La bombe

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Désormais, nous ne sommes plus que tous les deux dans la pièce. Un silence règne dans l'auditorium, tandis que dans mon esprit, c'est le vacarme total. Je passe ma main sur mon front pour tenter de structurer mes pensées.

- Tu n'aurais jamais dû me forcer à lui dire.
je marmonne en fixant le sol et mordant mes lèvres pour me retenir de pleurer.

C'était cruel de la part de Dylan de faire ça. Il voulait simplement voir Zak souffrir et puis, que ce soit moi qui le blesse directement. Cependant, en faisant ça, mon professeur venait de tout mettre en péril.

Qui sait ce qui risque de se passer avec notre secret désormais dévoilé au grand jour?

- Tu n'as pas le droit de me faire des reproches. Tout ça, c'est de ta faute, Alana.
Sa réponse est quasi glaciale.

J'en reste bouche bée. J'avale difficilement ma salive tandis que ses yeux dorés me fixent longuement et amèrement.

- Je ne peux même plus te regarder en face.
Il grogne en détournant le regard.

À cet instant, je réalise que je viens de perdre quelque chose de précieux. Un mélange de culpabilité et de regret me ronge. J'ai envie de retourner en arrière pour tout recommencer, mais je sais très bien que je ne peux pas. J'ai vraiment tout fait foirer et c'est irréversible.

Je sens les larmes monter de nouveau, mais cette fois je n'arrive pas à les contenir.

- Dylan, écoute-moi. Ça n'arrivera plus. Je te le promets...
J'essaie de parler à travers mes sanglots.

Mais mon prof me coupe brusquement la parole.
- Comment est-ce que tu veux me faire croire un seul mot qui sort de ta bouche? Putain, tu m'as trahit! Tu m'a mentis!
Il hurle désormais.

Il est furieux. Sa colère est à son point culminant. Pourtant, ce qui me fait le plus peur, c'est seulement l'idée de le perdre pour de bon.

Mon pire cauchemar. Non, ça ne peut pas m'arriver. Pas maitenant.

- Dylan, pardonne-moi.
Je supplie, glissant ma main dans la sienne pour le calmer.

Il résiste un peu, mais il finit par me laisser la lui prendre. Lentement, je m'approche, puis, je ferme les yeux en laissant enfin tomber ma tête sur son torse chaud. J'entends son coeur battre très fort, tandis que, blottie dans ses bras, je m'accroche à lui comme à une bouée de sauvetage. À ma grande surprise, Dylan reste là, tout près de moi.

- Je suis désolé.
Je répète tout doucement au moins mille fois.

Puis, je lève la tête vers lui, caressant sa joue de ma main. Dylan soutient mon regard, avec le doré saissisant de ses yeux. Il ne me lâche pas. Pendant un instant, j'ai l'impression de revivre la première fois où nos regards se sont croisés. C'est si pur que la naissance d'un sentiment d'espoir me ravive l'esprit.

Cependant, Dylan ne tarde pas à me repousser. Je le vois se reculer et frapper violement dans un mur.

Puis, il fourre sa main dans ses cheveux furieusement. Il demeure silencieux un long moment avant de se remettre à parler.

Quand il le fait, c'est pour me demander agressivement :
- Pourquoi lui? Qu'est-ce qu'il a de plus que moi, Alana?

Rien. Il n'a rien de plus que toi! J'ai envie de lui répondre.

Mon professeur a l'aire complètement anéanti, alors j'ai envie de faire cesser toute sa peine. Cependant, je sais que je mentirais en répondant cela. En vérité, la raison pour laquelle j'ai trompé Dylan est claire et nette depuis la nuit que j'ai passé à me torturer l'esprit.

Mon prof s'impatiente. Il répète sa question fermement pour me forcer à répondre.

J'essuie les larmes sur mes joues pour prendre du courage. Puis, je soupire profondément.
- Le soir où Zak et moi nous sommes embrassé dans sa voiture...

Je prends une pause avant de continuer, car je vois déjà Dylan se tendre à mes paroles. Cette image de moi en train de le tromper suffit à lui faire perdre tout ses moyens.

