Chapitre 9

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"Fils..." Dit-il lentement en s'avançant d'un pas lourd.

"Comment oses-tu encore m'appeler ainsi!"

"Harold!"

Sa voix devint dure, et cette lueur, l'autorité paternelle qui autrefois ornait ses traits, ressurgit l'espace d'une seconde.

"Tu m'as banni. Tu m'as condamné à l'exil. Tu..."

"Je t'es renié." Le coupa Stoick. "Et aucune excuse n'effacera ce que je t'ai fait subir."

"Heureux qu'on soit sur la même longueur d'onde." Se moqua Harold.

"Je te pensais parti à jamais..." Un sentiment de nostalgie résonna dans le timbre de sa voix. "Mais je crois que je te préférerais mort qu'entouré de ces démons."

Un sourire satisfait se mit à danser sur les lèvres de Harold.

"J'ai eu, pendant ne serait-ce qu'une seconde, la faiblesse de croire que vous pourriez changer. Mais vous les vikings êtes bornés et votre ouverture d'esprit est limité à votre confort et votre opinion. Vous avez tué, séquestré des dragons depuis la nuit des temps, vous ne connaissez rien d'autre... et c'est ce qui causera votre perte. Alors bien évidement je n'attend pas de vous de comprendre, je n'attend d'ailleurs absolument rien de vous, si ce n'est de l'accepter."

Harold se redressa dans son lit et prit une grande respiration.

"Je... Je..." Balbutia Stoick en secouant sa tête de désapprobation.

"Tu quoi? Tu es désolé? Tu comprends?" Demanda Harold.

Stoick continua de secouer sa tête comme pour rejeter toutes sales idées qui pénétraient son esprit.

"Je ne t'es pas élevé comme ça Harold." Dit-il en franchissant le seuil de la porte.

"Tu ne m'as pas élevé du tout tu veux dire. Gueulfor l'a fait!" Lança Harold sans que son père ne se retourne.

"Ça va?" Demanda Attila qui venait de rentrer à Harold à présent enfoncé dans son matelas.

"5 ans que j'attend cette discussion, et tout ce qu'il trouve à dire c'est 'je te préférerais mort qu'entouré de ces démons'" Dit Harold imitant la grosse voix de Stoick. "Et ça fait mal aussi."

"C'est normal, c'est ton père." Rassura Attila.

"Je parlais de mon ventre. Astrid m'a pas raté ." Marmonna-t-il. "Tu croyais quand même pas que que c'est ce vieux barbon qui va gâcher ma journée. Il a déjà gâché ma vie."

Attila leva les yeux au ciel en resserrant le bandage autour du buste de Harold.

"Alors comment ça avance avec Varek?" Demanda-t-il simplement.

"Il ne tiendra pas la journée si tu veux mon avis." Son rire argentin retentit,  entrainant Harold Rustik et Mérida dans son enjouement incontrôlé.


***


Il devait être dix heures, peut-être midi. Le soleil frappait les joues rougies de Stoick et le vent passait à travers sa grosse barbe rousse. Il ruminait. Comment son unique progéniture avait-elle pu si mal tournée? Il s'enfonçait profondément dans ses réflexions lorsqu'on le retint soudainement par le bras.

"Ivor!"

"Attention où tu mets les pieds Stoick." Dit le vieil homme en indiquant du menton le grand trou dans lequel il allait tomber. "D'ailleurs qu'est-ce que ce trou?"

"Ça mon ami, c'est une fausse aux bêtes!" S'exclamèrent Kranedur et Kognedur en s'élevant des profondeurs de la fausse sur le dos d'un prolixe Braguettaure aux couleurs verdâtre.

"KOGNEDUR! KRANEDUR! DESCENDEZ DE LÀ!" Hurla férocement Stoick.

"Voici Pet!" "Et Prout!" Introduisirent-ils leur dragon à deux têtes. "Il est démentiel hein!?"

"IMMÉDIATEMENT!"

"Vous devriez essayer!" Cria Kognedur en dirigent la tête de son dragon vers la droite. "C'est sensationnel!" Cria à son tour Kranedur en prenant la direction opposé.

Inutile de préciser que la minute qui suivit fut tumultueuse. Les jumeaux Thorston s'écrasèrent au sol, ensevelis sous le ventre de leur dragon.

"C'était trop cool!" S'écrièrent-ils en se cognant la tête et en claquant leurs casques.

"Tsss" Stoick se massa le front de sa main droite avant de s'éloigner pensivement.

"Stoick!"

"Je regarderai où je mettrai les pieds Ivor!" Lança Stoick nonchalamment.

"Je voulais te parler de ton fils."

"Tu veux dire de Harold. Il ne me considère même plus comme un père. Il ne l'a jamais fait." Se lamenta-t-il.

"Et pourtant vous êtes les mêmes, buté mais téméraire. Vous ne défendez juste pas les mêmes causes." Continua Ivor en tripotant sa moustache blanche.

"Tu ne me feras pas changé d'avis Ivor!"

"Buté"

"Même en passant par la force!"

"Téméraire"

"Ahhh!" Souffla-t-il à court d'argumentation. "Dis-moi ce que je dois faire Ivor."

"Tu dois juste l'accepter Stoick."

"Mais comment tolérer ces bêtes parmi nous lorsque l'on a passé sa vie à en abattre?!"

Ivor s'avança et posa sa main sur l'avant bras cuirassé de Stoick. Tout chez lui semblait frémir et pourtant il était aussi stoïque qu'il en était humainement possible.

"Au fond Stoick, tu as déjà accepté les dragons, c'est Harold que tu as du mal à accepter. Ce qui tu lui as fait. Tu te sens coupable."

Ses petits yeux bleus semblaient plongés dans son âme. Ils décelaient magiquement toutes émotions. Sa culpabilité amassé toutes ces années, comme un long procès solitaire, un interminable pèlerinage vers le paradis perdu de l'innocence, vers l'absence des remous de l'esprit.

"Il a l'âme d'un dragon, Stoick. Tu ne comprends peut-être pas encore, mais ça viendra."

InconnuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant