7. Il y a un vide dans nos têtes que personne n'ose habiter.

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Le chirurgien tendit sa main droite, et l'infirmière qui tenait la scie circulaire lui passa l'outil, comme si elle savait que ce geste particulier voulait dire silencieusement « donnez-moi la scie circulaire, tout de suite ! ».
Lentement, avec des gestes chirurgicaux très précis, le savant fou incisa le torse du prisonnier, pile au milieu, en démarrant au niveau du haut des abdominaux pour s'arrêter à la naissance des clavicules. La ligne était parfaite, droite, et saignait légèrement.
Le visage du prisonnier se tordit dans une grimace de douleur, mais il ne semblait pas pour autant être au bord de l'agonie.
Pour le moment.
Le chirurgien acheva son travail en faisant deux autres incisions qui partirent des épaules et rejoignirent la première déjà faite. La coupure formait désormais un Y parfait.
- Je ne suis pas médecin, mais je crois qu'ils font une autopsie..., dit Vania en détachant un instant ses yeux de la scène.
- Une autopsie sur un gars vivant, tu veux rire ?, ironisa Ashley.
- T'as jamais vu Pathology ?, lui demanda Maxime.
- Chut ! Regardez !, ordonna alors Vania en plongeant à nouveau son regard sur la scène qui s'offrait à eux.
L'infirmière qui avait donné la scie au pseudo chirurgien lui tendit désormais un scalpel, assez petit, mais qui semblait tout même très tranchant. Le chirurgien s'en empara, et avec, incisa une nouvelle fois les lignes déjà tracées auparavant, mais désormais en y allant avec plus d'acharnement, et surtout, en arrachant la peau du prisonnier en même temps.
La grimace de douleur de ce dernier se transforma alors en une expression horrible qui sembla traduire une douleur encore plus intense. Il hurla, et cette fois, les quatre amis purent l'entendre. Il grimacèrent et se bouchèrent les oreilles pour tenter d'éviter que ces sons immondes ne les atteignent, mais en vain.
Déjà que ce n'était pas évident à regarder...
Le chirurgien avait écorché la peau du prisonnier du haut de sa poitrine jusqu'en dessous du menton. Sa peau était à vif, aussi les quatre amis eurent même le loisir de voir ses muscles et une partie de ses os. Cela ressemblait fort à la carcasse d'une vache dans un abattoir.
Le médecin, autoproclamé sans doute, continua la même chose au niveau du torse et arracha encore plus de peau, laissant de plus en plus de muscles à vif et l'état du prisonnier se détériorer.
Ce dernier semblait prêt à s'évanouir de douleur, mais l'intensité de celle-ci devait être telle qu'elle le maintenait éveillé, de la même manière qu'Estéban était resté en vie alors qu'une gamine lui avait dévoré les entrailles.
La deuxième infirmière, celle qui tenait l'espèce de grosse pince à découper rouillée, intervint alors au près du chirurgien. Elle lui tendit, afin que celui-ci puisse procéder à la suite de son opération.
Avec un geste de la main et un mouvement de tête négatif, il déclina l'offre et, en désignant le patient d'un geste du menton et en plaçant une main au niveau du haut du dos de sa confrère, l'invita à le faire elle-même.
Celle-ci sembla ravie, sautilla même sur place un instant, et se pencha au-dessus du prisonnier en plaçant sa pince au-dessus de ses côtes.
Le chirurgien lui indiqua exactement où se placer : au niveau du plexus solaire. Une fois l'outil bien ajusté, l'infirmière pinça en s'acharnant de toutes ses forces, tant l'os devait être dur à biser.
Il finit par céder, sous l'exclamation de joie de l'infirmière qui sauta partout une nouvelle fois en tapant dans ses mains. Elle retira ensuite la pince et la jeta à terre.
Le prisonnier, lui, n'avait même pas eu la force de hurler tant la douleur avait dû être forte. Ses yeux s'étaient simplement écarquillés et déformés par l'effroi, et des larmes s'en étaient échappées.
Pour la première fois de sa vie, Vania se surprit à souhaiter véritablement la mort de quelqu'un. Pas celle du chirurgien fou ou de ses deux acolytes infirmières tout aussi folles, non ; elle souhaitait plutôt la mort de ce pauvre homme, qui devait, en cet instant précis, éprouver une douleur physique et psychologique que bien peu d'hommes auraient réussi à surmonter.
Et le pauvre n'était pas tiré d'affaire.
Une fois les côtes cassées au niveau du plexus, le chirurgien enfonça ses mains, sans prendre de gants dans les deux sens du terme, au niveau de la fracture, et tira de toutes ses forces sur la cage thoracique du malheureux, de manière à lui écarter les côtes.