Je reprends.
- Ce soir là, Zak m'a dit qu'il m'aimait... Je sais que c'est mal, mais ça m'a fait du bien de l'entendre. Avec toi Dylan, ce n'est jamais aussi facile! Tu ne me dis jamais ce genre de choses.

C'est la vérité.

Au fond de moi, je ne sais même pas ce que Dylan ressent.

Voire même s'il ressent réellement quelque chose pour moi.

Cette dernière possibilité me fait peur. Une boule douloureuse se forme dans ma gorge et je veux l'ignorer, mais je n'y parviens pas. De plus, le silence de mon prof ne contribue pas à me rassurer.

Je fronce les sourcils en le dévisageant, m'attendant à ce qu'il dise quelque chose, mais rien. Il se tait.

C'est à cet instant précis que ça me frappe.

- Est-ce que tu m'aimes Dylan?
J'ai demandé cela en le regardant droit dans les yeux, sentant la boule de douleur grossir dans ma gorge.

Cette fois, il prend un moment pour répondre. Chaque seconde de son silence est une véritable torture.

Puis, enfin il pousse un soupir.
- Alana, à ce stade-ci tu devrais savoir que je ne tombe pas amoureux.

Oh non.

D'un coup, la boule éclate dans ma gorge. Ma peine atteint son comble.

Les larmes me montent aux yeux, mais je serre les dents pour contenir les émotions qui se bousculent.

J'ai peur que ma voix se brise quand j'ouvre à peine la bouche pour demander :
- Alors tu ne m'aimes pas?

Il me regarde droit dans les yeux avant de répondre :
- Non.

Je m'étrangle et je recule. Une terrible confusion saisit mon esprit déjà troublé. Tous les souvenirs me reviennent en bloc et s'emboîtent les uns dans les autres... Au bal du printemps, quand je lui ai dis que je l'aimais et qu'il a réagit bizarrement... Le nombre de fois où il aurait eu l'occasion de m'avouer ses sentiments et qu'il ne l'a pas fait...

L'horrible vérité est que Dylan O'Brien ne m'aime pas.

Oh mon dieu.

Mon petit coeur se fracasse en deux. J'expérimente instantanément la plus grande peine du monde.

Quand mon regard croise à nouveau le sien, à ma peine, succède une sensation brûlante de colère.

Je secoue la tête, refoulant mes larmes.
- Putain, mais comment tu peux dire ça? Qu'est-ce que ça signifie? Que je ne suis rien d'autre pour toi qu'un jouet, qu'une distraction? Juste une simple gamine que tu utilises pour combler le vide que ta tante a laissé?

Suite à mes paroles déchainées, mon professeur inspire brusquement en fermant les yeux comme pour effacer de sa mémoire ce qu'il vient d'entendre. Pourtant, je ne regrette pas l'usage de mes mots. En ce moment, j'ai envie de le blesser encore plus qu'il me blesse moi. Désormais, je ne regrette même plus ce que j'ai fait avec Zak. Ça, c'était encore pire!

Dylan se tient toujours devant moi calmement et sans lâcher mon regard ce qui rend le tout encore plus difficile. Sous mes yeux, on dirait désormais le portrait d'un parfait étranger.

J'ai tellement mal que les larmes ne coulent même plus.

De ma vie, je n'ai jamais ressentie une telle douleur et je ne sais pas comment la calmer, ni même si c'est possible de le faire.

C'est trop dur. Il faut que je sorte d'ici. Je n'ai plus la force de le regarder en face.

Je me précipite vers la sortie, mais mon professeur m'attrape le bras pour me retenir. Aussitôt, je me dégage brusquement de son emprise et je le gifle. Violemment.

C'est la première fois de ma vie que je fais ça, mais la douleur sur son visage me procure la plus douloureuse des satisfactions.

- Va te faire foutre Dylan O'Brien.
Je crache.

Puis, sur ces mots, je quitte la pièce sans plus jamais me retourner.

Keep learning - Dylan O'Brien [partie 2]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant