Chapitre 12

34 2 4
                                    

J'ouvre les yeux petit à petit, en essayant d'adapter ma vue autant que mon cerveau me le permet. Une fois la mise au point faite, mon regard se porte vers la piscine éclairée, autour d'elle tout semble noir. Les clapotis de l'eau me parviennent, mes jambes sont éclairées par des volutes bleues et blanches qui bougent en fonction du vent sur la surface de la piscine.

Mon bras tient ma tête, en même temps que ma main, pressée contre ma tempe, appuie une poche de glace. Le froid me brûle la peau, et à cela s'additionne le mal de tête cinglant. Comme si mes vaisseaux sanguins faisait battre trop de sang.

Comment en suis je arrivée la déjà ? Ah oui, c'est vrai, j'ai voulu assouvir un besoin aventurier. Enfin j'ai tout de même atteint mon objectif de passer de l'autre côté du mur?

Reste a savoir si je suis dans la bonne maison.

Je tourne la tête, trop vite d'un coup, puis plus doucement après. J'ai l impression d'être un poisson dans un bocal. Seule la baie vitrée est éclairée de l'intérieur, d'une douce lumière violette venant d'un petit projecteur. Des gens semblent danser a l'intérieur, au ralenti. Sur le mur extérieur qui entoure la baie vitrée, les mêmes ondes bleues et blanches vacillent, créant l'illusion que le jardin entier n'est qu'océan. Et que je suis au milieu de tout ça, seule. Une vitre me sépare de tout ce monde et je n'aurais qu'a me lever pour les rejoindre mais une énergie que je n'arriverai pas a nommer m'envahit et me pousse a rester assise ici.

Peu a peu, le son des clapotis de la piscine se densifient, ce ne sont plus des petites vagues, mais des géant d'écumes qui se fracassent contre les roches, dans un bruit sourd et puissant, qui me prend de l'intérieur. Des oiseaux crient au dessus de ma tête, et quand je la lève, ils forment un cercle au dessus de moi. Ils tournent sans s'arrêter, et crient, crient encore.

Les vagues sont de plus en plus proches, je sens mes pieds qui commencent à se mouiller a l'intérieur de mes bottines, de l'eau tiède et salée remplie et baigne mes chevilles, puis mes genoux. Le jardin se remplie d'eau, et moi je reste au milieu de tout ça, le bruit les vagues, les cris, le calme qui fracasse pourtant mes oreilles, l'eau froide pourtant si douce qui touche maintenant mon cou. Je ferme les yeux, inspire. Et plonge.

Plus de chaise, plus de table, plus de jardin, plus de baie vitrée, juste moi, le grand bleu, le bleu partout, le bleu en haut, le bleu en bas, qui m'oppresse,qui m'étouffe qui me berce et me chante le silence.

Je n'ai plus d'air. Mais je respire la vie.

- Ambre, chuchote une voix dans mes oreilles.

J'ouvre les yeux dans tout ce bleu et suis projetée violemment sur la même chaise en plastique blanche. Je respire enfin en une grande inspiration, je tousse pour expulser l'eau de mes poumons mais rien ne sort.

- Merde, ça va ? Je t'ai fait peur ?

Je regarde brusquement vers la source de cette voix masculine. Un mec d'une vingtaine d'année se tient agenouiller devant moi, il tient un verre d'eau à la main. Et ce n'est pas Louis. Je retourne la tête ailleurs pour constater que le jardin est tout à fait normal, comme si rien de tout cela n'était arrivé alors que tout semblait si réel.

- Je suis désolé, dis-je en tournant la tête vers l'inconnu, je ne sais même pas qui tu es mais tu viens t'occuper de moi pendant une soirée, soirée où je ne sais même pas si c'est la bonne ou pas. C'est bien la maison de Louis ?

Il rigole gravement et me tend le verre d'eau.

- Oui c'est chez Louis. Et ne t'excuse pas, c'est de notre faute si on a pas entendu la sonnette à cause de la musique.

J'acquiesce sans véritable volonté.

- Je suis assise ici depuis longtemps ?

- Une bonne demi-heure. Mais la nuit est tombée vite, c'est pour ça que tu es déboussolée. Tu te sens de rentrer ou tu veux rentrer chez toi peut-être ?

AngelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant