Un silence de mort s'installa entre les quatre amis. Tout était calme, même leurs pensées s'étaient tues.
L'image du visage souriant de Ambre s'imposa à l'esprit de Maxime, et il ressentit alors à la fois de la tristesse, de la colère et du dégoût. Il s'en voulait tellement de ne pas avoir pu la sauver, et il lui en voulait aussi d'avoir choisi cette solution.
Si elle n'était pas entrée dans ce foutu cube en verre, peut-être qu'elle serait là ici, avec eux, aux mettre titre que Hazel, Vania et Ashley.
Ce fut cette dernière qui brisa le silence lorsqu'elle demanda doucement :
- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?
Vania et Hazel semblaient être encore en état de choc. Surtout Hazel.
Elle avait recroquevillé ses genoux contre sa poitrine, et elle se balançait d'avant en arrière en se tenant la tête entre les mains et en répétant une phrase inaudible. Des larmes s'étaient échappées des coins de ses yeux.
- Qu'est-ce qu'elle a ?, demanda Ashley à Max en désignant la brune.
Maxime l'observa un instant, et malheureusement, son verdict fut froid et sans appel :
- Elle craque.
Un nouveau silence s'installa entre eux. Seuls les plaintes incompréhensibles d'Hazel apportaient un semblant de fond sonore à cette scène de désolation.
Maxime jeta un œil à la grille d'aération et brisa le silence à son tour :
- Ça n'a pas l'air très haut... On pourrait peut-être retirer la grille et passer par la salle pour retourner chercher la télécommande. Entre nous, ça m'étonnerait qu'elle soit ici.
- Et comment on fait si on se retrouve nez à nez avec Monsieur le médecin fou et ses deux acolytes ?, ironisa Ashley.
- On attend qu'ils partent, c'est tout. De toute façon il n'y a pas d'autres issues, et j'ai pas franchement envie de rester coincé ici.
- Je préférerai encore restée coincée ici plutôt que mourir., souffla Vania.
- Libre à toi !, lança Ashley.
Maxime les interrompit et leur ordonna de regarder.
Le chirurgien et ses infirmières avaient ôté leurs masques chirurgicaux et leurs blouses. En dessous de ces dernières, ils portaient des vêtements tout à fait normaux, certes un peu passés de mode, mais qui juraient avec la tenue que portaient les malades. Vania pensa que de toute façon, ils étaient tous fous ici, peu importait leurs vêtements ou ce à quoi ils ressemblaient.
Après avoir négligemment balancé leurs tenues de travail, ils laissèrent tout en plan : le cadavre – ou ce qu'il en restait – et les outils médicaux qui avaient servi à son autopsie ne furent pas rangés.
Vania se surprit à se demander si quelqu'un n'allait pas venir nettoyer derrière eux, et pria pour que ce ne soit pas le cas. Ou peut-être une personne normale, mais c'était impossible.
Les trois cannibales sortirent alors de la salle, et Maxime en profita pour essayer de retirer la grille qui bloquait la sortie.
- Attends !, ordonna Ashley en posant une main sur son épaule. J'ai pas envie de prendre le risque que les trois tarés reviennent dans la pièce, on va attendre qu'ils s'éloignent un peu.
Max approuva. Il ne voulait pas non plus risquer de tomber sur eux en sortant de la salle.
Alors il attendit, jusqu'à ce qu'un cri de terreur vienne déchirer le silence.
Tous se retournèrent vers Hazel, instinctivement, après avoir reconnu le son de sa voix.
Le corps de la pauvre brune était assailli par une centaine, voire un millier de blattes.
Ces insectes, à l'apparence si innocente, couraient désormais partout sur son corps, sur et sous ses vêtements, et semblaient vouloir la dévorer.
Hazel gigota dans tous les sens, tentant de s'en débarrasser. Elle se cogna même contre les parois du conduit, mais rien ne vint à bout des cafards.
Alors, elle ouvrit la bouche pour hurler, et l'un d'eux en profita pour entrer à l'intérieur, suivit d'un autre, puis encore un autre, et enfin une multitude de cafards lui grouillèrent dans bouche et dans la gorge.
Hazel pu les sentir se déplacer à l'intérieur de ses entrailles et jouer avec ses organes. Son agonie fut longue et douloureuse.
Prise de panique face à cette scène insoutenable, Vania recula instinctivement et se cogna même la tête au plafond. Elle n'y fit pas attention, et ordonna d'une voix impatiente et terrifiée :
- Maxime grouille-toi de virer cette foutue grille, j'veux pas mourir ici !
Et surtout pas de cette façon là.
Maxime n'avait pas attendu son ordre pour s'exécuter. Il empoigna la grille à pleines mains et tira dessus de toutes ses forces.
- Mais accélère !, répéta Vania en voyant quelques cafards se détacher du corps de Hazel et ramper vers elle.
- Je fais ce que je peux, ça ne cède pas !, expliqua Max en panique.
Lui non plus ne voulait pas mourir, pas ici, pas de cette façon là. L'adrénaline et la peur faisaient battre son cœur à un rythme effréné, presque trop rapide pour lui. Il sentit sa tête tourner un peu et les forces l'abandonner. Les muscles de ses bras lui faisaient mal, et ses veines ressortaient à cause des contractions. Ashley, qui l'observait depuis un moment, constata qu'il était en train de faiblir et qu'il devenait inutile. Elle décida de prendre les choses en main.
- Pousse toi., ordonna-t-elle à Max en l'écartant avec son bras.
Maxime s'éloigna, et Ashley se plaça en position assise juste à côté de la grille. Elle replia sa jambe gauche contre elle-même, comme pour prendre de l'élan, puis donna un grand coup de pied dans les barreaux. La grille céda immédiatement et s'échoua au sol dans un bruit sourd. Ashley pria pour qu'aucune créature ne soit attirée par ce son, et elle s'engouffra dans l'ouverture qu'elle avait créée, suivie par Vania et enfin Maxime.
En passant son corps au travers de l'étroit carré qui faisait office d'ouverture, il pensa que ce malheureux Lenny n'aurait jamais pu se glisser là. Vania, Ashley et lui avaient la chance d'être relativement petits et minces ; avec sa carrure, Lenny serait resté coincé et aurait eu le malheur de se faire dévorer par des blattes affamées. Peut-être était-ce donc mieux pour lui qu'il ait fini écrasé comme une crêpe.
Maxime grimaça. Dans les deux cas, c'était une fin horrible.
Suspendu par les bras aux parois de l'ouverture, il jaugeait le sol afin d'estimer au mieux où et comment atterrir sans se faire mal.
Une blatte venant se balader sur sa main le sortit de sa réflexion, et il lâcha prise soudainement, sous l'effet de la surprise. Ses pieds s'écrasèrent au sol et il trébucha sur son genou droit.
- Putain., jura-t-il sous l'effet de la douleur et du ridicule de sa situation.
Ashley se précipita vers lui pour l'aider à se relever.
- Ça va ?, demanda-t-elle, inquiète.
Maxime hocha la tête.
- Je crois oui.
Il s'accrocha au cou de son amie pour s'aider à se relever et fit un rapide contrôle de ses fonctions corporelles : son genou le lançait un peu, ses jambes étaient lourdes, mais il n'avait rien de cassé. Tout allait bien.
Physiquement, tout allait bien.
Ashley desserra son étreinte et il la remercia d'un regard, juste avant que ses yeux ne se posent sur Vania.
La jeune blonde observait, comme obsédée, le vestige du cadavre qui était resté sur la table d'opération. Elle s'en approcha doucement, lentement, comme si elle avait eu envie de le toucher.
- Vania., souffla Ashley.
Vania suspendit son geste, mais n'arriva pas à détacher ses yeux du corps pour autant.
La lumière diffusée par le plafonnier était froide et rendait l'atmosphère de la pièce pesante. Elle était focalisée sur le mort et rendait l'attraction envers lui encore plus forte, mais à la fois tellement malsaine.
Vania reprit ses esprits en un quart de seconde, et elle s'aperçut alors que la pièce dans laquelle ils étaient ne lui plaisait pas, mais alors pas du tout.
L'intégralité de l'hôpital était peut-être glauque et froide, l'ambiance du film était certes typique à celle des films d'horreur : propice au malaise et à la peur ; mais cette salle là, elle était pire. Peut-être était-ce dû au fait qu'un crime horrible s'y était produit quelques minutes plus tôt.
Un frisson fit trembler l'intégralité du corps de Vania lorsqu'elle se surprit à penser que les infirmières et le chirurgien pouvaient revenir d'un moment à l'autre, ou pire, que le mort pouvait se réveiller et devenir un zombie...
Elle s'éloigna instinctivement de la table d'opération et se rapprocha de Max et Ashley, avant de les supplier du regard et de leur demander :
- On peut partir maintenant ?
Maxime et Ashley se regardèrent et hochèrent la tête en même temps.
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L'Hôpital des Âmes [Hospital for Souls] {correction à venir}
HorreurImaginez : pouvoir vivre un film, une série, ou même un roman. Grâce à un système holographique mis au point par un jeune ingénieur, c'est désormais possible. Le soir d'Halloween, un groupe d'amis décide de s'intégrer dans le dernier film d...