Le torturé fut secoué de spasmes, sûrement dus à la souffrance inimaginable qu'il éprouvait, mais resta tout de même bel et bien vivant.
Ça se voyait car ses organes, clairement apparents désormais, étaient encore en mouvements.
Ashley, Maxime et Vania purent observer distinctement le cœur, qui continuait de battre avec des mouvements saccadés, et les poumons qui se soulevaient dans un rythme effréné de respiration paniquée.
Le chirurgien et les deux infirmières se penchèrent alors pour observer l'intérieur du torse du prisonnier, le tout avec une sorte de fascination malsaine.
Ils se reculèrent, et le médecin fou reprit alors son scalpel afin de faire, cette fois, une nouvelle incision au niveau du ventre, qui descendit jusqu'en dessous du nombril. Une fois l'incision faite, il tira à nouveau sur la peau tout en découpant.
Pas d'os ni de muscles n'apparurent, cette fois, les organes internes se dévoilèrent directement : foie, ratte, gros intestin, intestin grêle, et d'autres que Maxime, Vania et Ashley ne parvinrent pas à identifier.
Sous l'effet de la gravité, certains des ces organes glissèrent sur le côté, mais l'autopsié semblait être toujours en vie. Son estomac se contracta même comme s'il allait vomir.
Puis le chirurgien et ses deux partenaires se concentrèrent à nouveau sur l'intérieur du torse du jeune homme. L'une des deux infirmières y plongea sa main et en retira le cœur, encore chaud, qui cessa alors de battre immédiatement. Les yeux du prisonnier s'éclaircirent dans une lueur de joie et de soulagement, avant de s'éteindre et de se fermer à jamais.
L'infirmière qui avait arraché le cœur commença alors à le dévorer. Très vite, sa collègue la rejoignit, et elle mordit à pleines dents de l'autre côté. Le chirurgien, lui, s'était attaqué aux poumons, puis vint le tour de tous les organes se trouvant au niveau du ventre. Rien ne fut gaspillé. Les infirmières, qui avaient alors fini de manger le cœur, s'attaquaient désormais à l'intestin pendant que le docteur s'occupait du foie.
Même le sang, qui flottait à l'intérieur du tronc, fut bu par les trois cannibales comme si l'homme à qui il avait appartenu n'avait été qu'un vulgaire récipient
Au final, l'intérieur du corps du jeune homme fut vidé.
D'en haut, dans leur conduit, la petite bande d'amis pensa – et espéra – que tout était maintenant terminé.
Ils avaient le cœur au bord des lèvres, surtout Vania, et la sensation de peur s'infiltrait de nouveau doucement en elle.
Si jamais ils décidaient de descendre dans cette pièce, et si jamais ils se faisaient attraper... Elle n'aurait pas la force de se faire torturer de la même façon que ce pauvre homme l'avait été, elle n'osait même pas y penser. Elle détourna les yeux quand le chirurgien attrapa à nouveau la scie circulaire et s'attaqua à la boîte crânienne du cadavre.
Il l'ouvrit dans un demi-cercle parfait avant d'en extraire le cerveau, qu'il plaça ensuite sur une balance. Il ne resta qu'un crâne vide, vestige d'un être humain, qui dévoilait les cavités du nez et des yeux, et une petite flaque de sang s'écoula doucement quand la tête du prisonnier retomba sur le côté.
Ashley prit alors la parole :
- Bordel... J'aurais pas aimé être à sa place.
Elle reprit son souffle, comme si la vision de la scène à laquelle elle l'avait assisté lui avait coupé la respiration. Elle jeta ensuite un regard à Maxime. Il avait l'air choqué, mais pas au point de faire une crise d'angoisse ou n'importe quoi du même genre. C'était un gars solide, ou peut-être seulement qu'il refoulait les choses.
Il croisa son regard, et tous les deux portèrent alors leur attention sur Hazel et Vania : elles avaient l'air terriblement apeurées.
Malheureusement, les pauvres filles n'étaient pas au bout de leurs surprises...

[NDA : à l'époque, j'avais dû regarder une vidéo d'autopsie sur Youtube pour tenter de retranscrire au mieux la description de l'action et des organes. Je ne l'ai pas de nouveau regardée, mais l'idée était la même et certaines images me sont revenues en tête pendant ma correction. Du coup, j'espère que vous avez apprécié.
Je me suis également inspirée de la scène de fin du film Pathology, et en y repensant je me suis rendue compte que c'était un film que je mentionnais dans beaucoup de mes écrits (comme Dommages collatéraux ou Les Anges tombent en premier par exemple), du coup je ne peux que m'empresser de vous le conseiller, sauf si vous êtes une âme sensible (mais rassurez-vous, c'est pas non plus trop flippant et trop déguelasse hein)]

L'Hôpital des Âmes [Hospital for Souls] {correction à venir}Où les histoires vivent. Découvrez maintenant