Chapitre 14 : Accusations

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- En parlant ainsi d'une vie de plaisir, Platon exprime l'hypothèse selon laquelle il faut différencier plaisir vrai et plaisir faux, pour réellement comprendre. La drogue par exemple, est un moment de plaisir pour celui qui la consomme, mais la vie d'un drogué n'est pour autant pas une vie de bonheur. Quelqu'un a t'il une question sur ce texte ?

Ma tête enfouit dans mes bras, j'écoute d'une oreille ce que notre professeur de philosophie raconte. Le sujet m'intéresse mais je ne semble pas être apte à recevoir une quelconque information. Je sais, j'aurais pu ne pas venir en cours, j'aurais pu ignorer tout ce qu'impliquait cette dernière année pour moi. Mais je ne pouvais m'empêcher d'avoir cette voix dans ma tête, la voix de mon père qui me chuchotait d'avoir mon bac et d'enfin partir de la toxicité du lycée. Toxicité en partie provoquée par mes actes.

Je réprimai des larmes en essayant d'avaler ma salive et cette compression dans la poitrine en inspirant de l'air. Mais je revivais sans cesse la scène de ce matin. Et plus j'entendais Noah parler avec son « elle avait bu », plus je voyais Sophie m'arracher les tripes de ses yeux noirs, plus je voyais Louis tenter de comprendre cette situation.

Toutes mes relations semblaient confuses, comme si chacun avait joué un rôle dans ce qu'il s'était passé. Noah et son sourire faux cul lors de la soirée, le jeux d'alcool qui m'a fait basculer dans une euphorie désinhibée et mes pensées qui ne se tournaient que vers Louis. 


Ce Louis, qui m'avait en premier percuté moralement, par sa beauté et ce charme, puis physiquement lorsque je courais ce jour de pluie à la rentrée. Ce Louis qui m'avait offert un téléphone de valeur sans me connaître, ce Louis qui semblait toujours parfait et inébranlable. Ce Louis que je ne connaissais pas, mais que je semblais connaître, depuis toujours. Étais-ce ridicule de ne rien connaître de quelqu'un mais de commencer à en tomber amoureuse ? 

- Ambre, peux-tu nous lire à voix haute ce que disait Platon au sujet de la vérité ?

Je repris conscience que j'étais en cours, que j'étais assise ici dans une salle de classe, et tout me paru absolument absurde. Du plus gros de mes problèmes, à l'endroit où je me trouvais, jusqu'à la chemise à rayure rouge et blanche de mon prof.

- Oui, acquiesçais-je docilement, tout en réalisant que je devais, moi aussi, chercher la vérité. 

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Après le cours de philosophie sonna la cloche des dix-sept heures. J'étais sortie du lycée en furie, la tristesse se mêlant à une détermination nouvelle. 

Je me mis en direction du parc le plus proche. C'était un petit square qui appartenait à un vieil hôpital psychiatrique réhabilité en maison de retraite. Dis comme ça, on pourrait penser que le lien était glauque et empreint d'une énergie malsaine. 

Mais non, au contraire, les architectes qui avaient travaillé sur le projet avait fait appel à mon père et à son entreprise de rénovation. Ils avaient transformé le côté froid, rangé et stéril de l'environnement hospitalier en quelque chose de fougueux, proche de la nature, lumineux. Les personnes âgées en résidence ici semblaient véritablement apprécier la végétation, qui leur donnait un peu d'air lorsque certain rendaient justement leur dernier souffle dans ces murs. 

Lorsque j'arrivai dans le parc, ouvert au public, je me dirigeai directement vers la balançoire rouge. Une fois assise, je voyais les grandes baies vitrées des passerelles qui permettaient de passer d'un bâtiment à l'autre tout en voyant les arbres. Les murs tantôt jaune pâle et rouge brique des différents battements reflétaient le soleil et baignaient l'atmosphère d'une lumière orange éclatante. Du lierre grimpant se faufilait lentement vers le ciel, comme un assaillant silencieux et immobile. 

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 17, 2019 ⏰

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