Chapitre 1

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Kodaline - All i want

La voix envoûtante de Kodaline résonne dans ma tête. Cette chanson était une des préférées de mon père. Les paroles, la mélodie, les sentiments que ça évoque, tout est parfait à vrai dire.

- Ambre !!

La voix de ma mère résonne malgré la musique qui berce mes tympans. J'enlève mes écouteurs de mes oreilles et me relève en soupirant. Il faut y aller...

Je descends les escaliers en galopant et arrive en bas essoufflée. Je m'appuie sur le comptoir et regarde ma mère arranger la composition de fleurs. Ma mère ne me ressemble pas du tout. Elle est blonde et a les yeux bleus ou vert, selon ses humeurs. C'est une femme épanouie et très belle que j'ai toujours admirée. Mais ce que j'admire le plus chez elle, c'est son sang froid. Elle a perdu mon père, son mari, et a pris du recule.

Elle se retourne vers moi et défroisse d'un coup de main sa robe beige crème.

- Tu es magnifique lui lançais-je accoudée sur le comptoir. Papa aurait.. adoré.

Elle sourit nostalgique.

- Il me l'a offerte le jour de mon anniversaire lorsque nous étions a Paris. C'est une Yves Saint Laurent, dit elle avec un accent de bourgeoise.

Je rigole et me redresse. Elle baisse le regard sur ma robe blanche. Elle penche la tête comme pour mieux me voir.

- Tu es très belle aussi. On dirait un...

Je sens que ça voit se noue et me décide a ne pas traîner pour ne pas plus plomber l'ambiance.

- Bon on y va ? Papa doit nous attendre je sourie .

Elle sourit a son tour et passe devant moi pour empoigner son manteau et ses clés. J'enfile mon coupe vent rouge et sors de la maison.

Le ciel est gris et les arbres frissonnent. C'est a peine s'il ne neigerait pas. Je regarde la route défiler jusqu'au pont. A part le jour de l'enterrement, nous ne sommes jamais retournée sur la tombe de mon père. A vrai dire nous trouvons que retourner a l'endroit où il a été vivant pour la dernière fois est plus logique que d'aller la où il est mort et enterré. La route se fait plus étroite et les arbres se referment sur nous. Ma mère fixe la route en écoutant de vieilles chansons qui passent a la radio. Si papa avait été la, il m'aurait raconté des histoires comme lorsque j avais 5 ans... La voiture freine et sans que je m'en sois aperçue, nous sommes arrivées. J'ouvre la portière et le vent froid vient glacer mon visage. Je sors mes deux jambes d'abord, pour me les dégourdir puis je sors aider ma mère a sortir les fleurs. Nous avançons, le gravier mouillé crissant sous nos pieds, vers le milieu du pont.

- Tu as ton mot ? demande ma mère tout en sortant le sien.

Je souris en guise de oui. Le mot comme nous l'appelons est un papier sur lequel nous écrivons une phrase courte a mon père. Cette fois ci j'ai écris "sois mon ange gardien". Je ne sais pas pourquoi. Les mots ont tachés le papier blanc naturellement.

Je tends mon bras au dessus du vide et jette le papier en même temps que ma mère. Je me baisse pour suivre la descente en tourbillon du bout de papier. Mes sentiments sont confus. Je ne sais pas si je dois pleurer parce que mon père me manque, si je dois crier parce qu'il ne devait pas mourir, ou si je dois sourire pour qu'il soit fier de moi.
Alors je souris.
Le papier se noie et se fait emporter par le courant. Et d'un coup, le ciel s'illumine quelque seconde pour laisser passer un rayon de soleil, un seul. Comme une sorte de halo.
Comme.. Une apparition.
Je me tourne vers ma mère qui regarde le ciel de la même manière que moi. Sauf qu'une larme tombe sur le rebord en pierre.
Je la regarde et lui fait un sourire triste en essuyant sa joue du revers de ma main.
Elle l'attrape au passage et embrasse ma paume.
- Tu vois, ton père était la. Puis il est parti.
Sa voix se brise et je ne peux m'empêcher d'être en colère contre la vie. Contre cette vie en fait. Je ne comprends pas pourquoi elle a fait souffrir ma mère, elle m'a déchirée, elle a tué mon père et ... Elle nous a séparé.

- Allez viens. Demain est un autre jour.

Je ne crois pas mes mots. Je les renie presque. Demain c'est la rentrée, demain c'est les mauvaise note, la pitié, la torture.
Et le pire dans tout ça. C'est que mon père ne fait rien. Rien.

Après manger je m'écroule sur mon lit les bras tendu, la tête vers mon plafond. Je fixe les étoiles fluorescentes que mon père m'avait accroché. Je les regarde comme si chacune d'elle était lui. Puis je ferme les yeux.

Elle dort, si paisible, si belle. On dirait vraiment un ange. Il ne ment pas...

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Premier chapitres court. Le prochain sera plus long. J'espère que ça vous plait.
Je vous embrasse

S.

AngelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant