOIS..."

"FERME LA ASTRID!" Hurla Harold. "Tu es tellement ignorante..." Termina-t-il en murmurant.

Le silence pesait soudainement. Astrid lâcha le tabouret de bois qui se fracassa violemment sur le sol. Ses poings étaient serrés et ses ongles s'enfonçaient dans sa chair. Ses épaules et sa tête tremblaient. La porte de la salle d'eau qui s'ouvrit soudainement, tira Astrid de sa transe. Mérida s'était avancée et avait redressé le tabouret, laissant Rustik en équilibre sur un pied. Krokmou le rattrapa avec sa tête alors qu'il perdait sa stabilité.

"Tu n'aurais jamais dû réapparaître." Lança Astrid d'une voix qui aurait gelé un Cauchemar Monstrueux.

Elle sortit d'un pas lourd. La porte claqua bruyamment derrière elle.

"J'imagine que tout le monde va devoir y passer." Murmura Mérida. "Tu leur dois bien des explications."

Elle pressa le bras de Harold en lui adressant un sourire amical. Il se redressa et lui répondit d'un faible sourire. Il souffrait, et personne ne serait dire s'il s'agissait de son flanc blessé où de son égo. Mais ses yeux abattus reflétaient les abîmes, ses tremblants espoirs et tous ces sentiments sur lesquels il était impossible de mettre des mots. Pauvreté du langage humain.

"Tu ne crois pas si bien dire." Répondit-on d'une voix brumeuse, qui étranglait les mots au passage.

Le regard douloureux de Harold s'évapora, puis il murmura "Stoick..."

InconnuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant