Chapitre 11 : Dates

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L'eau chaude coule sur mes épaules tellement fort que j'ai l'impression que les gouttes sont faites de graviers. L'écho incessant de la voix de mon père se répète en boucle dans ma tête, ne me laissant aucun répit pour réfléchir a la situation. Tout semble foutre le camp dans ma vie, chaque partie se détache comme un puzzle qu'on monterait à l'envers, les pièces maîtresses disparaissants une à une.

Mon téléphone posé sur le rebord de l'évier ne fait que vibrer depuis toute à l'heure menaçant de glisser de l'évier à tout moment. Je le fixe ainsi, me demandant si comme toute les bonnes choses d'aujourd'hui, il va finir par sauter. Une dernière vibration et il tombera par terre. Je ferme les yeux.

Vvvvvv...

Un bruit étouffé résonne maintenant. Je ré-ouvre le yeux et constate que mon nouvel iPhone est tombé dans ma serviette, au pied de l'étagère. Je souris doucement et éteins l'eau. Il y a peut être un espoir à tout ça alors.

Je sors de la salle de bain en serviette, une odeur de bain brûlé terni l'atmosphère. Je m'avance vers mes fenêtre pour aérer puis je reviens m'asseoir sur mon lit pour regarder mes messages.

Du 06 22 33 05 73 : Je ne sais pas, si tu veux. T'as un nouveau portable ?

Je le renomme Edward et m'empresse de répondre.

" Ouep, Louis m'en a offert un en..."

J'efface tout, je vais éviter de parler de lui.

" Ouais, je t'expliquerai. Tu veux qu'on se rejoigne chez toi ?

J'envoie le message et attends la réponse patiemment en fixant l'écran.

1 minute, puis 2.

" Non, on se rejoint dans le café a côté du bureau de tabac."

Il semble tellement froid que ça me brise, je sais qu'il se maîtrise pour ne pas paraître trop gentil. Edward serait même prêt a me pardonner si ce quelque chose en lui que je ne comprends pas arrêtait de me haïr.

"Bien. RDV dans une demi-heure"

___

Les feuilles commencent à tomber sur la route, le spectacle morose des voitures grisonnantes passant dans un bruit de moteur n'arrête pas. Les gens marchent, plutôt relâchés, étant en weekend, se disant sans doute tous à quel point la ville est magnifique en cette période de l'année. Cela fait 30 minutes que j'attends Edward et je suis persuadée qu'il a fait exprès, histoire de me faire la morale.

J'ai bu 2 cafés, alors que je déteste ça, mais je me pousse à croire que c'est ce que les filles boivent lorsqu'elles sont stressées. Je fais tournoyé le sucre dans le reste de la tasse, créant ainsi un mélange collant, ressemblant vaguement à du caramel.

La porte s'ouvre, laissant entrer Edward, vêtu d'un bomber noir, tee-shirt blanc et jean noir. Sobre mais élégant, tout lui. Il me cherche des yeux un instant mais je ne dis rien, l'observant en ne pouvant m'empêcher de me de dire qu'il faut absolument que je recolle les morceaux. Il vient enfin poser ses yeux verts sur moi et je lui souris en lui faisant un signe. Il ne me sourit pas, il s'approche juste de moi et enlève son bomber. Plusieurs filles l'ont déjà remarquées mais je m'en fiche, je n'ai jamais été jalouse, j'ai même toujours été heureuse pour lui.

- Salut, dis-je en me levant pour aller lui faire la bise. Comment tu vas ?

Il recule presque quand je lui touche le bras, réprimant une expression boudeuse et froide.

- Bien. Et toi ?

Il s'assoit en me laissant, le bras et la joue tendue. Bien, j'ai compris.

- Tu veux boire quelque chose ? C'est moi qui te l'offre, dis je en me rasseyant.

AngelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant