L'ange et la jeune fille [Conte]

Chapitre 23 - L'ange et la jeune fille

Tout était simple, les couleurs étaient resplendissantes. Ce bonheur qu'ils vivaient ensemble était à l'image de leur travail comme de leur amour : simple et lumineux.

Jonathan avait enfin compris ; Lucille n'avait jamais eu besoin de lumière. Elle n'avait pas besoin qu'un ange prenne soin d'elle. Elle avait besoin de son Jonathan, pour ce qu'il était, pour ce qu'il deviendrait.

Se délestant de son "devoir" ici sur terre, Jonathan, enfin entier, s'habilla d'un "vouloir" ici et maintenant. Depuis toujours il avait su donner, il put alors recevoir et il voulait rendre.

Le temps, lui, suivit son fil en emportant les jours, les mois et les années. Il passait sans jamais tarir l'amour qui avait embrassé Lucille et Jonathan, qui devenait plus fort à chaque instant.

Le voyage se passa ainsi, léger et heureux. La mer fut parfois houleuse, mais leur navire sut affronter les tempêtes, loin du monde, proche de tout. Jusqu'au jour terrible où la jeune femme à la peau claire s'écroula dans les bras de Jonathan, frappée par la maladie.

On ne comprit rien, on ne put rien faire ; ce fut soudain, injuste, inimaginable, et pourtant... il en fut ainsi. C'était un évènement parmi tant d'autres évènements de l'existence.

La maladie, c'est très sérieux et parfois très triste. Elle fait se replier les ailes, durcit les traits du visage, le fige dans une grimace et parfois impose son ombre sur le cœur. Le corps devient brulant, les muscles s'endolorissent, le souffle manque.

L'âme a mal.

Mais tout dépend de la façon de voir les choses et d'administrer le remède. Jonathan avait sa méthode.

Il veillait sur le sommeil de Lucille, lui tenant tendrement la main, restant toujours à ses côtés. Il était là quand il le fallait, au bon moment. Il lui racontait des histoires qui l'emmenaient au sourire, qui maintenaient ses deux ailes dépliées.

La douceur était la méthode. La couleur était le remède.